A la Cop 26, le message du Pacifique est porté par cinq champions du climat envoyés à Glasgow [Planète Outre-mer]

La montée du niveau de l'océan menace les îles du Pacifique
Les pays du Pacifique ne pourront pas venir à la Cop 26 en raison de la crise sanitaire. Pour se faire entendre, ils ont nommé cinq champions du climat qui vont exhorter la communauté internationale à ne pas dépasser 1,5 degré de réchauffement au-delà duquel leurs îles sont en danger.

A la Cop 26, les pays de Pacifique souhaitent se faire entendre car l’enjeu de limiter le réchauffement climatique à + 1,5 degré est crucial pour ces états insulaires. C’est d’ailleurs leur mobilisation qui a permis d’inscrire à l’Accord de Paris en 2015 ce seuil d’un degré et demi au-delà duquel la survie de leurs îles est remise en question. Reste à savoir s’il reste encore une chance de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré qui est toutefois l’objectif premier de la présidence britannique pour la Cop 26.

A la Cop 26, les pays du Pacifique vont monter le ton. Il faut absolument que les pays du nord s’engagent à respecter l’Accord de Paris. Et ce n’est pas un réchauffement à 2 degrés qu’il faut qu’on obtienne mais bien 1 degré 5 car entre 1 degré 5 et 2 degré, nous, les états du Pacifique, on disparaît 

- Maïna Sage, députée de la Polynésie Française


A la conférence sur le climat, les états devront restaurer la confiance et la solidarité entre les pays riches du Nord historiquement responsables du réchauffement et ceux du Sud en première ligne face aux impacts.

Maïna Sage est la seule représentante des Outre-mer à la Cop 26. La députée de Polynésie y sera en tant que membre de la commission développement durable et aménagement du territoire de l’Assemblée nationale.

Maina Sage à l'Assemblée nationale

 

A la Cop 26, le Pacifique s’organise pour faire entendre son message

La Cop 26 vient d’ouvrir ses portes à Glasgow mais les pays du Pacifique ne peuvent pas s’y déplacer en nombre en raison de la crise sanitaire, actuellement très présente chez eux. Un handicape que la solidarité entre les états insulaires de la région va tenter de contourner. Pour représenter l’Océanie dont les territoires français du Pacifique, cinq émissaires ou "champions du climat" ont été envoyés à Glasgow.

Cinq champions du climat participent à la Cop 26 à Glasgow pour défendre les intérêts des états du Pacifique. De gauche à droite : Bruce Bilimon ministre de la santé des Îles Marshall, Steven Victor ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'environnement de la République de Palau, Mark Brown premier ministre des Îles Cook, Seve Paeniu, ministre des finances de Tuvalu, Aiyaz Sayed-Khaiyum ministre de l'économie, des communications et du changement climatique des îles Fidji

 

Les îles Cook vont représenter les pays du Pacifique sur le thème des finances climatiques, les Îles Marshall sur l’ambition climatique, Palau sur l’intégrité environnementale, Tuvalu représentera le Pacifique sur la thématique des pertes et dommages et Fidji sur le thème des océans

- Anne Claire Goarant, responsable du programme durabilité environnementale et changement climatique à la CPS, la communauté du pacifique basée à Nouméa en Nouvelle Calédonie

 

La Nouvelle-Calédonie et la Polynésie ont ratifié ces messages et participé à l’élaboration de cette organisation décidée lors du forum des îles du Pacifique qui s’est déroulé en août 2021. Si ces deux territoires français en sont membre depuis 2016, Wallis et Futuna n’en a pour l’instant que le statut d’observateur.

Anne Claire Goarant, responsable du programme durabilité environnementale et changement climatique à la CPS, la communauté du pacifique basée à Nouméa en Nouvelle Calédonie

 

Le détail des messages du Pacifique

Le message du Pacifique sur les finances climat

En 2015, les pays les plus polluants se sont engagés à mobiliser 100 milliards de dollars (soit 86 milliards d’euros) par an d’ici 2020 pour soutenir les pays en voie de développement souvent les plus impactés par le changement climatique comme les pays du Pacifique. Jusqu’à présent, la somme des 100 milliards qui doit abonder le fond climat n’a encore jamais été atteint. En 2019, les pays développés ont redistribué 80 milliards de dollars selon l’organisation de coopération et de développement économique (OCDE) et pour 2020, ça ne devrait pas être beaucoup plus.

Il faut non seulement atteindre ces 100 milliards de dollars pour le fond climat mais il faut également faciliter son accès. Monter un dossier peut prendre deux ou trois ans, alors que les Etats du Pacifique sont de tous petits pays avec peu de personnes formées donc l’accès à ses fonds est encore trop compliqué. 

- Anne Claire Goarant, responsable du programme durabilité environnementale et changement climatique à la CPS, la communauté du pacifique basée à Nouméa en Nouvelle Calédonie

 

Ce fond climat n’est pas ouvert aux Outre-mer français car ils sont rattachés aux territoires les plus polluants qui doivent justement l’abonder. D’où la création en 2017 du fond vert européen ouvert aux territoires du Pacifique français puis élargi en 2018 aux autres Outre-mer.

30 % de la biomasse des océans est associée aux récifs coraliens. Un demi-milliard de personnes assurent leur apport en protéine grâce aux récifs coralliens au quotidien. Au delà de 2 degrés de réchauffement de la température de l'océan, la survie de la plupart des récifs est remise en question. (photo de la passe sud de Fakarava en Polynésie)

Bien-sûr que je souhaiterais que les territoires français du Pacifique puissent bénéficier du fond climat mais il existe une forte solidarité entre tous les pays de la région, y compris sur les questions de financements. D’ailleurs, en 2017, le ministère des Outre-mers a ouvert des budgets pour soutenir des initiatives communes entre les territoires français du Pacifique et nos îles voisines.

- Maïna Sage, député de la Polynésie française

 

A l’Accord de Paris, les pays du Pacifique ont pris des engagements pour mettre en place des actions d’adaptation aux impacts du changement climatique comme par exemple construire des digues, investir dans une agriculture résiliente, former des jeunes etc.

Mais cela nécessite des fonds extérieurs aux pays car la plupart des pays du Pacifique n’ont pas les ressources pour mener ces politiques.

- Anne Claire Goarant, responsable du programme durabilité environnementale et changement climatique à la CPS, la communauté du pacifique basée à Nouméa

 

La banque mondiale chiffre les besoins en investissement dans un développement durable entre 1000 et 2000 milliards de dollars par an pour les pays en développement. De son côté, l'ONU a évalué en 2016, le coût de l’adaptation au réchauffement climatique à un montant compris entre 140 et 300 milliards de dollars par an d’ici 2030.

Le message sur l’ambition climatique est porté par les Îles Marshall

Il s’agit de pousser les plus gros émetteurs de Gaz à effet de serre (GES) à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 pour garantir un réchauffement climatique qui ne dépassera pas 1,5 degré. Pour les îles du Pacifique, l’ambition climatique, c’est également la formation des jeunes aux métiers d’avenir, plutôt que de s’appuyer sur l’aide au développement. Miser sur une nouvelle élite pour permettre ainsi à la région d’être mieux représenter dans les instances internationales et les organismes de recherche où le Pacifique est aujourd’hui sous-représenté.

Le message sur l’intégrité environnemental est porté par Palau

Le message sur l’intégrité environnemental est un des enjeux majeurs de la Cop 26. Il s’agit de mettre en place un système transparent qui permettra de vérifier que les pays respectent leur engagement d’atténuation des émissions de GES et que les chiffres avancés reposent sur des données scientifiques.

Le message des pertes et dommages est porté par Tuvalu

Selon les rapports du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), les îles du Pacifique subissent d’ores et déjà des impacts dus au dérèglement climatique et font donc face à des pertes et dommages.  Il y a deux types de dommages, ceux qui causés par un évènement climatique majeur comme un "super cyclone", des inondations ou des sécheresses massives entraînant des conséquences immédiates sur les populations. Alors que d’autres dommages sont plus insidieux. L’augmentation du niveau de la mer permet à l’eau salée de s’infiltrer jour après jour dans les terres de certaines îles du Pacifique au point où une partie de leurs terres agricole n’est plus cultivable.

Les pays du Pacifique demandent que la reconstruction des îles et la réhabilitation des habitants après une grosse catastrophe soit facilité par une sorte d’assurance mondiale. Un système de finance climatique facile d’accès qui pourrait être débloqué rapidement en cas d’urgence

- Anne Claire Goarant, responsable du programme durabilité environnementale et changement climatique à la CPS, la communauté du pacifique basée à Nouméa en Nouvelle Calédonie

 

 

Le message du Pacifique sur l’Océan est porté par les îles Fidji

Ce message a pour objectif de renforcer le lien entre Océan, climat et biodiversité pour une meilleure prise en compte des impacts des changements climatiques sur les océans. Cela permettrait d’atteindre quatre objectifs majeurs pour le Pacifique :

1 - Sécuriser les frontières maritimes qui peuvent être modifiées en raison de l’élévation du niveau de la mer.

2 - Préserver les ressources halieutiques (en particulier du thon) ainsi que les espèces qui aliment la pêche côtière qui constitue une part très importante des ressources financières des pays.

3 - Protéger durablement les récifs coralliens qui sont cruciaux à la fois pour la préservation des littoraux et la biodiversité.

4 - Limiter l’acidification de l’océan car cela aura des conséquences très lourdes sur ses ressources et sa santé.