Haïti : le président intérimaire Jocelerme Privert veut un audit sur la gestion de l'ancienne administration

Le président intérimaire d'Haïti Jocelerme Privert durant sa conférence de presse au palais présidentiel.
Le président intérimaire d'Haïti Jocelerme Privert, élu la semaine dernière par le Parlement, a expliqué lors d'une conférence de presse au palais présidentiel, qu'il ferait "tout ce qui est en son pouvoir" pour "clarifier la gestion de l'ancienne administration". 
"Tous les acteurs que j'ai rencontrés, qu'ils viennent de la société civile, des partis politiques ou de simples citoyens, exigent et demandent la reddition des comptes pour clarifier la gestion de l'ancienne administration qui liquide encore les affaires courantes", a indiqué vendredi Jocelerme Privert qui "n'écarte pas la possibilité de créer une task force à travers la Cour des Comptes, l'unité de lutte contre la corruption et de l'unité de contrôle et de renseignements financiers".
        

Accusations de corruption 

"Je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour forcer ces institutions à s'acquitter de leur responsabilité" a-t-il ajouté. Durant tout le mandat du sortant Michel Martelly, l'opposition a dénoncé la corruption du pouvoir exécutif, accusant notamment la première dame et le fils ainé du président de détournements de fonds publics. Sans s'exprimer sur ces accusations, l'économiste Kesner Pharel a néanmoins expliqué à l'AFP que "l'administration Martelly était un peu populiste, en faisant des dépenses creusant le déficit budgétaire".
        
Après cinq jours passés à la présidence, Jocelerme Privert s'insurge par ailleurs contre les diverses nominations de hauts fonctionnaires effectuées par Michel Martelly la veille de son départ du pouvoir. "Pas plus tard que ce matin, j'ai appris que des dizaines de fonctionnaires, nommés dans différentes ambassades ou consulats, sont en cours de voyage pour regagner leurs postes" a annoncé le président intérimaire aux médias. "Ce midi, j'ai signé une note au Premier ministre pour instruire les ministres de surseoir à toute nomination et installation dans l'administration publique", a-t-il ajouté.
        

Maigres recettes fiscales

"Les finances publiques sont dans une situation alarmante et catastrophique qui appelle à une rectification du budget", a annoncé le président intérimaire en expliquant que les maigres recettes récoltées pour les cinq premiers mois de l'année fiscale sont loin d'atteindre les montants prévus dans le budget, approuvé en octobre par la précédente administration.
        
Afin de réduire les dépenses publiques, le président intérimaire a annoncé que son gouvernement sera composé "d'un maximum de 15 ministres", contre les 20 ministres et plus de 20 secrétaires d'Etat au sein du gouvernement démissionnaire. Jocelerme Privert va poursuivre jusqu'à lundi les négociations avec les partis politiques et la société civile pour désigner un Premier ministre de consensus et un gouvernement capable de satisfaire les attentes de la classe politique très polarisée.