Archives d’Outre-mer - Présidentielle 1995 : les candidats en campagne dans l'océan Indien

Lionel Jospin pose avec une machette lors de sa visite à Bras Fusil, à La Réunion, en mars 1995. Derrière lui se tient Louis Le Pensec, ancien ministre des Outre-mer du gouvernement Rocard.
Lors de la campagne de l’élection présidentielle de 1995, trois candidats se détachent dans les sondages : Jacques Chirac, Edouard Balladur et Lionel Jospin. Retour sur les déplacements dans l'océan Indien lors de cette campagne électorale.

Au cours des mois précédant l’élection présidentielle de 1995, plusieurs rebondissements agitent la politique française. Le président sortant François Mitterrand achève son deuxième mandat et ne se représente pas. Son dauphin annoncé Jacques Delors crée la surprise en annonçant sa décision de ne pas être candidat, en décembre 1994. Le parti socialiste choisit Lionel Jospin assez tardivement au début du mois de février.

À droite, Jacques Chirac se déclare début novembre 1994. C’est sa troisième candidature. La France vit sa deuxième cohabitation avec Édouard Balladur comme chef du gouvernement. Favori des sondages, le Premier ministre déclare sans surprise sa candidature en janvier 1995.

Six autres candidats obtiennent les 500 signatures : Philippe de Villiers pour le parti Mouvement pour la France (MPF), Jean-Marie Le Pen pour le Front national (FN), Robert Hue pour le Parti communiste (PC), Dominique Voynet pour les Verts, Arlette Laguiller pour Lutte ouvrière (LO) et Jacques Cheminade, candidat sans étiquette.

Edouard Balladur à Mayotte sur un air de campagne électorale

Le Premier ministre effectue une visite éclair à Mayotte fin novembre 1994. Il n'est pas encore candidat. En 24 heures, il fait le tour de l'île aux parfums. L’accueil des Mahorais est chaleureux. Edouard Balladur annonce une évolution statutaire pour le territoire avant la fin du siècle et le rétablissement des visas pour les Comoriens, connu sous le nom de "Visa Balladur".

Regardez le reportage de Wallès Kotra et Denis Rousseau Kaplan de RFO

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La Réunion, destination privilégiée 

Après Mayotte, Edouard Balladur rejoint La Réunion. Il y annonce une augmentation du SMIC pour les Outre-mer. A Saint-André, une pancarte "Balladur un candidat sûr" émerge de la foule. Le maire de la commune, Jean-Paul Virapoullé, lance officieusement la campagne présidentielle. 

Jacques Chirac prêche l’égalité sociale

Le président du RPR arrive sur l’île Bourbon en décembre 1994. Il fait une campagne de proximité, va chez les habitants, rencontre les artisans dans une menuiserie, les agriculteurs dans une ferme. Le candidat dont la fracture sociale est le grand thème de campagne, promet aux Ultramarins un SMIC d’un montant égal en Hexagone comme en Outre-mer. Il est inférieur de 10% en décembre 1994, la différence passe à 8% en janvier 1995.

Regardez la synthèse de la visite réalisée par Nathalie Nouzières

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Manifestation contre la visite de Jean-Marie Le Pen à La Réunion

Le candidat du Front National fait aussi le voyage en décembre 1994. Il n’y est pas le bienvenu. Des opposants manifestent leur mécontentement. Danyèl Waro, célèbre chanteur de maloya est d’ailleurs agressé et blessé à Saint-Gilles par un militant du Front national. Une foule se rassemble, à l’aéroport de Gillot, le jour de son départ.

Le reportage de Pascal Souprayen de RFO Réunion :

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Premier meeting de campagne pour Lionel Jospin

Lionel Jospin rend visite au maître du maloya, Granmoun Lélé, dans sa case à Bras Fusil, Le candidat socialiste multiplie également les rencontres sur le terrain lors de son voyage en mars 1995. Lors de son premier meeting de campagne à Saint-Denis de La Réunion, il tacle celui qu’il considère comme son principal adversaire.

Le récit de la première journée de Jospin à La Réunion avec Nathalie Nouzières

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Les résultats des scrutins 

Au premier tour, le 23 avril 1995, l’abstention est plus forte que d’habitude : 21,6%. Outre-mer, elle s'élève à 49,6 %, un Ultramarin sur deux ne s’est pas déplacé, la Guadeloupe enregistre un sommet à 64,5 %.

Au niveau national, Lionel Jospin arrive en tête avec 23,3% des voix. Il est suivi par Jacques Chirac qui obtient 20,8% et Édouard Balladur 18,6%.

Dans les territoires ultramarins, la Martinique vote majoritairement pour Jospin 36,4%, Mayotte pour Balladur et tous les autres (Guadeloupe, Guyane, Réunion, Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Wallis et Futuna, Saint-Pierre et Miquelon) placent en tête le candidat de droite Jacques Chirac. Jean-Marie Le Pen est en très net recul en Outre-mer, il obtient 3,71 % des suffrages.

Le deuxième tour a lieu le 7 mai 1995. Les résultats s'inversent : Jacques Chirac gagne l'élection avec 52,6% des suffrages et Lionel Jospin obtient 47,4%.

En Outre-mer Chirac et Jospin sont très proches : à peine 11 430 voix les séparent. Les 95 000 abstentionnistes ultramarins du premier tour ont massivement voté pour la gauche.