L'arrivée prochaine de l'enseigne Leclerc en Guadeloupe, puis en Martinique, peut-elle faire baisser le coût de la vie, très élevé dans ces territoires ? C'est ce qu'affirme Michel-Edouard Leclerc, même si certains spécialistes restent dubitatifs.
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"Les consommateurs l'attendent depuis des années", a-t-il indiqué, lors d'une visite sur l'archipel de Guadeloupe, faisant référence aux grandes grèves de 2009, un mouvement de protestation contre la cherté des prix qui avait paralysé le territoire. A l'heure actuelle, le panier moyen local est estimé à 12,5% plus cher que son équivalent en métropole. Le géant de la distribution, par un mécanisme d'affiliation à un groupe local, le groupe Parfait, dont le siège social est en Martinique, viendra apposer son enseigne sur deux Super U et un hypermarché, en Guadeloupe, à partir de janvier 2020. Il devrait ensuite s'implanter de la même manière en Martinique, avec trois hypermarchés.
Michel-Edouard Leclerc vante sa capacité à décomposer les prix, pour pouvoir jouer sur les tarifs. "Nous allons travailler les circuits d'approvisionnement, groupe de produits par groupe de produits, quitte à remettre en cause les intermédiaires", indique-t-il. Il se targue d'avoir réussi une implantation similaire à La Réunion, où il dispose de 15 magasins depuis 2008.
Même si le grand patron souhaitait passer outre la filière d'importation locale, il serait confronté aux mêmes conditions d'import, et soumis, lui aussi à une taxe souvent incriminée dans le prix des denrées, y compris par l'autorité de la concurrence : l'octroi de mer. Il s'agit d'une taxe spécifique aux Outre-mer, appliquée sur tous les produits et qui finance une grande partie du budget des communes. Son taux est voté par la Région. "Nous allons nous occuper de ça", a promis Michel-Edouard Leclerc, assurant avoir l'oreille de Bercy sur la question.
Et cela, même si le gouvernement a retoqué cet été les pratiques du groupe, moyennant une amende de 200 millions d'euros, au motif de "pressions sur les fournisseurs pour obtenir des tarifs très bas sans contreparties". Une décision que Leclerc conteste devant la Cour européenne de justice.
"Pour baisser les prix, il faut le vouloir"
En 2008, Leclerc avait déjà tenté une approche, qui s'était soldée par un échec suite aux difficultés financières du groupe Lancry, le distributeur avec qui il s'était alors affilié. Onze ans plus tard, le leitmotiv n'a pas changé : "Pour baisser les prix, il faut le vouloir". Mais en Guadeloupe, l'univers de la distribution est un système compliqué où les acteurs peuvent avoir plusieurs casquettes et être tant importateur que commerçant distributeur. Ce qui a tendance à flouter la façon dont se composent les prix sur les étals."Le manque de transparence officie partout", note Francette Florimond, directrice des éditions Inter-entreprises et spécialiste de la question. "Il est par exemple quasiment impossible de savoir quel est le coût du transport dans les produits que nous consommons.
Michel-Edouard Leclerc vante sa capacité à décomposer les prix, pour pouvoir jouer sur les tarifs. "Nous allons travailler les circuits d'approvisionnement, groupe de produits par groupe de produits, quitte à remettre en cause les intermédiaires", indique-t-il. Il se targue d'avoir réussi une implantation similaire à La Réunion, où il dispose de 15 magasins depuis 2008.
Octroi de mer
Leclerc assure qu'avant même l'ouverture des premiers magasins, la concurrence, essentiellement de grandes familles locales implantées historiquement, elles-aussi affiliées à d'autres grands groupes (Carrefour, Géant, etc.) et qui détiendront notamment deux hypers en Guadeloupe et cinq en Martinique, aura déjà baissé les prix dans ses magasins. "Dans mon contrat d'affiliation, je suis obligé de pratiquer des prix à l'indice 96 sur une base de 100", indique Robert Parfait, dirigeant du groupe affilié à Leclerc. Autrement dit, pratiquer a minima sur l'ensemble des gammes des prix 4% moins cher que la concurrence."La réduction de ses marges, c'est, en effet, la seule voie de compétitivité pour lui", selon une experte qui souhaite rester anonyme et qui "attend de voir" la concrétisation des annonces.
Même si le grand patron souhaitait passer outre la filière d'importation locale, il serait confronté aux mêmes conditions d'import, et soumis, lui aussi à une taxe souvent incriminée dans le prix des denrées, y compris par l'autorité de la concurrence : l'octroi de mer. Il s'agit d'une taxe spécifique aux Outre-mer, appliquée sur tous les produits et qui finance une grande partie du budget des communes. Son taux est voté par la Région. "Nous allons nous occuper de ça", a promis Michel-Edouard Leclerc, assurant avoir l'oreille de Bercy sur la question.
"Force de frappe"
"Ce n'est pas une taxe qu'on peut supprimer, et elle n'est ni déductible, ni remboursable, à l'inverse de la TVA. Elle est donc incluse dans le prix d'achat", rétorque le Conseil régional. Reste que la politique d'achat du groupe Leclerc pourrait être aussi un vecteur de baisse des prix : "Il a une telle force de frappe que même si les grossistes qui ont des accords avec certaines marques ne veulent pas renégocier leur prix, il pourra passer directement par ses propres centrales", souligne Francette Florimond.Et cela, même si le gouvernement a retoqué cet été les pratiques du groupe, moyennant une amende de 200 millions d'euros, au motif de "pressions sur les fournisseurs pour obtenir des tarifs très bas sans contreparties". Une décision que Leclerc conteste devant la Cour européenne de justice.