Thierry Dol, ex-otage au Niger, porte plainte contre l'État pour "non-assistance à personne en danger"

© NICOLAS DERNE / AFP
Dans une interview accordée au Parisien, l'ingénieur martiniquais, prisonnier d'Aqmi pendant 1139 jours, met en cause les mesures de sécurité prises par Areva, son employeur au Niger et regrette que l'État ne dévoile pas les conditions de son rapt et de sa libération.
"Je ne veux plus être l'otage de personne". Après un long silence médiatique, l'ex-otage martiniquais Thierry Dol, enlevé en compagnie de trois otages sur le site minier d'Areva à Arlit (Niger), s'est confié longuement au Parisien. Dans une interview publiée ce matin, celui qui a passé 1139 jours aux mains d'Al-Qaïda au Maghreb islamique a annoncé avoir déposé deux plaintes contre l'État et Areva pour "mise en danger de la vie d'autrui" et "non-assistance à personne en danger".

"Je veux que toute la lumière soit faite", dénonce Thierry Dol qui considère que son employeur de l'époque n'a pas suffisamment mesuré les risques qui pesaient sur la base d'Arlit"Une note de l'entreprise, reçue à l'été 2010, nous incitait à davantage de prudence, preuve que la société n'ignorait pas ces risques. […] Cette crainte pour notre sécurité m'a en partie poussé à demandé ma mutation", explique-t-il. Quelques jours avant son rapt, le Martiniquais était "persuadé qu'Areva allait l'évacuer".

Oublié par l'Etat ?

"Sur le tarmac de Villacoublay, on me voit sourire, mais je me disais qu'ils avaient beau jeu de nous mettre en scène après nous avoir abandonnés", lâche Thierry Dol qui veut savoir ce qu'il s'est passé de son enlèvement à sa libération, "rançon, intermédiaires éventuels, autres contreparties…"

Thierry Dol tente aujourd'hui de reprendre une vie normale et de "s'ouvrir à nouveau aux émotions". Impossible pourtant d'oublier ce passé traumatisant puisqu'il se bat "toujours pour [son] indemnisation. Le fonds de garantie m'a proposé 26 euros par jour de détention. C'est indécent, après ce que nous avons vécu, de devoir entrer dans des discussions de marchands de tapis. J'ai tout perdu. Je veux juste avoir le droit de me reconstruire".

Pour l'instant, Thierry Dol est le seul des anciens otages d'Arlit à avoir porté plainte. Les autres ont renoncé à une action judiciaire.