Ce devait être une étape de son tour du monde, il en a fait sa dernière demeure. Quarante ans après la mort de Jacques Brel, un nouvel ouvrage enrichi paraît sur la vie du chanteur aux Marquises en Polynésie Française.
"Je fais maintenant partie du cercle des amis du poète disparu", glisse Fred Hidalgo un sourire dans la voix. Ce poète disparu, c'est Jacques Brel, mort il y a 40 ans, le 9 octobre 1978, des suites d'un cancer du poumon. Une vie terminée aux Marquises, un archipel de la Polynésie Française, que Fred Hidalgo raconte dans son nouvel ouvrage intitulé Jacques Brel : Le voyage au bout de la vie.
Pendant trente ans, cet ancien journaliste amoureux de chanson française a côtoyé les plus grands noms et tissé des liens intimes avec certains et avec leurs proches. Charles Aznavour, Alain Souchon, Jean-Jacques Goldman, il les a tous vus... ou presque. "La plus grande frustration de ma vie, c'est de ne jamais avoir rencontré Jacques Brel", confie-t-il. Pourtant, Fred Hidalgo doit le connaître mieux que personne.
Patiemment, passionnément, il a récolté des anecdotes, des témoignages, des photos et des enregistrements audios sur le chanteur belge. En riant, il raconte avoir essoré "toutes les mémoires possibles". Par quête personnelle, d'abord. Une façon de rendre hommage à celui dont les vers l'ont inspiré à lancer sa revue Paroles et Musiques en 1980.
Car après avoir réalisé celui de la scène, quittée à l'Olympia en 1966, la voile agite les songes du chanteur. En 1974, avec Maddly, ils partent à bord de l'Askoy pour un tour du monde en voile. Une aventure compliquée, interrompue par une lourde opération qui laisse Jacques Brel avec un poumon en moins, et finalement achevée sur l'île d'Hiva Oa aux Marquises.
Une île sans télévision, sans téléphone, où Jacques Brel quitte le costume de chanteur mondialement connu pour celui d'un simple anonyme. Pour preuve, cette anecdote racontée par Fred Hidalgo, où Jacques Brel venant récupérer son courrier, se voit prié par le postier de présenter des papiers d'identité.
Là-bas, Jacques Brel réalise un autre rêve, celui de piloter à nouveau. Il s'offre un petit avion, baptisé Jojo du nom de son grand ami disparu. Avec, il transporte des malades et des femmes enceintes sur le point d'accoucher, achemine du courrier et des vivres. "Jacques Brel met en pratique l'humanisme théorisé dans ses chansons", résume Fred Hidalgo. Quarante ans plus tard, à Hiva Oa, c'est bien le souvenir d'un "bienfaiteur des îles [...] qui avait compris que c'était des îles oubliées" qui subsiste. Celui d'un rêveur accompli.Jacques Brel : Le voyage au bout de la vie, éditions de l'Archipel, septembre 2018, 464 pages.
Quête personnelle de l'imprudence
Patiemment, passionnément, il a récolté des anecdotes, des témoignages, des photos et des enregistrements audios sur le chanteur belge. En riant, il raconte avoir essoré "toutes les mémoires possibles". Par quête personnelle, d'abord. Une façon de rendre hommage à celui dont les vers l'ont inspiré à lancer sa revue Paroles et Musiques en 1980.
Mais c'était aussi une manière de marcher sur les pas d'un autre Brel. Un Brel comme "un papillon sorti de sa chrysalide" après avoir fui la notoriété, la scène, les projecteurs. Alors, à sa retraite, Fred Hidalgo et son épouse partent en Polynésie Française sur ses traces. Aucune envie d'écrire un livre, juste la même volonté d'aller au bout, de vivre les choses le plus intensément possible : "Je savais pourquoi il avait arrêté la scène mais j'avais toujours eu dans l'idée de voir comment il vivait sa vie là-bas". Un premier voyage d'un mois et demi, suivi d'autres et de rencontres avec son entourage le plus proche. Sa famille, comme sa compagne Maddly Bamy, actrice et danseuse d'origine guadeloupéenne, ses filles, mais aussi ses amis comme Charley Marouani, impresario et intime jusqu'aux dernières heures de Brel, ou des voisins des Marquises, témoins de son quotidien."Nous savons tous les deux que le monde sommeille par manque d'imprudence"
L'histoire d'un homme de rêves
Petit à petit, l'enquête de Fred Hidalgo se transforme en "confidence d'une existence", faite par les proches de Jacques Brel qui deviennent à leur tour ses amis. Il explique : "Après avoir vu mon premier livre, ceux qui m'avaient raconté des anecdotes m'ont donné toute confiance et m'ont confié d'autres histoires, d'autres documents". De quoi constituer le portrait d'un homme de rêves.Car après avoir réalisé celui de la scène, quittée à l'Olympia en 1966, la voile agite les songes du chanteur. En 1974, avec Maddly, ils partent à bord de l'Askoy pour un tour du monde en voile. Une aventure compliquée, interrompue par une lourde opération qui laisse Jacques Brel avec un poumon en moins, et finalement achevée sur l'île d'Hiva Oa aux Marquises.
Le "bon samaritain des Marquises"
Une île sans télévision, sans téléphone, où Jacques Brel quitte le costume de chanteur mondialement connu pour celui d'un simple anonyme. Pour preuve, cette anecdote racontée par Fred Hidalgo, où Jacques Brel venant récupérer son courrier, se voit prié par le postier de présenter des papiers d'identité.
Là-bas, Jacques Brel réalise un autre rêve, celui de piloter à nouveau. Il s'offre un petit avion, baptisé Jojo du nom de son grand ami disparu. Avec, il transporte des malades et des femmes enceintes sur le point d'accoucher, achemine du courrier et des vivres. "Jacques Brel met en pratique l'humanisme théorisé dans ses chansons", résume Fred Hidalgo. Quarante ans plus tard, à Hiva Oa, c'est bien le souvenir d'un "bienfaiteur des îles [...] qui avait compris que c'était des îles oubliées" qui subsiste. Celui d'un rêveur accompli.Jacques Brel : Le voyage au bout de la vie, éditions de l'Archipel, septembre 2018, 464 pages.