Le 18 avril 1991, une catastrophe aérienne vient troubler la quiétude habituelle de l’île de Nuku Hiva, dans l’archipel des Marquises. Il est environ 11h00, l’avion décolle de l’ile de Hiva Oa à destination de l’aéroport de Nuku Hiva, avec à son bord 22 personnes (passagers et équipages). Une liaison que les pilotes effectuent chaque semaine. Le vol se déroule normalement jusqu’aux abords de l’Ile de Nuku Hiva.
A l’approche de la piste d’atterrissage de "terre déserte", le contrôleur aérien constate visuellement que les deux moteurs de l’avion sont à l’arrêt. Il préconise alors plusieurs scénarios d’approche : après plusieurs tentatives pour se poser, le commandant de bord prend la décision extrême d’un amerrissage. L’impact est si violent que l’avion se brise en deux. L’appareil s’abime à proximité de la rive, en eau peu profonde.
Plusieurs témoins se précipitent à la nage vers l’épave de l’avion, tandis que d’autres récupèrent un « speed boat » pour tracter la carlingue vers le rivage. Une rupture du fuselage permet aux rescapés du crash de quitter l’épave.
Le bilan de ce crash est de 10 morts, dont le copilote, et 12 blessés. C’est le premier accident aérien dans l’histoire d’Air Tahiti.
Regardez ce récit des faits, avec des images de RFO Polynésie qui a également recueilli les premiers témoignages:
la première indication de problème que j’ai ressenti fut un accroissement soudain dans le bruit du moteur droit, qui dura environ 5 à 6 secondes, à la suite de quoi l’hélice s’arrêta également. Après environ 45 secondes, le moteur gauche s’arrêta également.
Le passager assis en place 7c
Le moteur droit s’est arrêté… Dix secondes après, le pilote a fait une baïonnette… A l’issue de cette manœuvre, j’ai entendu le moteur gauche s’accélérer, j’ai ressenti l’avion freiner. Mon corps a légèrement basculé vers l’avant, c’était franc. Le moteur gauche s’est alors arrêté à son tour. L’hélice a cessé de tourner.
Le passager positionné en place 4a
J’ai été réveillé par des turbulences ; à ce moment-là, je me suis rendu compte que l’hélice droite était arrêtée. Le moteur gauche tournait encore mais il me semblait que l’hélice tournait moins vite que la normale.
Le passager du siège 7a
Regardez les premières images de l'avion ainsi que le témoignage d'un rescapé:
La boîte noire récupérée
Au lendemain de l’accident, il est toujours difficile d’expliquer les raisons de cet amerrissage forcé. Les premières images témoignent de la violence du choc. Autour de la carlingue, des plongeurs s’affairent pour récupérer la boîte noire, avec l’espoir qu’elles contiennent des données permettant de comprendre les raisons du crash. A Tahiti, les premiers rescapés de l’accident arrivent, tandis que la boite noire est également rapatriée et que le juge en charge de l'instruction prend la parole.
Regardez ce reportage de RFO Polynésie :
Les causes de l’accident
Selon le rapport du BEA (Bureau d’enquêtes et d’analyses), publié un an plus tard, en avril 1992, l’accident résulte d’une succession d’actions inappropriées de l’équipage, confronté à une défaillance mécanique d’un des moteurs. Un respect strict des procédures aurait pu éviter une telle catastrophe. Parmi les facteurs permettant d’expliquer cet accident, la commission d’enquête a révélé :
- Un taux d’alcoolémie très élevé relevé chez le pilote
- Un manque de rigueur dans la formation de l’équipage à gérer des situations d’incidents
- Des lacunes dans le manuel d’exploitation
- Des insuffisances dans le dispositif de contrôle technique de la compagnie aérienne
Procès huit ans après
En 1999, le pilote du Dornier 228 d’Air Tahiti, Tamotoa Salmon, est à la barre du tribunal correctionnel de Papeete. Il doit répondre des faits qui lui sont reprochés. Plus que le procès d’un homme, c’est celui d’un « système » qui est dénoncé.
Regardez le reportage de RFO Nouvelle-Calédonie, réalisé par Sabine Mussy le 03 Octobre 1999 :
2002, verdict final
Onze ans après les faits et à l'issue d'un long parcours judiciaire, après un premier procès pénal en 1999, en 2002 c’est la Cour de cassation qui tranche les responsabilités de la catastrophe. Un des responsables du SEAC (Service d’ Etat de l’Aviation Civile) est finalement relaxé. En revanche, le pilote est condamné à 18 mois de prison avec sursis, au regard des manquements dont il a fait preuve lors de la panne moteur. L’instructeur d’Air Tahiti, et le chef de la division transport aérien du SEAC, sont eux aussi condamnés à de la prison avec sursis.