Ce lundi, Annick Girardin passe la main à Justine Bénin, nouvelle secrétaire d’Etat chargée de la Mer. Clap de fin pour la Saint-Pierraise qui aura connu six gouvernements, quatre premiers ministres et deux présidents différents.
En 2014, Annick Girardin est nommée secrétaire d'État chargée du Développement et de la Francophonie sous la présidence de François Hollande. Elle ne quittera plus le gouvernement et investit ensuite le ministère de la fonction publique en 2016. Après l’élection d’Emmanuel Macron un an plus tard, la Saint-Pierraise devient ministre des Outre-mer puis ministre de la mer en 2020.
Un engagement de 8 ans
Cette longévité montre mon engagement.
Annick Girardin
C’est ce que déclare celle qui se félicite du retour au premier plan du ministère de la Mer, disparu en 1991. Mais Annick Girardin aurait voulu aller encore plus loin et créer le "ministère de la Mer et des Outre-mer", qu’elle a proposé à François Hollande puis Emmanuel Macron. "Je crois que cela aurait donné une position de force aux territoires ultramarins."
Au cours de ses huit années au gouvernement, c’est bien-sûr son passage au ministère des Outre-mer, entre mai 2017 et juillet 2020, qui aura le plus marqué Annick Girardin. C’est pendant cette période qu’elle affirme avoir eu les plus gros dossiers à traiter (l’ouragan Irma aux Antilles en 2017, l’accord de Guyane de 2017 ou encore la crise des gilets jaunes à La Réunion en 2018). Une ministre de crises…
"Les moments chauds sont arrivés tout de suite avec la gestion de l’épidémie Ebola en Guinée et au Mali", confie celle qui était alors secrétaire d'État chargée du Développement et de la Francophonie. Une expérience qui, dit-elle, lui aura donné "des réflexes pour la gestion des crises", notamment l’épidémie de Covid-19 en Outre-mer.
L’ancienne ministre n’a d’ailleurs aucun regret concernant la gestion de la crise sanitaire : "Si c’était à refaire, je ne l’aurais pas fait autrement". Malgré la défiance des populations ultramarines vis-à-vis du vaccin (plus forte que dans l’Hexagone), Annick Girardin affirme "avoir été aux côtés des gens", notamment en Guyane ou à Mayotte pour le rappel de matériel sanitaire et le soutien aux étudiants pour leur rapatriement dans les territoires.
Ma méthode, c’est le terrain, le dialogue.
Annick Girardin
... "et sans tabou"
Annick Girardin estime aussi ne pas avoir hésité à porter et assumer la responsabilité de l’Etat dans plusieurs dossiers brûlants. Ce fut le cas, par exemple, en Polynésie en 2017 avec la relance du projet de centre de mémoire des essais nucléaires ou encore aux Antilles en octobre 2019 quand elle reconnait "le scandale du chlordécone". Elle regrette par ailleurs "que l’on n'ait pas assez bien identifié les victimes".
Ce sentiment de ne pas avoir été assez loin sur certains dossiers, Annick Girardin l’évoque en parlant aussi des référendums sur l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie (2018 – 2020), même si "le dialogue a permis de passer ces étapes sans grandes problématiques". Du côté de Mayotte, elle admet "ne pas avoir fait de miracle dans un contexte compliqué" pour lutter contre l’immigration clandestine.
Ce que je retire de ces huit années, c’est que c’est très long de mettre en place des dispositifs.
Annick Girardin
Vers un retour sur son archipel
A l’aube de rentrer à Saint-Pierre et Miquelon, Annick Girardin commente brièvement les résultats décevants de la majorité dans les Outre-mer. "J’ai été ministre, j’ai donc ma part de responsabilité, on se demande toujours ce qu’on a bien pu rater. […] Mais que ça soit sous François Hollande ou Emmanuel Macron, je suis globalement fière du travail accompli."
Battue lors des élections territoriales à Saint-Pierre et Miquelon en mars dernier, elle ne sera pas candidate aux élections législatives de juin. "Il était temps d’arrêter. C’est sur mon territoire que je me ressourcerai… et puis après on verra ce que je ferai ! En tout cas, ce qui est sûr, c’est que je serai toujours proche de la mer."
L'entretien complet d'Outre-mer la 1ère avec Annick Girardin à retrouver par ici :