Archives d'Outre-mer : "le Caillou de la discorde", la Nouvelle-Calédonie vue par les médias en 1981

Alors que la Nouvelle-Calédonie vient de voter pour la deuxième fois par référendum sur son autodétermination, les archives d'Outre-mer ont choisi de vous montrer de quelle manière les médias présentaient le caillou en 1981.
Septembre 1981, le magazine d'information "le nouveau vendredi" diffusé sur France 3 se penche sur la situation de la Nouvelle-Calédonie. Pierre Declercq, secrétaire général de l'Union calédonienne (U.C) est tué d'un coup de fusil dans la nuit du 19 septembre 1981. L'émotion est vive, et provoque une grande tension sur le territoire.

La Nouvelle-Calédonie entre dans une période trouble. C'est le point de départ des "évènements" marqués par des meurtres, des affrontements et des émeutes.

Quelques jours après le meurtre de Pierre Declercq, FR3 intitule son émission spéciale "Le caillou de la discorde". Voici trois reportages diffusés au cours de cette émission.


Un historique de la Nouvelle-Calédonie 

Dans le reportage qui va suivre le journaliste André Blondet fait un rappel historique et géographique, qui s'achève par cette formule : "La Calédonie, une terre de contraste, qui souffre de son isolement, bannit son passé et s'interroge sur son avenir". Regardez :

1774 : découverte de l'île par le célèbre capitaine Cook en septembre qui lui donne son nom de baptême en hommage à sa terre natale la Calédonie devenue l'Ecosse.

1853 :  prise de possession par le contre-amiral Febvrier-Despointes au nom de l'Empereur Napoléon III.

1868 : cantonnement de la population kanak dans les réserves décrites comme "insaisissables, inaccessibles sans liaison entres elles".

1878 : Insurrection des Kanak menée par le grand chef Ataï contre la colonisation.

1864 à 1924 :  la Calédonie devient terre de bagne pour les droits communs et lieu de déportation pour les condamnés de la Commune. Parmi eux des noms connus : Louise Michel, la « Vierge rouge »  et Henri Rochefort.

20ème siècle : description des courants de peuplement marquée par l'implantation des "colons", venus majoritairement du Nord de la France qui se poursuit plus tard avec l'arrivée de populations venues d'Asie, de Polynésie et de Wallis.
 

La situation politique de l'époque 

Le deuxième reportage décrit la situation politique de la Calédonie en 1981 et le mode de fonctionnement de l'Assemblée territoriale. La séquence débute par un échange houleux, révelateur des tensions de l'époque. 
 

Il est presque à pleurer que certains soit disant nationaux en votant avec les indépendantistes vont permettre à ces derniers de solliciter de la France des aides financières importantes qui si elles sont consenties serviront à préparer l'indépendance 

M. Mourene, conseiller territorial RPCR 

 

Il me semble que ceux qui refusent de mettre la main à leur poche pratique ici la politique du pire, en refusant d'abandonner quelques privilèges, ils augmentent le mécontentement, ils aggravent profondément la crise sociale et je pense qu'un jour les  indépendantistes viendront leur dire merci.

M.Violette, conseiller territorial 


Regardez ce reportage d'André Blondet : 
 

Le nickel et l'économie

La première ressource industrielle de Nouvelle-Calédonie est le nickel qui fait de la France le troisième producteur mondial. C'est la SLN qui exploite en 1981 les mines de nickel. C'est le premier employeur local. L'usine de Doniambo située aux portes de Nouméa traite le minerai et le transforme en lingots de ferronickel ou en matte. Mais sur l'île verte les exploitations de nickel laissent "leur trainée rouge" avec pour exemple la ville de Koumac devenue "ville morte" par le nickel.

Une mise en valeur des terres agricoles est alors envisagée afin d'assurer la couverture de la consommation locale. L'élevage de bovins n'est pas assez rentable avec en plus des difficultés d'exploitation dues au terrain, la concurrence de la Nouvelle-Zélande. Le développement du tourisme est alors balbutiant.

Regarder ce reportage de Catherine Pic qui débute ainsi : "Ici, il y a le nickel et puis rien".