"Surtout, je ne veux pas perturber sa vie", insiste Maëva d'une voix douce. Née sous X le 30 septembre 2000 à Vaulx-en-Velin, dans la banlieue lyonnaise, la jeune maman a décidé le 15 décembre dernier de lancer un appel à l'aide, via le compte Facebook d'une amie. D'après les informations qu'elle détient, sa maman est Réunionnaise et elle vivrait actuellement sur l'île.
À 22 ans, Maëva a relancé son enquête sur ses origines. Elle avait déjà essayé de reprendre contact avec sa mère à plusieurs reprises, en vain. Aujourd'hui, elle reprend ses recherches pour sa fille âgée de quatre mois et atteinte d'un problème auditif à l'oreille gauche. "Il y a des sons qu'elle n'entend pas. Parfois, quand on s'approche d'elle, elle ne l'entend pas, elle est surprise et elle pleure", raconte Maëva. "Les médecins cherchent à savoir si ça pourrait être génétique."
Famille Réunionnaise
Grâce à son dossier d'adoption, la Réunionnaise est en possession de plusieurs informations sur ses présumés parents : "Je sais que ma mère avait 33 ans lorsqu'elle m'a eu. Elle a également trois autres enfants, trois fils d'une précédente union et le plus grand avait 15 ans à ma naissance. Je sais aussi que mon papa était Réunionnais et qu'il est décédé d'un accident de moto sur l'île en février 2000", certifie la jeune femme.
Maëva est aussi certaine que sa mère biologique est à La Réunion. "Lorsque j'ai fait mes recherches en 2019, le CNAOP a retrouvé ma mère sur l'île", affirme-t-elle. Le conseil national pour l'accès aux origines personnelles (CNAOP) est un organisme d'État qui permet aux enfants nés sous X de retrouver la trace de leurs parents, sous certaines conditions.
Six ans de recherches
La Réunionnaise d'origine tente de rentrer en contact avec sa mère depuis ses 16 ans. Aidée par sa famille adoptive, elle entame une première procédure qui n'aboutira pas. Elle patiente ensuite jusqu'à sa majorité et décide d'envoyer une lettre à destination de sa mère en passant par le CNAOP. "Je lui avais mis une photo de quand je suis née et je lui demandais une photo de mon père biologique. Je lui demandais aussi pourquoi elle avait pris cette décision me concernant", explique Maëva d'une voix fébrile.
En 2019, le CNAOP a retrouvé sa mère à La Réunion, mais elle refuse tout contact avec Maëva. "Soi-disant, elle ne voulait pas lever le secret sur son identité. Elle n'a pas envie de se remémorer l'histoire de l'accident [de son père]." La mère biologique de Maëva n'a jamais pris connaissance de la lettre.
"Au-delà de la maladie de ma fille, j'ai encore mes questions. J'aimerais avoir des photos de mon père", précise Maëva. À ce jour, la jeune maman vit seule avec ses deux enfants en bas âge, à Lyon. Depuis la diffusion de sa vidéo, elle n'a pas reçu de "réponse concrète" qui pourrait l'aiguiller dans ses recherches.
Selon la loi française, une femme qui a accouché sous X peut choisir de lever le secret sur son identité à tout moment au cours de sa vie. Elle peut aussi faire le choix de ne pas révéler son identité, y compris après son décès, ce qui reste conforme à la loi. "Je ne me fais pas de faux espoirs, mais j'aimerais qu'elle sache que c'est important pour moi qu'elle ouvre ma lettre. Comme elle date un peu, je pense que je vais en écrire une autre", conclu Maëva.