Il n'a pas beaucoup changé. Toujours aussi grand. Près de deux mètres. L'homme accuse peut-être quelques kilos supplémentaires. Logique. Pascal Gentil ne hante plus les tatamis. Mais sa passion demeure intacte. Ses convictions également. "Le sport est un fabuleux créateur d'insertion sociale." Même la Coupe du Monde de football au Qatar ? "Déjà, je suis super content pour la France et le Maroc. Ensuite, je me souviens que certains ont appelé à boycotter la compétition. C'est ridicule. J'ai vécu en Chine. Je sais de quoi je parle. Ces grandes compétitions sont l'occasion d'ouvrir tous ces pays. Pas l'inverse."
Un grand monsieur Tout-le-monde
Pas loin d'une décennie. Là-bas. En Chine. Pour Veolia tout d'abord. Puis pour la Beijing Entreprise JO Construction. Un morceau de vie qui a forcément marqué Pascal Gentil. "Ça te rend humble. Tu réalises qu'il y a des choses qui fonctionnent aussi ailleurs. Et puis, j'ai vécu les J.O. d'hiver de Pékin sous bulle sanitaire intégrale. C'était quand même particulier." Expérience unique. Choc culturel immense. Le Martiniquais ne regrette rien. "Au contraire, je suis le plus heureux des papas. Mes enfants parlent français, anglais et le mandarin. C'est une richesse incroyable."
À Pékin, le double médaillé olympique est redevenu un personnage lambda. "Là-bas, j'étais monsieur Tout-le-monde. Juste un peu plus grand que la moyenne." De retour en France après tout ce temps, un constat s'impose. La génération d'aujourd'hui ne connaît pas le champion d'hier. "Lorsque je vais assister à des compétitions de taekwondo, beaucoup de parents me proposent de faire des photos avec leurs enfants. Mais les gamins ne savent pas qui je suis. J'ai vécu la même chose avec Wilfrid Mbappé, le père de Kylian. Un soir au Parc des Princes, il m'a présenté tout ému à son fils. Sauf que Kylian était bien trop jeune pour m'avoir vu combattre..."
Attachez vos ceintures
Depuis le 29 août 2022, Pascal Gentil a repris de la hauteur. Le voici chez ADP, Aéroports de Paris. À la RSE, Responsabilité Sociétale des Entreprises. "C'est un gros travail à la fois en interne et en externe. Je suis au contact des élus locaux, du mouvement associatif. J'apprends et j'adore ça." Recruté pour préparer les grands événements, le Martiniquais sait sa tâche compliquée. L'univers de l'aviation n'a pas été épargné par la crise mondiale de Covid. "Il y a encore des séquelles. Heureusement, le PDG d'ADP et le Comité exécutif sont à l'écoute. Et très branchés écologie."
Le Martiniquais apprécie ses nouvelles fonctions. "J'aime beaucoup le milieu aéroportuaire." Le futur cinquantenaire regarde ce monde avec des yeux d'enfant fasciné. "C'est une ville dans la ville. Sans compter que les aérogares constituent de véritables écosystèmes, des centres de biodiversité." Cerise sur le gâteau : Pascal a maintenant accès à tous les recoins de cette ville dans la ville. "Je viens de recevoir mon badge rouge. J'en suis très fier. C'est le sésame. Je peux aller partout dans les aéroports du groupe." Une belle marque de confiance.
Un autre combat
Pour Pascal Gentil, 2022 aura été l'année du grand retour. Et d'une grande première. "J'ai été approché pour devenir député des Français de l'étranger de la 11e circonscription. La circonscription compte 49 pays ! Lors de cette campagne législative, j'ai sillonné une dizaine de pays. Une aventure extraordinaire." Candidat indépendant, le Martiniquais est arrivé en quatrième position. Un peu moins de 10 %. "Alors que les gens s'attendaient à ce que je fasse 3 % au mieux." Et tout cela, sans faire jouer ses connaissances. "J'ai une grande proximité avec le Président de la République. Si j'avais utilisé cette carte en Australie par exemple, j'aurais certainement eu plus de voix."
Deux ans plus tôt, la rumeur l'annonçait à la tête du Ministère des Sports dans un remaniement gouvernemental imminent. "Pourquoi moi ? Je ne sais pas. On sortait peut-être de Black lives matter." Une fois encore, Pascal Gentil joue le jeu. "Je suis venu de Pékin, rencontrer les principaux décideurs, présenter mes idées." Finalement, Roxana Maracineanu gardera son portefeuille. "Aucun regret pour ma part. Je n'avais rien demandé." Pascal Gentil a-t-il tiré un trait définitif sur la politique ? "Si je suis appelé demain, j'irai. Bien évidemment. Mais la politique n'est pas une fin en soi. Aujourd'hui, je me sens bien dans le monde de l'entreprise. Là où tout est toujours possible. Un peu comme quand j'avais 18 ans et qu'on m'a dit que j'arrivais trop tard pour faire carrière dans le taekwondo. J'ai adoré donner tort à tous ces gens."