Des milliers de tonnes d'algues vertes sont ramassées chaque année sur les plages de la Baie de Saint-Brieuc, en Bretagne. Une fois échouées, ces algues pourrissent et dégagent un gaz nocif et malodorant, comme les sargasses qui envahissent les côtes antillaises.
Efinor sea cleaner, une société basée à Paimpol, en Bretagne, développe des bateaux conçus pour ramasser des hydrocarbures, des microplastiques ou des algues envahissantes. L'entreprise teste en ce moment un navire amphibie capable de ramasser jusqu'à 30 tonnes d'algues vertes par jour dans une profondeur d'eau très faible. L'idée est de récolter les algues via des tapis avant qu’elles ne s’échouent, pour envisager leur valorisation.
"Cette solution de collecte peut aussi fonctionner pour les sargasses", assure Benjamin Lerondeau, le directeur opérationnel du projet. Mais aux Antilles, outre la problématique du ramassage des algues, la question de leur déchargement se pose aussi. "On peut les récupérer, mais c’est difficile de les décharger, notamment parce qu'il y a peu d’infrastructures portuaires", précise-t-il.
Déchargement depuis le large
Ses équipes ont développé un prototype de bateau qui pourrait contourner le problème. Si le ramassage des algues se fait de manière classique, à l'aide d'un tapis, leur mode de stockage sur le bateau et la façon dont elles sont ramenées à terre sont innovants. Au lieu d'être entreposées sur le pont du bateau, les algues sont maintenues dans un puits d'eau aménagé au milieu du navire et fermé en dessous par un grillage.
"On va accumuler ces algues dans l'eau, ce qui va nous permettre d'envisager un transfert des algues avec l'eau", explique Benjamin Lerondeau. Alors que le bateau est encore au large, à plusieurs centaines de mètres de la côte, les sargasses peuvent être déchargées via un système de tuyau et de pompe.
Les concepteurs ont rencontré cette semaine les équipes du ministre délégué aux Outre-mer, Jean-François Carenco. "Sur le principe, ils sont intéressés, se réjouit Benjamin Lerondeau, qui doit rassembler environ 700 000 euros pour construire le bateau. Il faut qu'on travaille avec eux pour voir quels financements peuvent être proposés par l'État, ce qui nous permettrait de construire le prototype et de l'envoyer aux Antilles pour le tester". Benjamin Lerondeau envisage une construction très rapide du bateau, d'ici la fin 2023.