Des investigations sont en cours pour déterminer le lien entre le virus et les malformations foetales. Mais qu'est ce que la microcéphalie ? Quelles altérations craindre dans le développement de l'enfant ? Une neuropédiatre, chercheuse à l'INSERM, répond à nos questions.
Dès 2015, en pleine flambée épidémique de zika, les autorités sanitaires brésiliennes ont révélé une augmentation du nombre de nouveau-nés atteints de microcéphalie. 404 cas attribués au virus ont été confirmés dans le pays, 3 670 autres sont en cours d'examen, quand on en dénombre une centaine par an, habituellement.
En Polynésie française, le bureau de veille sanitaire a entamé une étude après alerte des pédiatres. Dix-huit enfants ou foetus atteints de malformations du système nerveux central ont été identifiés lors de l'épidémie qui a fait 32 000 malades. Mais selon l'Organisation mondiale de la santé, le lien entre le virus et l'explosion du nombre de malformations est "fortement suspecté, bien que non prouvé".
Lors d'une conférence de presse ce vendredi (12 février), la sous-directrice de l'OMS, le docteur Marie-Paule Kieny, a expliqué que les experts "devraient avoir besoin de quatre à huit semaines pour établir le rôle joué par le virus zika dans l'apparition de microcéphalies et du syndrome de Guillain-Barré".
La 1ère : Qu'est ce que la microcéphalie ?
Docteur Sandrine Passemard, neuropédiatre et chercheuse à l'INSERM, à l'hôpital Robert Debré (Paris) : "La microcéphalie est une réduction du volume cérébral par rapport à des normes liées à l'âge et au sexe de l'enfant. Ce qu'il faut comprendre, c'est que le cerveau se développe de façon continue entre les premières semaines de grossesse et l'âge adulte. Et la période de neurogénèse (processus de création des neurones) débute très tôt, dès les premières semaines du premier trimestre de grossesse. C'est une affection qui est souvent découverte à la naissance, mais elle est parfois diagnostiquée pendant la grossesse."
- Quelles incidences sur la croissance de l'enfant ?
- "Tout dépend du stade de la grossesse auquel survient l'infection. Lorsqu'un virus à fort tropisme neuronal infecte un enfant (NDLR : nous ne savons pas encore si c'est le cas pour le zika), les conséquences vont dépendre des dégâts qu'il va causer. Plus ces dégâts vont être précoces, plus les conséquences vont être importantes : si l'infection a lieu au premier trimestre de grossesse (voire début du deuxième), on s'attend à avoir des séquelles motrices et intellectuelles chez l'enfant. Plus l'infection va être tardive, moins les difficultés motrices vont être visibles (acquisition de la marche, course par exemple...), et on risque d'avoir des conséquences qui vont être plus visibles sur les capacités intellectuelles. Nous avons développé un service de consultation dédié aux enfants porteurs d'une microcéphalie congénitale à Robert Debré, précisément pour accompagner les familles concernées."
-Vous qui êtes une spécialiste de la microcéphalie et chercheuse, seriez-vous prête à participer à établir le lien entre cette affection et le zika ?
- "C'est vrai que cette question est de plus en plus importante, et qu'elle nécessite un véritable engagement du monde médical aux côtés de ces femmes. Il faut vraiment qu'il y ait une coordination des experts des infectiologues, des neuropédiatres, et des virologues ! Nous sommes tout à fait prêts à nous investir dans cette démarche : on commence d'ailleurs à prendre des contacts avec les services de pédiatrie des CHU des Antilles-Guyane. Depuis des années la fréquence de la microcéphalie au niveau mondial est assez stable : c'est 2 à 3% de la population, quelle que soit l'origine géographique. Les augmentations très importantes de cas dans certains pays rend les équipes médicales inquiètes. Il faut donc abolument déterminer la responsabilité de tel ou tel agent infectieux."
Une nouvelle publication émet l'hypothèse que l'infection de la femme enceinte par le virus zika pourrait entraîner des lésions oculaires chez le foetus. Un travail préliminaire mené dans un hôpital de Salvador (Brésil) sur 29 nouveau-nés microcéphales signale des lésions touchant la rétine et le nerf optique.
Voir régulièrement un médecin : un suivi et une prise en charge spécifique sont recommandés aux femmes enceintes, qui peuvent se rendre dans les CHU. Car il existe des formes asymptomatiques du zika (des arbovirus en général). Une des rares études sur la question, réalisée au Brésil sur deux femmes ayant mis au monde des enfants microcéphales, montre que leur liquide amniotique portait la trace du virus alors qu'il n'était plus présent dans leur sang. Une "association forte de constatations" pour la neuropédiatre Sandrine Passemard, qui confirme "qu'on ne sait pas toujours dater l'infection maternelle".
En Polynésie française, le bureau de veille sanitaire a entamé une étude après alerte des pédiatres. Dix-huit enfants ou foetus atteints de malformations du système nerveux central ont été identifiés lors de l'épidémie qui a fait 32 000 malades. Mais selon l'Organisation mondiale de la santé, le lien entre le virus et l'explosion du nombre de malformations est "fortement suspecté, bien que non prouvé".
Lors d'une conférence de presse ce vendredi (12 février), la sous-directrice de l'OMS, le docteur Marie-Paule Kieny, a expliqué que les experts "devraient avoir besoin de quatre à huit semaines pour établir le rôle joué par le virus zika dans l'apparition de microcéphalies et du syndrome de Guillain-Barré".
La 1ère : Qu'est ce que la microcéphalie ?
Docteur Sandrine Passemard, neuropédiatre et chercheuse à l'INSERM, à l'hôpital Robert Debré (Paris) : "La microcéphalie est une réduction du volume cérébral par rapport à des normes liées à l'âge et au sexe de l'enfant. Ce qu'il faut comprendre, c'est que le cerveau se développe de façon continue entre les premières semaines de grossesse et l'âge adulte. Et la période de neurogénèse (processus de création des neurones) débute très tôt, dès les premières semaines du premier trimestre de grossesse. C'est une affection qui est souvent découverte à la naissance, mais elle est parfois diagnostiquée pendant la grossesse."
- Quelles incidences sur la croissance de l'enfant ?
- "Tout dépend du stade de la grossesse auquel survient l'infection. Lorsqu'un virus à fort tropisme neuronal infecte un enfant (NDLR : nous ne savons pas encore si c'est le cas pour le zika), les conséquences vont dépendre des dégâts qu'il va causer. Plus ces dégâts vont être précoces, plus les conséquences vont être importantes : si l'infection a lieu au premier trimestre de grossesse (voire début du deuxième), on s'attend à avoir des séquelles motrices et intellectuelles chez l'enfant. Plus l'infection va être tardive, moins les difficultés motrices vont être visibles (acquisition de la marche, course par exemple...), et on risque d'avoir des conséquences qui vont être plus visibles sur les capacités intellectuelles. Nous avons développé un service de consultation dédié aux enfants porteurs d'une microcéphalie congénitale à Robert Debré, précisément pour accompagner les familles concernées."
-Vous qui êtes une spécialiste de la microcéphalie et chercheuse, seriez-vous prête à participer à établir le lien entre cette affection et le zika ?
- "C'est vrai que cette question est de plus en plus importante, et qu'elle nécessite un véritable engagement du monde médical aux côtés de ces femmes. Il faut vraiment qu'il y ait une coordination des experts des infectiologues, des neuropédiatres, et des virologues ! Nous sommes tout à fait prêts à nous investir dans cette démarche : on commence d'ailleurs à prendre des contacts avec les services de pédiatrie des CHU des Antilles-Guyane. Depuis des années la fréquence de la microcéphalie au niveau mondial est assez stable : c'est 2 à 3% de la population, quelle que soit l'origine géographique. Les augmentations très importantes de cas dans certains pays rend les équipes médicales inquiètes. Il faut donc abolument déterminer la responsabilité de tel ou tel agent infectieux."
Une nouvelle publication émet l'hypothèse que l'infection de la femme enceinte par le virus zika pourrait entraîner des lésions oculaires chez le foetus. Un travail préliminaire mené dans un hôpital de Salvador (Brésil) sur 29 nouveau-nés microcéphales signale des lésions touchant la rétine et le nerf optique.
Conseils aux futures mamans
Se protéger du moustique (surtout pendant les premiers mois de grossesse) : porter des vêtements longs, s'asperger de répulsif cutané, installer des moustiquaires, allumer la climatisation... L'insecte est particulièrement actif la journée. Les gîtes larvaires (eaux stagnantes où se trouvent les larves) doivent être éliminés pour limiter la prolifération.Voir régulièrement un médecin : un suivi et une prise en charge spécifique sont recommandés aux femmes enceintes, qui peuvent se rendre dans les CHU. Car il existe des formes asymptomatiques du zika (des arbovirus en général). Une des rares études sur la question, réalisée au Brésil sur deux femmes ayant mis au monde des enfants microcéphales, montre que leur liquide amniotique portait la trace du virus alors qu'il n'était plus présent dans leur sang. Une "association forte de constatations" pour la neuropédiatre Sandrine Passemard, qui confirme "qu'on ne sait pas toujours dater l'infection maternelle".