Un an après le passage d'Irma, Saint-Martin et Saint-Barth se relèvent peu à peu

Le 6 septembre 2017, Saint-Martin et Saint-Barthélemy se réveillaient d'une nuit d'enfer, comme une grande partie des Caraïbes, et découvraient les ravages de l'ouragan Irma: un an plus tard, la reconstruction se poursuit sur les deux îles, mais le traumatisme est toujours là.
Les Saint-Martinois sont invités à marquer une minute de silence à midi (heure locale) en mémoire des 11 personnes tuées dans l'ouragan, qui a endommagé, à des degrés divers, 95% du bâti des deux îles. D'une intensité sans précédent sur l'Atlantique, avec des vents de plus de 350 km/h, Irma a dévasté une grande partie des Caraïbes, avant de poursuivre sa course vers Cuba et la Floride. Il a fait 134 morts au total et des dégâts considérables.
    
Pour les deux territoires français, le coût total des dommages est estimé à trois milliards d'euros, dont près de deux pour les biens assurés. Ecoles, gendarmerie, caserne des pompiers ou encore préfecture ont été détruites, tout comme les ports et aéroports. A Saint-Barthélemy les stigmates sont désormais peu visibles. "La reconstruction est quasiment réglée et la saison touristique va pouvoir se dérouler dans des conditions excellentes", assure Philippe Gustin, délégué interministériel à la reconstruction.


Crise du logement

Mais l'île connaît une grave crise du logement et la population se sent quelque peu oubliée par rapport à Saint-Martin. "C'est sûr que la situation est différente, mais on a aussi été tous marqués par Irma. Ma voisine a vécu le cyclone réfugiée dans sa citerne, elle a du mal à s'en remettre", raconte Julie qui habite St-Barth depuis trois ans. 
    
A Saint-Martin, île partagée entre une partie française et une partie néerlandaise, des toitures recouvertes de bâches et des maisons non réparées témoignent encore de la puissance du cyclone. La reconstruction a été en partie freinée par le retard des assureurs, notamment en raison des difficultés pour les experts à se rendre dans l'île après l'ouragan.

Selon la Fédération française des assurances, désormais "95% des dommages ont été indemnisés en tout ou partie et 1.260 millions d'euros ont été versés, soit 67% du coût total estimé".
  
 

Plages paradisiaques

 "Beaucoup ont attendu l'argent de l'assurance, et maintenant certains hésitent à se lancer dans des travaux à l'approche de la nouvelle saison cyclonique", explique le président de la collectivité de Saint-Martin, Daniel Gibbs. Autres freins, le difficile acheminement des matériaux et le manque de main d'oeuvre qualifiée, dans un secteur du BTP débordé. 
    
Les professionnels du tourisme attendent cependant les touristes, principale ressource économique de l'île, pour la prochaine saison qui débute en décembre, même si l'offre de chambres est réduite de moitié par rapport à ce qui existait auparavant. "Les touristes qui auront le culot de venir vont avoir des plages paradisiaques des Caraïbes pour eux tous seuls", assure le président de l'association des hôteliers, Patrick Seguin.

 

Chambre avec vue dégagée

L'île, qui concentre une population aux ressources financières limitées - avec seulement 40% de propriétaires assurés - et une immigration massive, reste fragile et la reconstruction n'empêche pas des situations encore précaires. A Quartier-d'Orléans, village parmi les plus pauvres, certaines familles vivent encore dans des maisons sans toit ou sans mur, à la merci d'un nouveau cyclone.

C'est le cas d'Anet, la quarantaine, qui vit avec ses trois enfants, dans les vestiges de sa maison. Désormais, la "chambre" de ses fils a une vue sur le lagon bien dégagée : le mur est entièrement tombé. "Il y a plein de moustiques, on n'a pas d'eau ni d'électricité. Je peux pas rester dans cette situation", explique-t-elle.

 

Stress post-traumatique

"Le cyclone a permis de révéler toute une frange de la population en précarité", souligne Jean-Christophe Combe, directeur général de la Croix-Rouge, qui accompagne les familles et les prépare à "mieux se protéger, arce que le phénomène est amené à se répéter".  
    
Une menace qui inquiète, d'autant que "la population connaît une situation d'anxiété très forte", selon Mélanie Hubault, de la Fondation de France. "Les gens se sont vus mourir, c'est un facteur de déclenchement de stress post-traumatique", parfois "plusieurs mois après".