Le Réunionnais Wenceslas Lauret titulaire en équipe de France

A 26 ans, le Réunionnais Wenceslas Lauret va honorer sa 8ème sélection en équipe de France samedi contre l’Italie, en match d’ouverture du Tournoi des 6 nations. Il a été titularisé par le nouveau sélectionneur des Bleus Guy Novès. Rencontre. 
On parle de vous comme le nouveau Dusautoir, vous assumez cet héritage ?
 L’héritage est très lourd et difficile à porter vous savez. On verra bien, je ne sais pas si Guy [Guy Novès, sélectionneur des Bleus ndlr] compte sur moi pour tenir le même rôle. Je ne sais pas aussi si j’ai les épaules pour mais c’est valorisant….Les journaux me nomment comme cela,  l’héritier…Mais c’est le terrain qui paie et la vérité sortira de là. Mon rôle en club je le connais, sauteur en touche plaqueur, récupérateur, gratteur de ballons, mon rôle s’est élargi depuis quelque temps, avec l’équipe de France, je sais où je dois aller.
 
Vous avez le match contre l’Italie à gagner mais aussi un public à reconquérir. Cela ne fait-il pas beaucoup de pression d’entrée pour un match considéré comme le plus facile du Tournoi ? 
D’abord l’Italie, c’est du haut niveau ils sont bons en conquête. Si on ne répond pas présent , ils vont nous faire mal. Il ne faut pas les prendre à la légère, il faut les déplacer, être intelligent sur les systèmes de jeu, être le plus précis possible, concentrés et assidus. L’attente du public, la pression, on l’a toujours un petit peu. Surtout après la Coupe du monde, la France est exigeante et il faut laver l’affront. On va faire le maximum pour tourner une page et recommencer une nouvelle page d’histoire des Bleus. On doit repartir sur de bonnes bases.
 
 Guy Noves, vous le découvrez... Comment se passe le contact avec un coach que tout le monde décrit comme très strict ? Vous l’appelez Monsieur Novès comme certains des débutants ?
 Je ne l’appelle pas (rires). C'est soit "Guy", soit "coach", on verra. Le vouvoiement ou le tutoiement c’est selon l’humeur et comment ça se passe. C’est mon supérieur , je lui dois le respect.
Il impose le respect avec son palmarès,  c’est un grand monsieur et il a eu des titres mérités avec le Stade Toulousain. Ce que j’aime aussi c’est qu’il a des idées et des pensées bien fondées en rugby, Il a envie de créer quelque chose et sera prêt à mettre tout en place pour que cela réussisse. 
 



Cette équipe de France, ce maillot bleu vous y pensiez secrètement dans un coin de votre tête sans doute? Qu'est ce que cela représente pour vous qui êtes un « revenant » ?
 J’ai toujours pensé être dans les petits papiers du Staff de l équipe de France, même depuis ma dernière sélection….. mais vraiment au fond du tiroir. J’espère en être sorti de ce tiroir ; quand on nous appelle on est content. Repartir en Equipe de France, remettre ce maillot bleu, oui j’en suis fier. C’est  bien d’y être, c’est mieux d y rester. Vous savez quand on est en équipe de France il faut se battre pour le maillot, pour son coéquipier, pour gagner ; on doit apporter chacun notre pierre à l’édifice.

En club ( NDLR Racing 92) on a le discours suivant,  il ne faut pas recevoir avant de donner, eh bien en équipe de France c’est pareil, il faut donner sur le terrain et après on reçoit…les honneurs du public par exemple….. oui ça m’apporte quelque chose de porter le coq sur la poitrine
 

Surtout par rapport au contexte du match ?  Ce sera le premier au Stade de France depuis les évènements dramatiques de Novembre dernier….
On sait ce qui s’est passé c’est traumatisant. Ca reste dans un coin de notre tête mais il ne faut pas vivre sur le passé sinon on n’avance pas.
Il y aura des mesures de sécurité , je ne me fais aucun soucis là dessus, nous il nous faut juste penser à remporter ce match et pas se chambouler l'esprit avec ca,
L’émotion sera quand même là ….au moment de la Marseillaise notamment,  mais il faut réussir à l’évacuer pour être performant et le plus concentré possible.
 
Vous vous projetez déjà dans quatre ans? Vous pensez à la Coupe du monde au Japon ?
Guy Novès a dit construire un groupe sur quatre ans mais la vérité est sur le terrain ; il n’y a pas de places acquises, toujours des incertitudes… La seule certitude d’être sélectionné c’est d’être bon sur le terrain, en club comme en sélection. Alors être dans le premier wagon c’est bien, mais si je ne suis pas bon le week-end d’après je ne serai plus dans le train…..et ça va vite.
Le Tournoi permet de vivre ces moments fabuleux, il faut les croquer à pleines dents. C’est comme la naissance de mon fils, Tiago: je vais emmagasiner tout ce qui est positif en ce moment autour de moi, pour donner le meilleur de moi-même sur le terrain.