À Cholet, l'ex-basketteur guadeloupéen Jim Bilba s'est transformé en ambassadeur des sports

Portrait de l'ex-basketteur guadeloupéen Jim Bilba chez lui à Cholet.

Le temps file. Jim Bilba a aujourd'hui 53 ans. Le temps court. Vingt ans d'une fantastique carrière de basketteur. Près de dix en tant qu'assistant-coach. Depuis 2018, le Guadeloupéen est ambassadeur des sports à Cholet. Hier défenseur hors pair. Désormais bâtisseur dans les Mauges.

Dans notre monde actuel hyper-connecté, c'est inimaginable. Impossible. Pourtant en 1986, un jeune basketteur prometteur du Asc Ban-é-Lot avait bien peu de solutions pour être détecté. Une seule en réalité : faire sa valise et prendre l'avion. Direction l'Hexagone. Jim Bilba, 18 ans, s'envole donc avec son agent Jean-Pierre Cotellon. Dans un premier temps, ils rendent visite au club de Pau-Orthez. Refus poli des Palois. Claque énorme pour Jim. Mais l'agent contacte ensuite Michel Léger qui doit monter un centre de formation à Cholet. "Michel m'a avoué plus tard qu'il avait flashé sur mon nom avant même de me voir jouer, sourit le Guadeloupéen. Jim Bilba, il trouvait que ça sonnait bien ! Mon aventure a commencé ainsi."

Champion de France. Empereur grec. Roi d'Europe. Vice-champion olympique. Jim Bilba a cumulé les honneurs et les titres. Il n'a cessé de guerroyer qu'à l'âge de 39 ans. Un joueur majeur que la jeune génération ne connaît malheureusement pas. "C'est tout à fait normal. Aujourd'hui, les jeunes ont pour modèle Rudy Gobert. Voire Florent Piétrus ou Mickaël Gelabale. Alors que moi, ils ne m'ont jamais vu sur les parquets. En revanche, leurs parents m'ont côtoyé. C'est ainsi." Chaque époque a ses héros.

Le Guadeloupéen Jim Bilba avec Gilles Bourdouleix, maire de Cholet.

 

Monsieur l'ambassadeur

En juin 2017, le contrat d'assistant-coach de Jim Bilba au CSP Limoges n'est pas renouvelé. Avec son épouse, le Guadeloupéen retrouve leur maison à Cholet. Il pense qu'il va rebondir. Vite. Sauf que… "Je n'ai pas reçu le moindre appel. Le monde du basket fonctionne en réseau. Pas moi." Un bilan de compétences plus tard, Jim envoie quelques CV. Dont un à la mairie de Cholet. Bingo immédiat. "Gilles Bourdouleix, le maire m'a proposé ce poste de chargé de mission et d'ambassadeur du sport de haut niveau pour l'Agglomération. Ça m'a fait hyper-plaisir. J'ai pu découvrir toute l'arrière-boutique du monde du sport : son fonctionnement, ses infrastructures, son financement, ses subventions, ses passionnés qui ne renoncent jamais…"

Un monde du sport professionnel, semi-pro et amateur. Du tennis de table au football en passant par le hockey-sur-glace. Large palette de disciplines. Et pourtant, depuis mars 2020, la problématique est un peu la même pour tout le monde. La pandémie mondiale de Covid-19 empêche très souvent la pratique. "Quand j'échange avec les dirigeants de différents clubs du pays choletais, ils ont tous la même inquiétude : retrouveront-ils leurs licenciés en septembre prochain ? La question est légitime. Tout comme celle du retour à la normale. J'avais négocié avec les organisateurs du Tour de la Guadeloupe pour que notre équipe cycliste de l'UCC 49 soit au départ. Ça devait se faire en 2020 avant d'être logiquement annulé. Mais avec le coronavirus, quand pourra-t-on relancer une telle opération ?"

Le Guadeloupéen Jim Bilba lors de ses premières années de basketteur sous le maillot de Cholet.

 

Le basket a fait rayonner Cholet

Dans ses nouvelles fonctions, Jim Bilba rencontre les dirigeants de toutes les disciplines de l'Agglomération choletaise. Un vaste champ d'actions dans une région multisports qui doit quand même beaucoup au basket. Car Cholet est connue pour deux choses : ses mouchoirs rouges et… ses basketteurs installés à la salle de la Meilleraie. "Il faut dire ce qui est, reconnaît le Guadeloupéen. Le basket a permis à Cholet d'être connue au niveau européen. Son centre de formation est devenu une référence. Et son équipe première fait vibrer toute la région."

Il n'empêche que le Cholet Basket n'a pas les moyens financiers de Lyon-Villeurbanne, Monaco ou Strasbourg. Comment une valeureuse équipe de clocher peut-elle continuer à lutter contre les puissantes mégapoles ? "Très simple, répond Jim Bilba. En continuant à former des jeunes. En allant chercher des éléments talentueux dans les divisions inférieures. Et en essayant de faire les bons choix concernant les joueurs étrangers. Cholet Basket a les moyens de s'en sortir. N'oublions pas que les difficultés financières liées à la crise sanitaire se retrouvent partout. En France et dans toute l'Europe."

Le basketteur guadeloupéen Jim Bilba avec l'équipe de France finaliste olympique à Sydney en 2000.

 

La belle ballade de Jim

Jim Bilba a connu bien des moments magiques durant sa carrière de joueur. Une finale olympique avec l'équipe de France en 2000. Une victoire en Euroligue avec le CSP Limoges en 1993. Et si c'était à refaire ? Et si Jim avait de nouveau 18 ans ? "18 ans en 2021 ? Je rêverais certainement de NBA. Comme tous les jeunes aujourd'hui. Alors qu'en 1986, le championnat américain n'était pratiquement pas diffusé en France. Je voulais juste devenir basketteur professionnel. Faire mon trou dans un rôle défensif. Et chaque année, je me battais pour progresser dans un nouveau domaine. Je me suis éclaté pendant plus de vingt ans. Aucun regret."

Aucun regret et une grande satisfaction : celle d'avoir contribué à transformer l'image des champions français. "En l'espace de trente ans, le sport collectif tricolore a connu une sacrée révolution. Au début de ma carrière dans le basket, nous avions tendance à affronter les équipes étrangères avec un sentiment d'infériorité. Petit à petit, nous avons évolué mentalement et fini par nous imposer. Désormais les joueurs français sont craints. Ça change sacrément la donne. Mes valeurs ? Ne jamais céder. Se remettre en question en permanence. Jouer avec son cœur et prendre du plaisir. Voilà ce qui m'a construit."

 

►En bonus, découvrez ce document de 2018 de France 3 Pays de la Loire lorsque Jim Bilba a pris ses nouvelles fonctions à l'Agglomération de Cholet. Reportage signé Boris Vioche, Antoine Ropert, Jean-Pierre Brenuchon et Florence Thibert :