Haïti : violences lors d'une manifestation de l'opposition contre les résultats du 1er tour

Violence dans les rues en Haïti
Depuis le 5 novembre, les opposants au parti au pouvoir défilent dans les principales villes du pays. Ils dénoncent des votes frauduleux en faveur de Jovenel Moïse arrivé en tête au premier tour de la présidentielle. Mardi 24 novembre, ils ont à nouveau manifesté, deux policiers ont été blessés.
" Le pouvoir, ça n'est pas un cadeau d'un petit groupe : c'est le peuple qui le donne". Tel était le message que voulaient faire passer les centaines de personnes qui ont manifesté mardi dans les rues de Port-au-Prince contre les résultats du premier tour des élections présidentielles, rapporte Amélie Baron, journaliste de RFI sur place.

C'est dans un climat très tendu que s'est déroulé le défilé de l'opposition dans la capitale haïtienne. Les manifestants ont essuyé tirs, jets de pierre, gaz lacrymogène. "On n'a pas peur", lâchait l'un d'entre eux. Deux policiers ont été blessés, dont un par balle. 

Depuis le 5 novembre, les sympathisants de plusieurs partis d'opposition protestent presque tous les jours. Les résultats définitifs du premier tour de la présidentielle ont été annoncés mardi 24 novembre à la mi-journée par le conseil électoral provisoire (CEP). Selon l'annonce du CEP, le second tour de l'élection présidentielle opposera Jovenel Moïse, candidat du parti au pouvoir, à Jude Célestin. Lors du scrutin du 25 octobre, Jovenel Moïse a recueilli 32,76% des suffrages quand son principal concurrent a obtenu 25,29%, a précisé le CEP.

Des violences récurrentes 

Les violences sont devenues récurrentes lors des manifestations. Le 20 novembre, un opposant a été tué par balle. Un autre blessé à la tête. Un candidat à la présidence a reçu une balle en caoutchouc.


Contre les descendants d'immigrants orientaux

Plusieurs manifestants s'en sont pris notamment aux descendants des nombreux immigrants venus du Moyen-Orient au début du XXe siècle, qui dominent aujourd'hui les secteurs de l'import-export et du commerce.

"Le peuple n'a pas voté Jovenel Moïse. Pour le moment ça n'est qu'un avertissement, mais on va monter dans leurs quartiers pour brûler leurs voitures, leurs maisons, on va leur couper la tête," menace Kendzy, un manifestant au visage masqué par des bandanas qui a refusé de donner son nom de famille, interrogé par l'AFP.

Ni Jovenel Moïse ni Jude Célestin, les candidats qualifiés pour le second tour de la présidentielle, prévu le 27 décembre, n'ont encore publiquement réagi à l'annonce des résultats définitifs du 1er tour. Une nouvelle journée de mobilisation est prévue demain (jeudi 25 novembre) à Port-au-Prince par la frange la plus radicale de l'opposition.