Aurélie Bocquet : « l’hexagone reçoit plus d’argent pour son environnement que les Outre-mers » (volet 2)

Le martin pêcheur de Niau aux îles Tuamotu
Aurélie Bocquet, chargée de programme à l’UICN France (Union internationale pour la conservation de la nature) suit de près depuis dix ans la biodiversité Outre-mer. Elle a participé à la publication d’un beau livre sur la question. Tour d’horizon d’une nature foisonnante.
Aurélie Bocquet, chargée de programme à l’UICN France (Union internationale pour la conservation de la nature) suit de près depuis dix ans la biodiversité Outre-mer. Elle a participé à la publication d’un beau livre très précis sur la question. La1ère a rencontré cette biologiste réaliste mais optimiste.

Aurélie Bocquet, chargée de programme à l'UICN
 
La1ère : Vous avez publié un très beau livre sur la biodiversité Outre-mer, avez-vous des espèces préférées ?

J’avoue avoir une affection particulière pour le dugong. C’est une espèce très rare et menacée que l’on ne trouve Outre-mer qu’à Mayotte et en Nouvelle-Calédonie. J’ai eu la chance d’en voir un en plongée en Nouvelle-Calédonie. Ca ressemble à une vache de mer, car il broutte paisiblement dans les zones d’herbiers sous-marines.

Une femelle dugong et son petit dans les eaux calédoniennes

Pour la Polynésie, je trouve que le martin pêcheur de Niau aux îles Tuamotu est tout simplement magnifique. C’est un oiseau que l’on ne trouve que dans cet archipel. Dans les Caraïbes, il y a le matoutou, Avecularia versicolore, une araignée endémique de la Martinique.  En Guyane, il faut absolument connaître le Titan, un insecte qui ressemble à un arlequin.

Le titan de Guyane

A La Réunion, Le mahot blanc donne l’impression d’avoir été brûlé. Et pourtant quand on s’approche, cet arbre gris possède des feuilles en forme de cœur avec des fleurs très délicates.

Le mahot blanc de La Réunion

En Nouvelle-Calédonie, on trouve un arbre de la forêt sèche qui est très étonnant. C’est une espèce cauliflore, ce qui signifie que ses fleurs poussent sur le tronc. Il s’appelle le Captain Cookia.A Mayotte, le baobab malgache endémique de l’île est menacé et il faut absolument le préserver.

Le baobab malgache de Mayotte

Enfin en Guadeloupe, la petite libellule, elle a les yeux rouges et elle est tout simplement splendide. 

La petite libellule de Guadeloupe

Que pensez-vous de l'accord de Paris adopté à la COP21 ?

Le nouvel accord sur le climat adopté par les gouvernements du monde entier lors du sommet climatique de l’ONU à Paris (COP21) est satisfaisant et la reconnaissance du rôle crucial de la nature dans la lutte contre le changement climatique est une grande avancée. Grâce aux océans, aux forêts qui captent les gaz à effet de serre, nous pouvons encore bien respirer sur cette planète. Il faut poursuivre la préservation de ces puits de carbone qui participent grandement à l’atténuation des effets du changement climatique. Par ailleurs, les mangroves, les récifs coralliens sont eux des barrières naturelles face aux cyclones dont la fréquence et l’intensité risque d’augmenter dans les années à venir.

Poisson nageant dans les coraux

De plus, je pense que les Outre-mer devraient bénéficier du fonds vert, à destination des pays les plus vulnérables. Certes Les collectivités d’Outre-mer dépendent d’un pays riche, mais elles en sont un peu le parent pauvre au niveau des financements. L’hexagone reçoit plus d’argent pour son environnement que les Outre-mer.