Guadeloupe: mise en examen de Lucette Michaux-Chevry pour détournement de fonds publics

Lucette Michaux-Chevry (en 2003).
L'ancienne maire de Basse-Terre et ancienne ministre, Lucette Michaux-Chevry, 86 ans, a été mise en examen le 7 janvier pour détournement de fonds publics et trafic d'influence par personne investie d'un mandat électif, et placée libre sous contrôle judiciaire.
L'actuelle présidente de la Communauté d'agglomération du sud Basse-Terre est soupçonnée d'avoir fait rénover son appartement situé dans le 17e arrondissement de Paris, en surfacturant des travaux de réfection d'une école primaire de Basse-Terre dont elle était encore le maire, selon les informations obtenues par l'AFP.


Une aide pour la femme de son petit-fils

Les aménagements avaient été effectués afin d'adapter l'appartement aux besoins de la femme de son petit-fils, devenue handicapée. A la tête du chef-lieu jusqu'en 2014, Lucette Michaux-Chevry aurait sollicité deux prestataires de la mairie pour prendre en charge financièrement et physiquement les travaux de l'appartement. Ces sociétés, qui avaient obtenu le marché public pour la fourniture et la pose d'un bitume sur le chantier de l'école, auraient surfacturé à la mairie leurs prestations pour se faire payer. Ce sont des relais parisiens des entreprises guadeloupéennes qui ont effectué la rénovation.


Une lettre anonyme            

Dans cette affaire, les gérants des deux sociétés ont été placés en garde à vue en avril 2015. L'enquête est menée dans le cadre d'une information judiciaire ouverte par le parquet de Basse-Terre qui avait saisi la brigade financière de la Direction interrégionale de la police judiciaire, à la suite d'une lettre anonyme envoyée au procureur, après la fin de son mandat de maire. "Je ne l'ai jamais vue aussi tranquille", a affirmé à l'AFP Me Evita Chevry, l'avocate de l'ancien maire. "Sur le plan du droit, cela ne tient pas. Ce dossier est léger", a-t-elle ajouté. Me Chevry nie tout lien entre les travaux de rénovation de l'appartement et le volet surfacturation ; tous deux ne remonteraient pas à la même période. Elle conteste également toute accusation selon laquelle Mme Michaux-Chevry aurait reçu, dans ce cadre, de l'argent en espèces des patrons de ces sociétés.


Une figure de la politique guadeloupéenne

Lucette Michaux-Chevry, figure de la droite locale, ancienne ministre de Jacques Chirac, ancienne sénatrice, et ancienne présidente du Conseil régional et du Conseil général de Guadeloupe, n'en est pas à ses premiers démêlés avec la justice. Elle a été condamnée en 2002 pour favoritisme à une amende de 20.000 euros à l'issue du procès Gepremo, une entreprise dont la Région Guadeloupe était le seul client.

La même année, elle a été condamnée à 4 mois d'emprisonnement avec sursis pour usage de faux pour avoir établi et utilisé des documents faux pour ne pas réintégrer un directeur financier du conseil régional qu'elle avait licencié.