Les alliages de fabrication de l’acier inoxydable ne sont produits que par une dizaine d’usines dans le monde. La grenaille, cette chips de fer et de nickel, cet alliage qui sort des fours de l'usine de la SLN à Nouméa fait l’unanimité auprès de ses clients.
Par Alain Jeannin •
Commercialisé par le groupe Eramet, le "SLN25" comme on l'appelle est l’atout principal du groupe français face à ses concurrents mondiaux. Eramet se débat dans la tempête sans fin du cours des matières premières.
Le SLN25 brille comme l'acier
Les métallurgistes européens parient sur le haut de gamme. Face aux menaces de l’acier inox bas de gamme produit en Chine, ils font le choix de produire un acier inoxydable de qualité. Le ferronickel calédonien SLN25, ajouté dans la fusion métallurgique, est la garantie d'une haute tenue à la corrosion. Il offre aussi une grande aptitude à la déformation. L’apport de l'alliage de nickel améliore notablement les propriétés mécaniques de l’acier, y compris bactéricides. D’où l’intérêt de l’utiliser dans l’électro-ménager ou la coutellerie. Mais il coûte cher, et bien plus que la ferraille de nickel (NPI) utilisée en Chine, mais qui ne résistera pas longtemps à la corrosion.
Commandes de ferronickel en hausse
Paradoxe. Alors la valeur boursière du groupe Eramet est prise dans une tourmente boursière qui semble sans fin, les commandes de ferronickel calédonien sont en hausse. Le métallurgiste franco-belge Aperam, le finlandais Outokumpu, l’allemand Krups ou encore l’espagnol Acerinox sont les principaux clients européens de l’usine de Doniambo. « On achète du SLN, car c’est le meilleur » confirme un métallurgiste européen qui a acheté 700 tonnes de SLN25 pour le seul mois de janvier, plus qu’en 2015 à la même époque. « Le SLN25 est un alliage parfaitement stable et sec, à la différence d’autres produits qui ont tendance à coller dans la trémie » précise un autre industriel européen de l'acier inoxydable.
Des mines, des usines et des hommes
Dans son livre passionnant, « Or noir, la grande histoire du pétrole » (éditions La Découverte), l’historien Mathieu Auzanneau rappelle que « la valeur d’une entreprise métallurgique est fondée sur son domaine minier ». De ce point de vue, si l’on considère que le nickel est une matière première, au même titre que le pétrole, le domaine minier d’Eramet en Nouvelle-Calédonie est considérable. Et encore, il faut y ajouter les énormes gisements de manganèse au Gabon. « Est-ce que la production des usines, ou la valeur des mines a changé ? » confie un proche du groupe métallurgique français. Eramet subit de plein fouet la surproduction d’un type de nickel qui n’est pas celui qu’il produit. Mais ce sont ces plaques de métal, russes ou sud-africaines, qui déterminent le cours du métal au LME et impactent directement le prix du SLN25 calédonien et donc le cours boursier d'Eramet. Il a chuté de plus de 10 % en une semaine.