Album découverte : "Les Bushinengé, Nèg Mawon de Guyane"

Peinture bushinengé. Photo du catalogue de l'association Libi Na Wan, du village saramaca de Kourou en Guyane.
Encore très peu connue de nos jours, la musique des Bushinengé de Guyane a été mise à l’honneur dans un album qui lui est entièrement consacré. Une belle initiative.
Les communautés bushinengé de Guyane sont encore mal connues, marginalisées du fait de leur localisation sur le territoire, et plus ou moins ghettoïsées dans les centres urbains. Pourtant, ces populations ont une histoire singulière et remarquable sur le plateau des Guyane et sont les héritières de cultures ancestrales qui ont leurs origines en Afrique et en Amazonie. Pour rappel, les Bushinengé sont des descendants d’esclaves africains, rebelles fugitifs qui ont combattu au XVIIIe siècle leurs anciens maîtres sur les plantations de Guyane hollandaise, devenue depuis le Suriname.

Ces communautés (divisées en plusieurs groupes, dont les plus importants les Saramaca et les Boni) sont installées maintenant depuis plus de deux siècles le long du fleuve Maroni et de ses affluents. Le terme Bushinengé vient de la langue néerlandaise, de "bosnegers" qui signifie "Nègres des bois", les esclaves fugitifs se réfugiant dans la forêt amazonienne. Les Bushinengé ont également été dénommés Nègres marrons ("Nèg mawon", en créole), le mot marron venant de l’espagnol "cimarron", qui signifie la fuite de personnes ou d’animaux retournant à un supposé "état sauvage".  


Transmission

Fait rare, on dispose maintenant d’un album consacré à la musique de ces "Africains de Guyane" ou d’Afro-Amazoniens, comme certains les qualifient. Publié par le label Buda Musique dans la catégorie Musique du monde, le CD intitulé "Les Bushinengé, Nèg Mawon de Guyane" donne un aperçu de leur riche répertoire. Simple et rythmée, balancée par des cœurs polyphoniques qui suivent un lead, l’influence de l’Afrique est frappante et omniprésente dans tous les titres. Destinée à être dansée, tambours, hochets et flûtes entre autres accompagnent les chants solos et les chœurs de cette musique.

Pour qui s’intéresse tant soit peu aux cultures africaines (notamment de l’ouest et du centre), on constatera, rien qu’à l’écoute, que le lien n’a jamais été rompu entre ces Africains déportés en Amazonie et le continent originel. En dépit des avanies de l’histoire, la transmission de l’héritage s’est effectuée, presque intacte. L’album est disponible à la vente ICI et sur les plateformes légales de téléchargement.

"Les Bushinengé, Nèg Mawon de Guyane"
(Label Buda Musique, distribution France: Universal)