Laurent Lebreton, chercheur réunionnais installé en Nouvelle-Zélande

Laurent Lebreton à Milford Sound en Nouvelle-Zélande
Après ce qui ne devait être qu’un stage de six mois, Laurent Lebreton n’a jamais quitté la Nouvelle-Zélande. Cela fait maintenant neuf ans que cet ingénieur trentenaire spécialiste des déchets plastiques en mer est installé au pays du haka. La1ere.fr l’a contacté par skype. 
Laurent Lebreton semble heureux comme un Kiwi en Nouvelle-Zélande. Les Kiwis, c’est le surnom donné aux Néo-Zélandais qui leur vient d’un oiseau malheureusement en voie d’extinction. "Ici j'aime les gens, la culture, les espaces, l'océan. Et puis j’ai pu monter mon entreprise en un temps record. 125 dollars de frais d’administration et c’était fait, raconte enthousiaste Laurent Lebreton. C’est plus léger qu’en France et on n’a pas une nouvelle règle tous les six mois ! En plus en France, si on échoue, ça vous colle à la peau. Ici au contraire c’est bien vu d’entreprendre".
 

Spécialiste en modélisation océanique

L’ingénieur réunionnais est donc consultant à son compte à Wellington (la capitale de la Nouvelle-Zélande) et spécialiste dans la modélisation numérique en milieu océanique. Auteur d’une vaste étude en 2012 sur la circulation des déchets plastiques en mer, Laurent Lebreton travaille principalement pour des ONG dans l’environnement, tels que Greenpeace, WWF ou The Ocean Cleanup.

Modèle de distribution des micro-plastiques développé par Laurent Lebreton


Crise requin à La Réunion

Laurent Lebreton a grandi entre Toulouse et La Réunion. "Mes parents sont divorcés. J’ai un père réunionnais et une mère métropolitaine. J’allais deux à trois fois par an voir mon père à Saint-Paul, mes deux frères et ma grand-mère. Je parle créole, souligne l’ingénieur. C’est à La Réunion que j’ai appris le surf. C’est horrible ce qui se passe à La Réunion avec les attaques de requin. Ici en Nouvelle-Zélande, précise Laurent Lebreton, il y a beaucoup de vie dans l'océan, moins de pression sur les écosystèmes, comme la surpêche, le tourisme ou les transport. Du coup, on constate moins d'attaques de requins". 

 

Pique-nique sur le Mont Victoria à Wellington


Des récifs articiciels

Après une prépa en maths physique, Laurent Lebreton est entré à l’école Centrale à Nantes. Une fois son diplôme d’ingénieur en poche, il est parti faire un stage de six mois en Nouvelle-Zélande dans un bureau d'étude qu'il n'a pas quitté pendant 5 ans. "Cette entreprise développait des concepts de récifs artificiels pour en faire de spots de surf. C’est aussi un bon moyen pour lutter contre l’érosion des côtes, souligne l'ingénieur, mais c'est assez complexe à mettre en oeuvre. Malheureusement ça n’a jamais décollé. Et puis, Sea Thos une ONG californienne implantée à Raglan m'a chargé d'étudier la circulation des débris en mer. J’ai pu alors me consacrer pendant six mois entier à ce travail de recherche.José Borero mon mentor, spécialiste des tsunamis m'a aidé pendant cette période".

Whale Bay à Raglan, un spot de surf

Laurent Lebreton et The Ocean Cleanup

Récemment, Laurent Lebreton a mis ses compétences au service de The Ocean Cleanup, la fondation créée par le Néerlandais Boyan Slat dont le but est de ramasser des déchets plastiques en mer. "Au début, je ne croyais pas trop à leur idée de structure flottante au milieu de l’océan, précise Laurent Lebreton. Et puis, je suis allé à Delft (NDLR Siège de The Ocean Cleanup) aux Pays-Bas et là j’ai rencontré des gens très sensés comme Bruno Sainte-Rose.  En plus, ils sponsorisent la recherche. Je pense toutefois qu’il faut faire des structures en milieu côtier pour rassembler les déchets plutôt qu’en pleine mer".
 
Déchets plastiques


La Nouvelle-Zélande, terre d'accueil

L’ingénieur réunionnais ne songe pas une minute à revenir en France. "Ici la qualité de vie est fantastique, les loyers ne sont pas chers, les gens sont très détendus. Il y a de l’espace, de la verdure. A Wellington, je prends mon vélo et en dix minutes je retrouve un ami. En plus la Nouvelle-Zélande, c’est une terre d’accueil. Il y a des Européens, des gens de toutes les îles de Pacifique et aussi des Syriens, des Somalis, des Colombiens, des Libanais et des Asiatiques. Ca me fait penser à La Réunion."

Laurent Lebreton devant le phare de Wellington


Apprentissage de l'autodérision

"Par ailleurs, à Wellington, la deuxième langue parlée, c’est le Français, poursuit Laurent Lebreton. Beaucoup de jeunes sont venus ici. C’est très facile de s’adapter. Il faut juste arriver à se défaire de son caractère de mâle français et créole. Car ici, j’ai appris une chose, c’est l’autodérision. Nous on n’a pas ça et je vois encore des Français qui se cabrent quand des Kiwis se moquent d’eux". Côté gastronomie, Laurent Lebreton avoue quand même que la Nouvelle-Zélande ne brille pas par sa cuisine. 
Laurent Lebreton chez lui à Wellington

Découverte du monde maori

Avant de s’installer à Wellington, Laurent Lebreton a vécu pendant 7 ans à Raglan, un spot de surf fantastique.  "Je ne partirai pas de Nouvelle-Zélande sans avoir acheté un petit bout de terre à Raglan, confie l’ingénieur. Là-bas on a sympathisés avec la communauté maorie dans des circonstances tragiques. La population maori nous a soutenu d’une manière exceptionnelle". Quand on est intégré parmi les Maoris, "on se dit bonjour en se touchant le front, c'est le "hongi" ça ne m’est arrivé qu’à Raglan". 

Les amis de Laurent Lebreton à Raglan


Taranaki à des milliers de kilomètres de Paris 

En neuf ans, Laurent Lebreton s’est pas mal baladé en Nouvelle-Zélande.  "Il y a un endroit magique sur la côte ouest : Taranaki, confie-t-il. Là-bas, on trouve un volcan en plein milieu de l’océan. Il est recouvert de neige. C’est juste magnifique". L’ingénieur réunionnais n’est donc pas prêt de rentrer en France. "Quand je vois mes amis à Paris, les problèmes de logement, la densité de population. Je comprends que les gens soient un peu sur les nerfs. Et pourtant, j’aime bien Paris, mais je ne suis pas encore prêt pour cette vie-là"

Taranaki, en Nouvelle-Zélande