Ce devait être une étape de son tour du monde, il en a fait sa dernière demeure. Quarante ans après la mort de Jacques Brel, un nouvel ouvrage enrichi paraît sur la vie du chanteur aux Marquises en Polynésie Française.
Patiemment, passionnément, il a récolté des anecdotes, des témoignages, des photos et des enregistrements audios sur le chanteur belge. En riant, il raconte avoir essoré "toutes les mémoires possibles". Par quête personnelle, d'abord. Une façon de rendre hommage à celui dont les vers l'ont inspiré à lancer sa revue Paroles et Musiques en 1980.
"Nous savons tous les deux que le monde sommeille par manque d'imprudence"
Car après avoir réalisé celui de la scène, quittée à l'Olympia en 1966, la voile agite les songes du chanteur. En 1974, avec Maddly, ils partent à bord de l'Askoy pour un tour du monde en voile. Une aventure compliquée, interrompue par une lourde opération qui laisse Jacques Brel avec un poumon en moins, et finalement achevée sur l'île d'Hiva Oa aux Marquises.
Le "bon samaritain des Marquises"
Une île sans télévision, sans téléphone, où Jacques Brel quitte le costume de chanteur mondialement connu pour celui d'un simple anonyme. Pour preuve, cette anecdote racontée par Fred Hidalgo, où Jacques Brel venant récupérer son courrier, se voit prié par le postier de présenter des papiers d'identité.
Là-bas, Jacques Brel réalise un autre rêve, celui de piloter à nouveau. Il s'offre un petit avion, baptisé Jojo du nom de son grand ami disparu. Avec, il transporte des malades et des femmes enceintes sur le point d'accoucher, achemine du courrier et des vivres. "Jacques Brel met en pratique l'humanisme théorisé dans ses chansons", résume Fred Hidalgo. Quarante ans plus tard, à Hiva Oa, c'est bien le souvenir d'un "bienfaiteur des îles [...] qui avait compris que c'était des îles oubliées" qui subsiste. Celui d'un rêveur accompli.Jacques Brel : Le voyage au bout de la vie, éditions de l'Archipel, septembre 2018, 464 pages.