Adeline Langeron, professeure de danse "Le Hip-Hop m'a éduquée"

Le 7 mars dernier, l'Assemblée nationale a adopté une proposition de loi visant à étendre le diplôme d'État (DE) de professeur de danse au Hip-Hop. Pour Adeline, professeure d'Éducation Physique dans un collège et également enseignante de cette danse née dans les quartiers populaires du monde entier, c'est une hérésie. Dans le milieu, la résistance s'organise.

" C'est une hérésie de penser à un tel diplôme quand on sait d'où vient le Hip-Hop. C'est une culture Afrodescendante qui vient des quartiers du Bronx aux Etats-Unis pour permettre aux jeunes de régler leurs conflits différemment. Ils ont construit leur art, il leur appartient ", aussi bien pour Adeline que pour l'écrasante majorité des danseurs et professeurs de Hip-Hop les choses sont claires. Avec cette loi l'Etat entend les déposséder de leur art si bien que deux collectifs ont vu le jour.  " Non à la loi 1149 " ainsi que " Le mouvement " qui mènent le combat avec certains députés à coups d'amendements à l'Assemblée pour empêcher cette loi de passer, mais ils sont peu entendus.  

" Je sais que je suis professeure de danse et personne de l'Etat ne me fera croire le contraire. Je ne me lancerai pas dans une formation qui n'a aucun sens, non je ne le ferai pas ", Adeline danse depuis l'âge de 13 ans, elle enseigne le Hip-Hop depuis qu'elle a 18 ans, c'est toute sa vie. Elle a grandi à Garges-Les-Gonesses en banlieue parisienne, éduquée dans une famille Martiniquaise avec les notions d'entraide, de partage qu'elle a aussi trouvé en dansant au quartier. Elle sait qu'elle fait partie d'une communauté qui partage ces mêmes valeurs, celles du Hip-Hop. 

" Je me mentais à moi-même en pensant que donner des cours de danse me suffisait alors que ce qui m'anime réellement c'est d'être danseuse, c'est vivre des moments de scène forts ", malgré tout son talent Adeline ne s'autorisait pas à s'exprimer pleinement, à saisir les opportunités qui se présentaient à elle. Elle est aujourd'hui prête à prendre la place qui lui revient dans ce milieu. Elle s'est mise à 80% de son autre passion, l'enseignement de l'éducation physique et sportive dans un collège de la région parisienne. Allant sur ses 34 ans, avec une stabilité affective et matérielle, le moment est venu pour elle de se trouver artistiquement car comme elle le dit si bien " Il faut s'aimer, se faire confiance, oser être soi-même, investir en soi car le temps passe très vite ".