Le procureur de la République de Mayotte a prédit un "cataclysme" en 2017 si la délinquance continuait d'augmenter cette année, lors de son réquisitoire tenu mardi à l'occasion de l'audience de rentrée du tribunal de Mayotte.
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"Restons lucides : nous ne pourrons pas continuer longtemps à ce rythme", a averti le procureur Joël Garrigue, rappelant les chiffres "catastrophiques" selon lui des derniers états-majors de la sécurité à Mayotte : en 2015, le nombre d'agressions physiques a augmenté de 50% par rapport à 2014 et un tiers des faits de la délinquance totale sont imputables à des mineurs, un chiffre bien au-delà de la moyenne nationale à "un peu moins de 20%", selon le procureur de la République.
Des chiffres alarmants
Le magistrat a fait état de chiffres en constante augmentation : nombre de mineurs passés devant le juge pour enfants en 2015 (31% de plus qu'en 2014 et 55% de plus qu'en 2013), nombre de journées d'incarcération (3.430 en 2014, 4.440 en 2015) et nombre moyen de mineurs incarcérés (10 en 2014, 14 en 2015 et déjà 20 en 2016).
Drogue et rivalités intervillageoises
Joël Garrigue voit deux causes à l'accroissement de cette délinquance : l'arrivée de la drogue de synthèse "le chimique" sur l'île et les violences "inouïes", dit-il, déclenchées par les rivalités intervillageoises, rixes qui ont fait une victime ce week-end, un adolescent décédé de ses blessures après avoir été violemment battu par d'autres jeunes la semaine dernière. A la suite de cet évènement, des dizaines de mères de famille ont manifesté ce mardi. "Non à la violence, ça suffit, plus jamais ça", ont-elles scandé.
Le procureur a conclu son réquisitoire en interpellant les parents, le conseil départemental, l'Etat, les communes et les maires ainsi que le parquet sur leurs responsabilités respectives vis-à-vis de ces enfants en danger, "au centre d'enjeux qu'ils n'ont pas créés", a-t-il rappelé, paraphrasant le rapport du Défenseur des droits sur la situation à Mayotte paru en novembre 2015.
Le procureur a conclu son réquisitoire en interpellant les parents, le conseil départemental, l'Etat, les communes et les maires ainsi que le parquet sur leurs responsabilités respectives vis-à-vis de ces enfants en danger, "au centre d'enjeux qu'ils n'ont pas créés", a-t-il rappelé, paraphrasant le rapport du Défenseur des droits sur la situation à Mayotte paru en novembre 2015.