La conférence sur le climat joue les prolongations, pas d'accord avant samedi

Laurent Fabius, le président de la COP21 et Christiana Figueres, Secrétaire Exécutive de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques
L'accord universel contre le réchauffement de la planète attendra samedi: à l'issue d'une nouvelle nuit de négociations, la présentation d'une version finale a été reportée pour surmonter les ultimes points de friction.
"Nous préférons nous donner le temps de consulter les délégations tout au long de la journée de vendredi", jour prévu pour la clôture des travaux, a déclaré la présidence française de la conférence sur le climat (COP21). Le texte "sera présenté samedi matin tôt pour une adoption à la mi-journée", a ajouté cette source, à l'issue d'une seconde nuit blanche pour les représentants de 195 pays réunis depuis deux semaines au Bourget (nord de Paris).
 

Le problème de la différenciation

"Les choses vont dans le bon sens", a assuré le président de la COP21 et ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui espérait pourtant jeudi soir "être en mesure de proposer" vendredi une version finale de l'accord. Avant de quitter les lieux vers 2 heures, le secrétaire d'Etat américain John Kerry avait défendu en séance le nouveau projet d'accord, estimant, selon un négociateur européen, qu'il "reflétait bien le principe de différenciation", sur lequel les pays en développement sont très à cheval. En clair, les pays du sud estiment qu’ils ne sont pas responsables du changement climatique et que les pays du nord ont une responsabilité financière envers eux.
 

Limiter la hausse à 1,5° Celsius          

Le texte, a été accueilli avec prudence par les ONG. "Il y a eu des progrès importants sur de nombreux sujets (...) mais des points clé sont encore en suspens", souligne Jennifer Morgan, du World resources Institute. Les ONG sont satisfaites de voir figurer dans le projet un objectif de réchauffement maximal de la planète "bien en-deçà" de 2°C par rapport au niveau pré-industriel, une formulation indiquant une forte ambition. "La poursuite des efforts pour limiter la hausse à 1,5°C" est même insérée.
 

Les petits Etats insulaires entendus          

Cette limite de 1,5°C est une revendication d'une centaine de pays, en particulier de certains Etats insulaires, menacés de disparition par la hausse du niveau des océans. Des élus de Polynésie française et de Nouvelle-Calédonie se sont également exprimés en ce sens. Si cette disposition figure dans l'accord, "je serai en mesure de rentrer chez moi et de dire à mon peuple que notre chance de survie n'est pas perdue", s'est réjoui le ministre des Affaires étrangères des îles Marshall, Tony de Brum.

Edouard Fritch, le président de la Polynésie française et Ségolène Royal, ministre de l'Environnement

Des ONG septiques           

Sur les moyens pour réaliser cet objectif, les ONG sont plus négatives, jugeant les dates de révision des plans de réduction des émissions de gaz à effet de serre des Etats "trop tardives". Pour l’instant, les engagements nationaux des pays pour réduire les émissions de gaz à effet de serre - qui ne seront pas inclus dans l'accord - conduisent à ce stade vers un réchauffement de +3°C.
 

Le nerf de la guerre        

Côté finances, le projet d'accord va clairement dans le sens des pays du Sud. Il précise que l'enveloppe de 100 milliards de dollars par an que les pays riches ont promis de leur verser d'ici à 2020 est un "plancher" et que ces pays présenteront "périodiquement" des "objectifs quantifiés". "Il y a des positions divergentes, mais les compromis devront être réalisés", avait déclaré à la presse jeudi soir la ministre australienne des Affaires étrangères, Julie Bishop. "Surtout, les gens ne veulent pas que Paris soit un autre Copenhague", souligne-t-elle, en référence à la conférence climatique qui avait échoué en 2009 à conclure un accord universel sur le climat.

Un pacte pour l'avenir           

Le futur pacte de Paris a pour ambition d'engager pour la première fois tous les pays dans la lutte contre le réchauffement climatique afin de prévenir l'aggravation des phénomènes extrêmes (vagues de chaleur, sécheresses, inondations...) et des pénuries d'eau et de nourriture.