À Mayotte, une prise en charge des enfants et des femmes enceintes "loin des standards nationaux"

Maternité de Mamoudzou
Pas de dépistage des MST, deux fois moins de consultations au cours de la grossesse, mauvaise prise en charge du handicap ou de la malnutrition... La chambre régionale des comptes alerte sur la situation dans le département, qui connait la plus forte natalité de France.

À Mayotte, l'offre de prestations de la protection maternelle et infantile (PMI), qui prend en charge la santé des enfants jusqu'à six ans et des femmes enceintes, est "loin des standards nationaux", selon la chambre régionale des comptes (CRC). "L'offre de prestations de la protection maternelle et infantile (PMI) est loin des standards nationaux: trois consultations de grossesse au lieu de six, dépistage insuffisant des handicaps et de la malnutrition, traitement des maladies sexuellement transmissibles (MST) non proposé...", indique la CRC de Mayotte dans un rapport publié cette semaine, suite à un contrôle d'un an, d'avril 2022 à mars 2023. Et alors que la population a augmenté de 21% entre les deux recensements de 2012 et 2017, le rapport pointe la fermeture de "40% des centres en 15 ans".

La PMI doit pourtant faire "face à d'immenses défis, en raison de la natalité qui est la plus forte de France avec plus de 10.500 naissances en 2021, du taux de malnutrition des enfants de zéro à six ans, compris entre 5 et 10%, d'une immigration incontrôlée et d'une faible densité médicale", indique la CRC. La structure alerte également sur les retards pris pour "la mise en place des interruptions volontaires de grossesse (IVG) médicamenteuses, le démarrage des consultations itinérantes pour 'aller vers' les populations ou encore la facturation des prestations à l'assurance maladie".

Manque de budget

Ces résultats "médiocres", selon le rapport, s'expliquent principalement par les difficultés que le pôle santé, famille, enfance - qui regroupe la PMI et l'aide sociale à l'enfance - rencontre en matière de coordination avec les autres directions administratives et logistiques du département, retardant les projets. La protection maternelle et infantile est une compétence obligatoire des départements depuis 2006.

La CRC reproche également au département de n'affecter "que les compensations versées par l'État" et de ne pas "assumer financièrement sa compétence en matière de PMI", puisqu'aucun budget complémentaire n'est alloué à cette mission. La CRC alerte enfin sur la "situation budgétaire critique" de la PMI, liée à des dépenses ayant augmenté de 24% en moyenne chaque année, entre 2018 et 2021. Elle préconise un accompagnement de l'État.