Point de ralliement de la communauté antillaise de Paris au début du XXe siècle, le club de jazz fermé depuis dix ans va rouvrir sous l'impulsion de son nouveau propriétaire Guillaume Cornut.
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Fermé depuis dix ans, Le Bal Nègre, emblématique cabaret antillais et club de jazz du Paris des Années folles, rouvrira ses portes début 2017 pour accueillir tous les styles de musique tout en conservant "l'esprit du lieu". "Je souhaite redonner au Bal Nègre l'esprit cabaret de ses origines avec des tables, un bar et, au coeur de tout cela, toutes les musiques et un cocktail de cultures", explique Guillaume Cornut, 47 ans, son nouveau propriétaire.
Robert Desnos, qui habitait à quelques pas de là, fut l'un des premiers habitués du lieu, comme le peintre Foujita, la chanteuse Mistinguett ou la célèbre meneuse de revue Joséphine Baker, qui contribuèrent à sa popularité. Fermé par les Allemands en 1940, il rouvrira après la guerre et ce seront alors Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Boris Vian ou Albert Camus qui lui donneront un nouvel élan. Ancienne ferme datant de la fin du XVIIIe siècle, le bâtiment avait été reconverti plus tard en commerce de vins avant de devenir l'incontournable point de ralliement de la communauté antillaise de Paris, au cœur de ce quartier populaire et ouvrier.
Lancé en avril dernier, le chantier devrait s'achever en mai prochain, pour une ouverture prévue début 2017, avec l'appui des élus locaux. "La mairie de Paris comme celle du XVe arrondissement, même si elles ne sont pas du même bord politique, ont tout fait pour me faciliter la tâche, à la condition que la mémoire du lieu soit respectée", relève Guillaume Cornut. "Il y a une bienveillance de notre part face à ces initiatives du privé qui visent à enrichir l'offre culturelle de la capitale", souligne-t-on à la Ville de Paris. "Nous avions deux points de vigilance: le respect du patrimoine et la question du bruit et ces deux réserves ont été levées", ajoute la mairie.
L'ambiance au Bal Nègre ressemblait à cet extrait de "La petite Lise", film de Jean Grémillon (1930) :
Soucieux d'éviter toute controverse liée au nom de la salle, Guillaume Cornut a demandé leur avis à des représentants de la communauté antillaise. "Des amis, comme l'écrivain guadeloupéen Claude Ribbe, m'ont dit que c'était un hommage à la communauté que de conserver ce nom". "C'est un nom qui appartient à la salle, à son histoire. Il fait honneur à la communauté antillaise, qui est très fière de ce lieu associé à une période heureuse", justifie-t-il.
Apogée dans les années 30
En 2012, cet ancien trader de la City de Londres, lui-même pianiste confirmé, décide de racheter cette célèbre salle du 33 rue Blomet dans le XVe arrondissement pour lui redonner son lustre d'antan. Créée en 1924 par Jean Rézard des Wouves, un homme politique martiniquais, elle connut son apogée dans les années 1920 et 1930 lorsque le Tout-Paris s'y pressait pour danser la biguine, dans une ambiance métissée.Robert Desnos, qui habitait à quelques pas de là, fut l'un des premiers habitués du lieu, comme le peintre Foujita, la chanteuse Mistinguett ou la célèbre meneuse de revue Joséphine Baker, qui contribuèrent à sa popularité. Fermé par les Allemands en 1940, il rouvrira après la guerre et ce seront alors Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Boris Vian ou Albert Camus qui lui donneront un nouvel élan. Ancienne ferme datant de la fin du XVIIIe siècle, le bâtiment avait été reconverti plus tard en commerce de vins avant de devenir l'incontournable point de ralliement de la communauté antillaise de Paris, au cœur de ce quartier populaire et ouvrier.
Comme un club newyorkais
"La salle, qui compte 280 places, n'était pas du tout faite pour chanter, danser ou boire mais s'était peu à peu adaptée pour devenir un lieu de divertissement", raconte Guillaume Cornut. Le nouveau maître des lieux dit s'être inspiré de la "vision anglo-saxone du spectacle, où les genres se mélangent allègrement", pour élaborer son projet, qu'il a financé seul. Parmi ses modèles, "Le Poisson Rouge" à New York. "C'est un club où vous pouvez assister à un concert de musique classique le dimanche, un autre de jazz le lundi, une conférence le mardi et ainsi de suite", souligne l'ancien trader.Lancé en avril dernier, le chantier devrait s'achever en mai prochain, pour une ouverture prévue début 2017, avec l'appui des élus locaux. "La mairie de Paris comme celle du XVe arrondissement, même si elles ne sont pas du même bord politique, ont tout fait pour me faciliter la tâche, à la condition que la mémoire du lieu soit respectée", relève Guillaume Cornut. "Il y a une bienveillance de notre part face à ces initiatives du privé qui visent à enrichir l'offre culturelle de la capitale", souligne-t-on à la Ville de Paris. "Nous avions deux points de vigilance: le respect du patrimoine et la question du bruit et ces deux réserves ont été levées", ajoute la mairie.
Changement de nom ?
Dans un décor de "speakeasy", club typique new yorkais des années 1920, fait de briques rouges, de bois et de poteaux en fonte, le Bal Nègre pourra mélanger, le même soir, un trio de Schubert à un concert de jazz "et pourquoi pas de rock", souligne son nouveau patron. "Une fois par mois, un pianiste viendra jouer sur les images d'un film muet, histoire de recréer une ambiance du début du XXe siècle", annonce-t-il.L'ambiance au Bal Nègre ressemblait à cet extrait de "La petite Lise", film de Jean Grémillon (1930) :
Soucieux d'éviter toute controverse liée au nom de la salle, Guillaume Cornut a demandé leur avis à des représentants de la communauté antillaise. "Des amis, comme l'écrivain guadeloupéen Claude Ribbe, m'ont dit que c'était un hommage à la communauté que de conserver ce nom". "C'est un nom qui appartient à la salle, à son histoire. Il fait honneur à la communauté antillaise, qui est très fière de ce lieu associé à une période heureuse", justifie-t-il.