Lorrenzo Manzin, pionnier du cyclisme réunionnais (4/5)

"C'est dans les défaites que l'on gagne les victoires". La devise de Lorrenzo Manzin en dit long sur sa volonté de percer au plus haut niveau et pour ce prodige du cyclisme réunionnais, les revers sont bien plus rares que les succès. Sa première saison dans l'élite du peloton mondial s'est soldée par un triomphe sur la Roue Tourangelle et de belles places d'honneur sur des courses internationales.
 
Originaire de Bras-Panon, à une trentaine de kilomètres de Saint-Denis, Lorrenzo Manzin pédale depuis toujours. A 6 ans, il fait ses premiers tours de roue grâce à un voisin qui lui prête sa bicyclette. C'est le début d'une passion qui l'entraînera bien loin de ses terres. Jusqu'à ses 15 ans, il dévore tout sur son passage, devenant même champion de France sur piste.

Revivez en vidéo la première victoire professionnelle de Lorrenzo Manzin sur la Roue Tourangelle :

Compter sur soi-même

Pour continuer à progresser, il doit s'exiler à 15 ans dans l'Hexagone. Sur l'île, la concurrence ne permet pas d'élever son niveau. "Il n'y avait pas d'autre choix que de partir", se souvient-il. Bon élève, son dossier est sélectionné par le Pôle espoirs de la Roche-sur-Yon où il obtiendra son baccalauréat.
 
Les premiers mois sont difficiles. "L'éloignement d'avec la famille, abandonner ses copains, sa vie. Les rythmes sportif et scolaire étaient différents. Heureusement, j'étais dans une bonne famille d'accueil. Tout seul tu peux pas, ça demande tellement de rigueur, de sacrifices. Il faut être entouré", raconte le Réunionnais qui souffre tout de même de "l'individualisme des métropolitains. J'ai vite vu que je ne devais compter que sur moi-même", affirme-t-il.
 
Grâce à ses bons résultats dont une victoire au Tour de la Réunion 2013, la fondation des jeunes de la Française des Jeux le repère et lui donne une bourse de deux ans pour mener à bien ses projets. Il décroche un BTS de technicien commercial, tout en poursuivant la compétition sur les routes hexagonales.
 

Premier Réunionnais cycliste professionnel

L'équipe FDJ, dirigée par Marc Madiot, l'enrôle comme stagiaire à partir d'août 2014 puis le fait signer son premier contrat professionnel pour la saison suivante, à seulement 20 ans. Pari réussi pour ce garçon dont le rêve était de devenir sportif de haut niveau.
 
Début 2015, il devient le premier cycliste Réunionnais à évoluer au plus haut niveau, "une fierté". En janvier, Lorrenzo Manzin parfait sa préparation sur son île natale et en profite pour se ressourcer auprès des siens, lui qui n'y était jamais revenu plus de dix jours depuis 2010. Ensuite, il s'envole pour l'Australie pour ses grands débuts parmi l'élite du cyclisme mondial. Après un place d'honneur lors de la première étape du Tour Down Under, il chute et se blesse lourdement. Il reprend en Belgique en mars, une période dont il garde des souvenirs contrastés. "C'était difficile. Je ne voyais pas le jour", sourit-il. "J'ai bien fait d'y aller et j'ai beaucoup appris sur les tactiques de course, du placement. Là-bas, ce sont des courses d'hommes sur des petites routes, avec le vent, la pluie, le froid", détaille-t-il.
 

En 2016 : "gagner le maximum de courses"

Sur les grandes épreuves, il épaule Arnaud Démare, son leader. Le reste du temps, il peut faire valoir ses qualités de puncheur-sprinteur, à l'aise sur les parcours accidentés et les arrivées en comité réduit. C'est dans ces conditions qu'il s'impose sur la Roue Tourangelle fin avril après avoir enchaîné les bons résultats sur les courses de Coupe de France. Sa première victoire chez les professionnels, une récompense méritée pour un homme qui ne ménage pas ses efforts. Après une période de repos en juillet où il suit le Tour de France à la télévision, Lorrenzo Manzin se présente au Tour d'Espagne qu'il abandonne à la 10^e étape. "C'était prévu que j'arrête. Il faisait 40°, j'étais malade, et le tracé ne me correspondait plus",explique-t-il.
 
Le Réunionnais se projette vers l'avenir avec impatience. En 2016, il veut "saisir toutes les opportunités, gagner le maximum de courses et continuer à progresser physiquement". En attendant, il peut prendre des vacances bien méritées sur son île. Et se reposer des 27 000 kilomètres parcourus à la force de ses jambes en moins d'un an.