Archives d’Outre-mer – Septembre 1993 : un Boeing 747 d’Air France manque son atterrissage à Tahiti

Le 12 septembre 1993, le Boeing d'Air France en provenance de Paris via Los Angeles termine dans le lagon de Tahiti
Le 12 septembre 1993, un Boeing 747-400 d’Air France terminait son atterrissage dans le lagon de Faa’a. Une énorme frayeur pour les 256 passagers et l'équipage. Défaillance technique ou humaine ? Les Archives d’Outre-mer vous retracent les étapes et l'issue heureuse de cet atterrissage mouvementé.

Le paradis, les pieds dans l’eau, c’est ce que les 256 passagers de ce Boeing d’Air France espéraient trouver à Tahiti. Ils s’attendaient à tout sauf à ce qu’ils allaient vivre, le 12 septembre 1993. Il est environ 21h à Papeete, quand le vol AF 72 d’Air France, en provenance de Paris via Los Angeles, s'apprête à se poser. Un atterrissage pour le moins perturbé. A l’approche de la piste, les pilotes constatent que l’avion arrive trop vite et qu’ils ne pourront pas le stopper en bout de piste. Ils prennent l’ultime décision d’une manœuvre désespérée : les pilotes virent de bord vers la droite. Ainsi l’avion termine sa course là où le lagon est peu profond. Cette manœuvre en situation extrême a permis d’éviter une véritable catastrophe aérienne. Les 256 passagers ainsi que les personnels de bord ont eu la vie sauve. Si les pilotes n'avaient pas dévié cette trajectoire, l’avion aurait fini sa course dans les eaux profondes du lagon. Le bilan humain aurait certainement été dramatique.

La défaillance d’un moteur

D’après les premiers éléments de l’enquête, l’un des moteurs serait passé en surrégime au moment de l’atterrissage. Lorsque le pilote a inversé la poussée des réacteurs une fois l’avion posé, l’un des réacteurs aurait continué à pousser. Cette version sera confirmée par les témoignages concordants des passagers. Fort heureusement, le bilan de cet atterrissage hors du commun ne fait état que de 3 blessés. Ces passagers occupaient les cabines de Première classe : sous le choc, le train avant a transpercé le plancher de l’avion.  

Regardez les explications de Stéphane Bijoux et Paola Arnaud, ainsi que les réactions des passagers, dans l’émission "Midi moi tout" (RFO Nouvelle-Calédonie) le 14 septembre 1993 : 

 

Levage du Boeing 747 : une première dans l’aéronautique

Au lendemain de sa sortie de piste, d’importants moyens sont mis en œuvre pour extraire le Boeing 747 du lagon. Pour cela, Air France affrète depuis Paris un avion avec à son bord une équipe technique, et plusieurs tonnes de matériel. L’opération est inédite dans le monde de l’aérien, c’est tout le savoir-faire technique d’Air France qui est mis à contribution. Imaginez-vous une plate-forme XXL qui a permis de sortir hors de l’eau les 200 tonnes de l’avion !

L’enjeu est de taille : extraire l’appareil du lagon, sans l’endommager plus encore. Malgré des dégâts importants, Air France mettra tout en œuvre pour réparer cet appareil, qui avait intégré tout récemment la flotte.  

Regardez les explications d'Alain Jeannin dans l'émission Mascarines de RFO Paris le 25 septembre 1993 : 

 

Une carrière commerciale bien remplie

Après des mois de réparation, le Boeing 747 repartira vers la métropole en janvier 1994. Il sera pendant plus d’un an, inspecté et reconfiguré pour une nouvelle carrière commerciale. En 2010, la compagnie Air France décide de renouveler sa flotte. Elle réceptionne plusieurs B-777, plus économiques et moins bruyants. Un virage s’amorce.

Pour son ultime vol, le Boeing rejoint un centre de démantèlement en Grande-Bretagne. De cet avion, on gardera en mémoire un atterrissage exceptionnel dans le lagon Polynésien. Incident qui marquera l’aviation commerciale et -à jamais- la piste de Faa’a à Tahiti.