Attentats : des militaires ultramarins patrouillent au cœur de Paris

Avec l'instauration de l'Etat d'urgence, de nombreux militaires ultramarins patrouillent dans les rues de Paris pour assurer la sécurité.
Après les attentats et l'instauration de l'état d'urgence, mardi 17 novembre, 1 500 soldats supplémentaires, dont de nombreux ultramarins, ont été déployés à Paris et en Île-de-France. Reportage.
Il est 15 heures lorsqu’une patrouille de militaires entame sa ronde dans les couloirs du métro parisien au cœur des Halles, à la station Châtelet. L'une des plus fréquentée du métro de la capitale. Le sergent Pascal est encadré de deux soldats de première classe : Benaïssa et le Réunionnais Jérémy. Les trois hommes ont débarqué à Paris après les attentats du 13 novembre. Jusqu’à cette date, ils étaient basés à Tarbes dans leur régiment : le 1er RHP (Régiment de Hussards Parachutistes)

Selon eux, cette nouvelle mission qui ressemble à une OPEX, une Opération Extérieure, comme les opérations Serval au Mali ou encore Sangaris en République Centrafricaine en 2013, pays dans lesquels le 1er RHP a été envoyé en 2013 pour combattre déjà les djihadistes de daesh.

Regardez ci-dessous le reportage France Ô d'Henri Hélie et Mourad Bouretima :
De nombreux soldats des Outre-mer participent aux patrouilles militaires qui sont plus nombreuses après les attentats du 13 novembre dans la capitale. Reportage.

Rassurer et protéger les Parisiens

Jérémy, 21 ans, est originaire de St-Louis à La Réunion. A 9 500 kilomètres de lui, sa famille n’est pas rassurée depuis les attentats de Paris. Avant qu’il ne quitte Tarbes, sa mère lui a parlé avec quelques mots simples. "Elle m'a dit de faire super attention, et qu'elle était fière de moi". Peu bavard, Jérémy reste déterminé à honorer la devise de son régiment : "Si tu as tout perdu, souviens-toi qu'il reste l'honneur". D'un pas assuré, le regard fixé sur la foule, Jérémy repart, sûr de sa mission : rassurer et protéger les Parisiens.

Jérémy est originaire de Saint-Louis à La Réunion.


Des soldats basés en Province

16h15 : autre patrouille. Autre lieu. A l'extérieur des Halles, un P4, un véhicule militaire et deux autres voitures du plan Vigipirate stationnent. A bord, neuf hommes par groupe de trois. Parmi eux, le Caporal-Chef Wasia de Nouvelle-Calédonie, le Caporal Ludji, Guadeloupéen et le Bigor Manu-Tea, venu de Tahiti. Bigor, c'est le nom des soldats qui servent dans les régiments d'artillerie de la marine française. Leur régiment est installé dans le camp de Canjuers près de Draguignan, dans le Var. C'est l'un des plus vieux régiments Français créé en 1803.

La peur des familles au pays

Tous ces soldats sont aussi arrivés en Île-de-France huit jours après les attentats au stade de France, aux terrasses des restaurants des 10ème et 11ème arrondissements, et au Bataclan. A l'image du Caporal-Chef Kanak Wasia, qui vient des Îles Loyauté, plus exactement de Lifou, être à Paris aujourd'hui, c'est, nous confie-t-il, déjà un honneur. "En tant que militaire, je suis très fier d'être ici. C'est un honneur de servir la France quand on vient du Pacifique".

"Avant de quitter la Nouvelle-Calédonie, il y a 10 ans de cela, j'avais dit à ma mère que je m'engageais dans l'armée pour servir la France. La famille est toujours un peu émue de voir partir ses enfants mais c'est un choix. Un métier."

Le caporal-chef Wasia (à gauche), le bigor Manu-Tea (au centre) et le caporal Ludji (à droite).


"A dispositif d'urgence, réponse d'urgence"

Il y a quelques années, Wasia et son régiment étaient en opération en Afghanistan au plus fort de la guerre contre les talibans. Cela fait onze ans qu'il est au service de la France. Wasia est devenu un soldat plus qu'aguerri.

Depuis l’instauration de l’Etat d’urgence en France, Jérémy, le Réunionnais, Wasia, le Kanak de Lifou, et de nombreux ultramarins font partie des 1 500 militaires supplémentaires déployés en Île-de-France. Ils viennent en renfort des 1 000 soldats appelés au lendemain des attentats de Paris. Des soldats, auxquels il faut ajouter les 3900 militaires dans le cadre du plan Sentinelle. "A dispositif d'urgence, réponse d'urgence", estime un officier de l’armée.