Christiane Taubira : "La gauche paiera longtemps le débat actuel sur la déchéance"

Dans une interview, l'ex-ministre de la Justice regrette que la gauche "ne renouvelle pas sa pensée". Elle revient sur sa démission du gouvernement, une "décision profondément politique et éthique" et affirme son envie de continuer à se battre face à "l'impuissance politique".
Depuis qu'elle a quitté le gouvernement il y a deux semaines, Christiane Taubira a retrouvé sa liberté. Elle a publié Murmures à la jeunesse, a participé à l'émission On n'est pas couché, et s'est livrée à plusieurs interviews. Dans un entretien fleuve aux Inrockuptibles, l'ex-ministre de la Justice réitère son appel aux jeunes générations lancé dans son livre. Celles-ci doivent "bousculer les habitudes" pour "accéder aux responsabilités politiques". Le combat à mener pour l'égalité est une "urgence", explique-t-elle.

Et de s'interroger : sur les trop nombreuses fractures qui persistent au sein d’une même génération. "C’est cela notre grand échec. Il faut assurer davantage de mobilité sociale, territoriale, créer de la mixité, de la rencontre", martèle l'ancienne Garde des Sceaux, restée près de quatre ans à son poste.

"J'aurais pu m'en aller quand Manuel Valls est devenu Premier ministre"

Revenant sur sa décision de quitter le gouvernement, Christiane Taubira assure ne pas avoir pris une "décision légère" mais "profondément politique et éthique" alors qu'elle était "très attachée à la réforme de la justice des mineurs". "J’aurais pu m’en aller quand Manuel Valls est devenu Premier ministre. J’ai estimé que j’avais des choses importantes à faire. Et je les ai faites ! ", s'exclame la Guyanaise, qui s'est notamment battue pour faire passer la loi sur le mariage pour tous.

La gauche "ne renouvelle pas sa pensée"

L'ex-pensionnaire de la place Vendôme réaffirme son opposition à la déchéance de nationalité, "une absurdité". "La gauche paiera d’ailleurs longtemps le débat actuel sur la déchéance", promet-elle. Une gauche qui selon elle ne sait plus se réinventer, qui "ne renouvelle pas sa pensée. J’entends dire que le pays se droitise. Mais la gauche est-elle obligée d’accompagner cette droitisation ? J’ai plutôt envie de batailler et d’expliquer pourquoi la gauche porte le projet possible pour l’avenir", confie-t-elle.

"L'urgence de combat"

Christiane Taubira a également évoqué son avenir. Elle souhaite toujours construire sa bibliothèque au toit transparent en Guyane, projet qui visiblement attendra. "Qui vous a dit que j’allais me reposer", face à "une telle urgence de combat". Et celle qui "n'accepte pas l'impuissance politique" de conclure "je suis prête à me battre", "je ne fuirai pas ma part de responsabilité".