Des centaines d'ambulanciers se sont rassemblés tôt ce lundi devant l'Assemblée Nationale et sur toute la place de la Concorde à Paris. Ils manifestent contre la réforme des transports sanitaires qui permettra aux établissements de choisir les sociétés à la place des patients.
Les ambulanciers sont en colère et ils veulent le faire entendre. Sirènes hurlantes, fumigènes et pancartes étaient de sortie dès 5h30 du matin sur la place de la Concorde à Paris. L'ensemble de la place a été bloquée par des centaines d'ambulanciers et des dizaines de véhicules d'ambulance, stationnés jusque devant l'Assemblée Nationale. Car c'est aux députés installés au Palais Bourbon que s'adresse cette colère.
En ligne de mire : l'article 80 du projet de financement de la sécurité sociale, qui instaure depuis le 1er octobre dernier la réforme des transports sanitaires. Désormais, ce ne sont plus les patients qui choisissent leurs transports sanitaires (ambulances ou taxis conventionnés) mais les établissements de santé directement par appel d'offre. Les cliniques et les hôpitaux en assument donc le coût à la place des caisses primaires d'assurance maladie.
Jusqu'à un vote récent des députés qui l'a fait supprimer, une disposition de l'article 29 du projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2019 prévoyait même la possibilité pour les agences régionales de santé d’accorder gratuitement des agréments de transport aux hôpitaux, quand ils peuvent coûter entre 60 et 350 000 euros selon les régions pour les professionnels.
Il existe déjà des forfaits d'agglomération et des forfaits départementaux, avec des valorisations selon la durée des trajets. Mais face à la réevaluation de ces derniers et à la concurrence de grands groupes, les ambulanciers et conducteurs de VSL (véhicules de transport sanitaires) s'estiment lésés.
C'est le cas de Brigitte Seillier-Joyaux. Avec son époux martiniquais, elle a fondé une société d'ambulances il y a 12 ans. Ils ont payé leur agrément 170 000 euros et elle nous explique ses inquiétudes avec, en fond, la crise sociale actuelle sur le coût de la vie :
De son côté, Stanley Apatout, ambulancier d'origine guadeloupéenne, raconte avoir pris un crédit de 300 000 euros pour obtenir une autorisation afin de réaliser des transports sanitaires, il y a 10 ans. Aujourd'hui, il craint que les hôpitaux ne fassent plus appel qu'à des grands groupes, plus en capacité d'être compétitifs sur les prix, voire qu'ils créent leurs propres services d'ambulances. "Pour les petites entreprises, ça annonce tout simplement une fermeture", résume-t-il. Stanley Apatout s'inquiète aussi de voir les patients traités "comme des colis".
Car au delà des questions financières, le lien avec les patients est aussi au cœur des inquiétudes. "Je transporte beaucoup d'enfants autistes pour leurs soins et ils ne supportent pas le changement", explique une ambulancière. "Aujourd'hui, les hôpitaux pourront faire appel à n'importe qui pour eux et j'ai peur qu'ils ne le supportent pas."
Ce lundi 3 décembre, les manifestants présents place de la Concorde à Paris ont été rejoints par le député de Seine-Saint-Denis Eric Coquerel (FI) et Jean Lassalle, député des Pyrénées-Atlantique. Pour eux, la colère des ambulanciers va plus loin que le rejet des lois de réforme des transports sanitaires. Ecoutez Eric Coquerel :
"S'ils n'entendent pas, nous ferons voter une motion de censure", a prévenu le député FI.
En ligne de mire : l'article 80 du projet de financement de la sécurité sociale, qui instaure depuis le 1er octobre dernier la réforme des transports sanitaires. Désormais, ce ne sont plus les patients qui choisissent leurs transports sanitaires (ambulances ou taxis conventionnés) mais les établissements de santé directement par appel d'offre. Les cliniques et les hôpitaux en assument donc le coût à la place des caisses primaires d'assurance maladie.
Jusqu'à un vote récent des députés qui l'a fait supprimer, une disposition de l'article 29 du projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2019 prévoyait même la possibilité pour les agences régionales de santé d’accorder gratuitement des agréments de transport aux hôpitaux, quand ils peuvent coûter entre 60 et 350 000 euros selon les régions pour les professionnels.
Plus de 5000 sociétés en danger
Résultat, une perte pour les ambulanciers qui craignent une "ubérisation" de leur métier. "C'est actuellement dramatique pour nous, car 80% des 5 600 sociétés, que nous sommes aujourd'hui, TPE et PME, sont menacées de fermeture", déclare Damien Chène, représentant du collectif Nouvelle-Aquitaine présent à la manifestation au micro de France Bleu. Un transporteur mahorais nous explique :Avant on était payés au kilométrage alors par exemple, pour un transfert médicalisé entre Paris et Bordeaux, on était payés environ 1500 euros. Aujourd'hui, c'est au forfait, environ 125 euros quel que soit la distance. C'est intéressant pour les petits trajets mais pas sur les grands.
Il existe déjà des forfaits d'agglomération et des forfaits départementaux, avec des valorisations selon la durée des trajets. Mais face à la réevaluation de ces derniers et à la concurrence de grands groupes, les ambulanciers et conducteurs de VSL (véhicules de transport sanitaires) s'estiment lésés.
C'est le cas de Brigitte Seillier-Joyaux. Avec son époux martiniquais, elle a fondé une société d'ambulances il y a 12 ans. Ils ont payé leur agrément 170 000 euros et elle nous explique ses inquiétudes avec, en fond, la crise sociale actuelle sur le coût de la vie :
"Des patients comme des colis"
De son côté, Stanley Apatout, ambulancier d'origine guadeloupéenne, raconte avoir pris un crédit de 300 000 euros pour obtenir une autorisation afin de réaliser des transports sanitaires, il y a 10 ans. Aujourd'hui, il craint que les hôpitaux ne fassent plus appel qu'à des grands groupes, plus en capacité d'être compétitifs sur les prix, voire qu'ils créent leurs propres services d'ambulances. "Pour les petites entreprises, ça annonce tout simplement une fermeture", résume-t-il. Stanley Apatout s'inquiète aussi de voir les patients traités "comme des colis".
Car au delà des questions financières, le lien avec les patients est aussi au cœur des inquiétudes. "Je transporte beaucoup d'enfants autistes pour leurs soins et ils ne supportent pas le changement", explique une ambulancière. "Aujourd'hui, les hôpitaux pourront faire appel à n'importe qui pour eux et j'ai peur qu'ils ne le supportent pas."
Plusieurs manifestations en un mois
Aujourd'hui encore, les ambulanciers demandent à être entendus par le gouvernement. Une centaine d'entre eux s'était déjà rassemblés à Marseille, Bordeaux et Lyon le 28 novembre. Et début novembre, des centaines de véhicules d'ambulances avaient bloqué le périphérique parisien pour protester contre cette réforme.Ce lundi 3 décembre, les manifestants présents place de la Concorde à Paris ont été rejoints par le député de Seine-Saint-Denis Eric Coquerel (FI) et Jean Lassalle, député des Pyrénées-Atlantique. Pour eux, la colère des ambulanciers va plus loin que le rejet des lois de réforme des transports sanitaires. Ecoutez Eric Coquerel :
"S'ils n'entendent pas, nous ferons voter une motion de censure", a prévenu le député FI.