Dans une vibrante pièce de théâtre, le Martiniquais Edouard Tinaugus met en scène deux grandes figures de l’histoire, Louis Delgrès et Colbert, dans un procès retentissant du « Code noir » français qui régissait la vie des esclaves.
Auteur l’an dernier d’un ouvrage sur « la sagesse du yoleur », Edouard Tinaugus revient dans un tout autre registre avec son nouveau livre, « Le procès du Code noir des esclaves » (éditions Edilivre). Il s’agit d’une pièce de théâtre ayant pour principaux protagonistes Jean-Baptiste Colbert (1619 – 1683), l’un des ministres les plus écoutés de Louis XIV, qui élabora le Code noir à la demande du roi ; et le colonel martiniquais Louis Delgrès (1766 – 1802), qui résista aux troupes napoléoniennes venues rétablir l’esclavage aux Antilles et qui préféra se suicider avec ses hommes en Guadeloupe plutôt que de se rendre.
« Dans un deuxième temps, beaucoup de gens pensent que le Code noir ne fait partie que de l’histoire de la traite négrière, ce qui n’est pas faux. Mais pour moi, faire le procès du Code noir, c’est aussi faire le procès de tous les codes de cette société qui nous rendent esclaves. Et pour finir, nous devons rester attentifs à l’utilisation des termes qui font référence à l’esclavage et au racisme en l’honneur de la mémoire de la déportation des Africains pour travail forcé », poursuit l’auteur.
« Les choses de ce monde ne sont jamais aussi simples qu’on ne le pense. Le théâtre est un divertissement qui a pour objectif de changer les idées du spectateur. C’est aussi un moyen d’éducation morale. "Le procès du Code noir" est un éveil de la conscience. Cette pièce de théâtre doit faire réfléchir. Ce n’est ni une comédie, ni une tragédie, je la qualifierais de "purgatoire" dans le sens où le spectateur va se purifier de cette abomination qu'a été l’esclavage. Je fais le procès du Code noir des esclaves comme je fais le procès de tout ce qui nous rend esclave ici-bas », conclut l’auteur.
"Miroir social"
« Le théâtre joue le rôle de miroir social, ce qui permet de mieux comprendre et mieux dénoncer les failles de notre société », explique Edouard Tinaugus, joint par La1ere.fr. « En réalité l’esclavage a été aboli avec la disparition du Code noir. Mais pour autant les cicatrices de l’esclavage ne se sont pas refermées, et pour cause les préjugés sur les Noirs ont la peau dure. On a enlevé les chaînes à leurs pieds et ils les ont mis dans leurs têtes. "Le procès du Code noir des esclaves" a pour but de solder ces comptes avec l’histoire, de crever l’abcès du code noir dans un but thérapeutique, dans un premier temps. »« Dans un deuxième temps, beaucoup de gens pensent que le Code noir ne fait partie que de l’histoire de la traite négrière, ce qui n’est pas faux. Mais pour moi, faire le procès du Code noir, c’est aussi faire le procès de tous les codes de cette société qui nous rendent esclaves. Et pour finir, nous devons rester attentifs à l’utilisation des termes qui font référence à l’esclavage et au racisme en l’honneur de la mémoire de la déportation des Africains pour travail forcé », poursuit l’auteur.
Inversion des genres
La pièce est basée sur la confrontation, en plaidoiries, de Delgrès et Colbert, dans une surprenante inversion des genres, le premier défendant le Code noir et l’esclavage alors que le second se fait l’apôtre de la liberté. « Le poids de l’histoire nous fait dire que chacun a joué son rôle selon ses convictions, alors nous ne pouvons pas nous permettre de décider ce que l’histoire doit retenir ou pas », affirme Edouard Tinaugus (photo à gauche). « Quel plus bel exemple que de faire s’affronter Colbert et Delgrès dans leurs rôles inversés. C’est l’histoire qui est bousculée dans l’esprit des spectateurs ».« Les choses de ce monde ne sont jamais aussi simples qu’on ne le pense. Le théâtre est un divertissement qui a pour objectif de changer les idées du spectateur. C’est aussi un moyen d’éducation morale. "Le procès du Code noir" est un éveil de la conscience. Cette pièce de théâtre doit faire réfléchir. Ce n’est ni une comédie, ni une tragédie, je la qualifierais de "purgatoire" dans le sens où le spectateur va se purifier de cette abomination qu'a été l’esclavage. Je fais le procès du Code noir des esclaves comme je fais le procès de tout ce qui nous rend esclave ici-bas », conclut l’auteur.
Edouard Tinaugus, « Le procès du Code noir des esclaves » - éditions Edilivre, septembre 2015, 100 pages, 12,50 euros.
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