36 ans et trois JO au compteur. L’athlète martiniquaise Phara Anacharsis pourtant en veut encore. Après une grosse dépression à Paris, elle s’est reconstruite à Montpellier. Son nouveau bonheur de vivre devrait l’emmener à Tokyo. Pour un dernier tour de piste.
À chacun son Annus Horribilis, son année horrible. Pour la famille royale d’Angleterre, ce fut en 1992 (le château de Windsor est en flammes et le couple princier Diana/Charles se sépare). Du côté de la reine du tour de piste Phara Anacharsis, l’Annus Horribilis intervient en 2017. Trois jours seulement après avoir enterré son grand-père en Martinique, Phara est à Marseille pour défendre son titre de championne de France du 400 mètres haies. Tristesse. Décalage horaire. Des tendons d’Achille douloureux. Phara n’est que l’ombre d’elle-même : "À cette époque, je m’entraînais seule à l’INSEP puisque mon entraîneur Bruno Gajer était parti à Montpellier après les JO de Rio. Cette course à Marseille a ressemblé à un interminable cauchemar. J’ai fini dernière. Explosée. Le début de la fin pour moi."
La reine déchue enchaîne avec une grosse déception amoureuse. Phara disparaît alors des radars médiatiques. "Je n’ai pas peur de dire que j’ai fait une grosse dépression nerveuse. J’étais seule sur Paris. Plus le goût à rien. J’ai perdu dix kilos en l’espace de quelques semaines. Je suis comme un éléphant. Je me cachais pour pleurer. Il fallait que je fasse quelque chose pour m’en sortir."
La solution trouvée par Phara ? Quitter Paris. Direction Montpellier. Près de sa famille sportive. Sans pour autant reprendre l’entraînement : "En tout, mon break sportif aura duré un an, confirme la Martiniquaise. Ce n’était plus ma priorité. Je passais voir le groupe de temps en temps, je gardais le contact mais j’avais surtout besoin de me reconstruire psychologiquement." Pour cela, rien de tel qu’une main tendue. Comme celle d’Eric Buret, directeur d’un grand centre commercial dans l’Hérault. Sans même la connaître, il lui offre un contrat de travail. Cadeau inespéré : "Je ne le remercierai jamais assez. Eric Buret m’a sauvé la vie alors que j’étais limite SDF. À partir de là, je me suis sentie plus sereine pour travailler à mon avenir. Avec Véronique Barré de Sport compétences - encore une belle rencontre - je prépare ma reconversion socio-professionnelle."
Et en dépit d’horaires de travail usants, Phara Anacharsis finit par retrouver l’envie de courir. Bruno Gajer, son entraîneur depuis vingt ans n’attendait que ça : "Lui aussi a été fantastique. Il ne m’a rien imposé. Le plus difficile, c’était de gérer la fatigue. Je finissais mon boulot à onze heures ou midi et mon entraînement débutait à quatorze. Mais les sensations sont revenues très vite. Pour tenir, j’avais un objectif en ligne de mire. C’était mon moteur : Tokyo !"
Après Pékin (2008), Londres (2012) et Rio (2016), la Martiniquaise veut boucler la boucle. Se qualifier une dernière fois pour un rendez-vous olympique. Tokyo en 2021 : "Faire les JO pour la quatrième fois, vous réalisez ? Surtout que le Japon aurait pour moi un autre goût. Un vrai parfum de revanche. Après tous ces moments de doute durant lesquels j’ai fini par me prendre pour une merde…"
Pour préparer ce dernier tour de piste prestigieux, Phara Anacharsis a choisi de ne reprendre la compétition que début 2021. Pas de précipitations. À quoi bon ? Croisons juste les doigts pour que le coronavirus ne vienne pas gâcher la fête in extremis : "J’ai peur en effet que les JO de Tokyo soient annulés. Car après, je ne pourrai pas me relancer une année de plus. J’irai alors sur mes 38 ans. Ce serait une grosse désillusion pour moi. Mais la faute de personne."
Personnage authentique. Attachant. Et toujours en communion avec la musique. Avec SA musique. Car la Martiniquaise joue du piano. Une vraie passion depuis l’âge de cinq ou six ans.
À l’instar de Paul McCartney, Phara ne sait pas vraiment lire une partition. Et pourtant, Mademoiselle Anacharsis compose : "Le piano est une façon de transformer mes émotions, de m’exprimer. Quand je me mets à composer, c’est parce que j’ai besoin de parler."
Le groupe anglais Gogo Penguin l’inspire énormément. Phara les a vus plusieurs fois en concert. À force, ces drôles d'oiseaux pas manchots lui ont permis de lutter contre une certaine retenue : "Je suis un peu moins timide, c’est vrai car je commence à poster des compositions sur SoundCloud. Et je découvre que des musiciens que j’adore, me laissent des messages pour en savoir plus sur moi. Sait-on jamais…"
Athlète régénérée. Artiste inspirée. Les vilains nuages semblent avoir disparu du ciel de Phara Anacharsis. L’effet Montpellier sans doute. Mais pas uniquement. La Martiniquaise se sent de nouveau… vivante : "La musique, le sport, la vie, les gens et Dieu font partie de moi. Je suis heureuse en ce moment. Parce que je sais où je vais. Et effectivement : je vis !"
La reine déchue enchaîne avec une grosse déception amoureuse. Phara disparaît alors des radars médiatiques. "Je n’ai pas peur de dire que j’ai fait une grosse dépression nerveuse. J’étais seule sur Paris. Plus le goût à rien. J’ai perdu dix kilos en l’espace de quelques semaines. Je suis comme un éléphant. Je me cachais pour pleurer. Il fallait que je fasse quelque chose pour m’en sortir."
La solution trouvée par Phara ? Quitter Paris. Direction Montpellier. Près de sa famille sportive. Sans pour autant reprendre l’entraînement : "En tout, mon break sportif aura duré un an, confirme la Martiniquaise. Ce n’était plus ma priorité. Je passais voir le groupe de temps en temps, je gardais le contact mais j’avais surtout besoin de me reconstruire psychologiquement." Pour cela, rien de tel qu’une main tendue. Comme celle d’Eric Buret, directeur d’un grand centre commercial dans l’Hérault. Sans même la connaître, il lui offre un contrat de travail. Cadeau inespéré : "Je ne le remercierai jamais assez. Eric Buret m’a sauvé la vie alors que j’étais limite SDF. À partir de là, je me suis sentie plus sereine pour travailler à mon avenir. Avec Véronique Barré de Sport compétences - encore une belle rencontre - je prépare ma reconversion socio-professionnelle."
Retrouver son trône une dernière fois
La Phara en reconstruction n’a pas chômé. Levée à 3h45 pour une prise de fonction à 5h00. L’avenir a beau appartenir à ceux qui se lèvent tôt ; il fallait une sacrée volonté. Inébranlable. Mais apparemment, la renaissance s’est révélée plus simple dans le Sud : "Paris, c’est tellement speed alors qu’ici, les gens ne se prennent pas la tête. À Montpellier, j’ai appris à redire bonjour, merci, au revoir."Et en dépit d’horaires de travail usants, Phara Anacharsis finit par retrouver l’envie de courir. Bruno Gajer, son entraîneur depuis vingt ans n’attendait que ça : "Lui aussi a été fantastique. Il ne m’a rien imposé. Le plus difficile, c’était de gérer la fatigue. Je finissais mon boulot à onze heures ou midi et mon entraînement débutait à quatorze. Mais les sensations sont revenues très vite. Pour tenir, j’avais un objectif en ligne de mire. C’était mon moteur : Tokyo !"
Après Pékin (2008), Londres (2012) et Rio (2016), la Martiniquaise veut boucler la boucle. Se qualifier une dernière fois pour un rendez-vous olympique. Tokyo en 2021 : "Faire les JO pour la quatrième fois, vous réalisez ? Surtout que le Japon aurait pour moi un autre goût. Un vrai parfum de revanche. Après tous ces moments de doute durant lesquels j’ai fini par me prendre pour une merde…"
Pour préparer ce dernier tour de piste prestigieux, Phara Anacharsis a choisi de ne reprendre la compétition que début 2021. Pas de précipitations. À quoi bon ? Croisons juste les doigts pour que le coronavirus ne vienne pas gâcher la fête in extremis : "J’ai peur en effet que les JO de Tokyo soient annulés. Car après, je ne pourrai pas me relancer une année de plus. J’irai alors sur mes 38 ans. Ce serait une grosse désillusion pour moi. Mais la faute de personne."
Phara Anacharsis ou le bonheur retrouvé
Au Stade Philippidès à Montpellier, Phara Anacharsis est comme un poisson dans l'eau. Son break d’un an ne l’a pas changée. Elle donne toujours des petits surnoms affectueux à ses camarades d’entraînement. Ses éclats de rire demeurent sa marque de fabrique. Et ses rituels sont respectés à la lettre : "Pourquoi en changer ? J’enfile toujours ma chaussure droite en premier. Puis la gauche. Et enfin, mes lunettes de soleil. À l’extérieur ou en salle. Après ça, plus rien ne peut m’atteindre."Personnage authentique. Attachant. Et toujours en communion avec la musique. Avec SA musique. Car la Martiniquaise joue du piano. Une vraie passion depuis l’âge de cinq ou six ans.
À l’instar de Paul McCartney, Phara ne sait pas vraiment lire une partition. Et pourtant, Mademoiselle Anacharsis compose : "Le piano est une façon de transformer mes émotions, de m’exprimer. Quand je me mets à composer, c’est parce que j’ai besoin de parler."
Le groupe anglais Gogo Penguin l’inspire énormément. Phara les a vus plusieurs fois en concert. À force, ces drôles d'oiseaux pas manchots lui ont permis de lutter contre une certaine retenue : "Je suis un peu moins timide, c’est vrai car je commence à poster des compositions sur SoundCloud. Et je découvre que des musiciens que j’adore, me laissent des messages pour en savoir plus sur moi. Sait-on jamais…"
Athlète régénérée. Artiste inspirée. Les vilains nuages semblent avoir disparu du ciel de Phara Anacharsis. L’effet Montpellier sans doute. Mais pas uniquement. La Martiniquaise se sent de nouveau… vivante : "La musique, le sport, la vie, les gens et Dieu font partie de moi. Je suis heureuse en ce moment. Parce que je sais où je vais. Et effectivement : je vis !"
L'athlète martiniquaise Phara Anacharsis à l'entraînement