L'Assemblée nationale adopte un amendement sur la prolongation de l'état d'urgence sanitaire à Mayotte et en Guyane

Dans le cadre de l'examen d'un projet de loi organisant la sortie de l'état d'urgence sanitaire après le 10 juillet, l’Assemblée nationale a adopté un amendement qui prolonge l'état d'urgence sanitaire en Guyane et à Mayotte jusqu'au 30 octobre inclus. 
L'Assemblée nationale a adopté ce mercredi 17 juin un amendement qui prolonge l'état d'urgence sanitaire en Guyane et à Mayotte jusqu'au 30 octobre inclus en raison de la circulation active du coronavirus sur ces deux territoires.  
  Cet amendement entre dans l'examen d'un projet de loi débattu ce mercredi 17 juin à l'Assemblée organisant la sortie de l'état d'urgence sanitaire après le 10 juillet, avec une période de "vigilance" durant laquelle des restrictions resteront possibles, les oppositions s'alarmant d'un état d'urgence "qui ne dit pas son nom".

"L'état d'urgence sanitaire va prendre fin mais notre vigilance, elle, doit demeurer intacte", a plaidé le ministre de la Santé Olivier Véran à l'ouverture des débats, récusant toute "frilosité" ou "attachement à un état d'exception"

Cette sortie doit donc "être organisée", a-t-il ajouté, estimant que "ne pas conserver certaines mesures, ce serait faire comme si les risques de redémarrage (de l'épidémie) n'existaient pas", alors que la situation de rebond à Pékin "montre bien que personne n'est à l'abri". Le texte, examiné en première lecture, permet donc des restrictions sur la circulation des personnes, l'accueil du public dans certains établissements ou les rassemblements, et ce jusqu'au 30 octobre.

Entré en vigueur le 24 mars face à l'épidémie de Covid-19, l'état d'urgence sanitaire qui permet de restreindre certaines libertés publiques avait été prolongé en mai jusqu'au 10 juillet.
 

Guyane et Mayotte, les deux exceptions

Cette sortie de l’urgence sanitaire "transitoire" présente donc deux exceptions : la Guyane et Mayotte où l'état d'urgence sera prolongé "jusqu'au 30 octobre inclus", car le virus y circule encore activement.

Pourquoi le gouvernement décide-t-il de prolonger l'état d'urgence sanitaire en Guyane et à Mayotte ? Les explications de Kelly Pujar avec Nordin Bensmail : 
©la1ere


Explosion des cas en Guyane 

Ce 17 juin, la barre des 1500 cas coronavirus est franchie en Guyane avec 1554 cas comptabilisés. 133 cas positifs recensés, 78 patients hospitalisés et 11 en réanimation. On déplore depuis hier 5 décès au total. Toutefois 663 patients ont guéri.


Après consultation des élus et des responsables de l'État en Guyane, le gouvernement a décidé de reporter les élections municipales pour toutes les sept communes où un second tour était prévu le 28 juin. 

2345 cas positifs Mayotte


À Mayotte, les cas sont plus nombreux (2.345 cas positifs ce mercredi, 40 hospitalisations dont 10 en réanimation, et 29 décès), mais la progression semble marquer le pas et le second tour des municipales doit toujours avoir lieu fin juin. L'île était passée au stade 3 le 30 avril. Désormais "le pic épidémique aurait été dépassé", a expliqué la ministre des Outre-mer Annick Girardin à l'Assemblée.
 

Tests et quarantaine

Un autre amendement gouvernemental adopté donne "la faculté d'imposer la présentation d'un test virologique négatif" à l'embarquement dans les transports aériens et de "prescrire des mesures de quarantaine et d'isolement à l'arrivée dans l'hexagone en provenance de l'outre-mer", a expliqué le ministre de la Santé Olivier Véran, plaidant qu'il faut mettre "le paquet" pour limiter les risques de diffusion dans
ces territoires.
               
Via un sous-amendement de la rapporteure Marie Guévenoux (LREM), les députés ont précisé que les territoires d'outre-mer en zone verte, où ne circule pas l'infection, ne seront pas concernées.
               
L'élu de Martinique Serge Letchimy (apparenté PS) a jugé le dispositif "pas très clair", tandis que son collègue GDR de Guyane Gabriel Serville a notamment pointé les conséquences en matière de tourisme. La ministre des Outre-mer Annick Girardin a répondu dans l'hémicycle qu'un décret précisera "dans quels cas, comment, en direction de quels territoires", sont prises ces mesures. Elle a affirmé que l'objectif était de prendre en compte la situation des territoires ultramarins et de les "protéger", insistant sur le fait qu'il s'agissait de "les rouvrir" notamment avec une hausse progressive des vols. Pour l'après 10 juillet, elle a affirmé que les territoires avaient eux-mêmes plaidé en faveur d'un "filtre" avec des tests obligatoires.
                

Projet de loi adopté

Le projet de loi organisant la sortie de l'état d'urgence sanitaire après le 10 juillet a été adopté mercredi soir à l'Assemblée nationale. Le texte, qui sera examiné au Sénat dès lundi, a été voté à main levée en première lecture avec l'appui des élus LREM, MoDem et Agir, les oppositions de droite comme de gauche dénonçant pour leur part un texte "liberticide" et "disproportionné", qui revient à un "état d'urgence qui ne dit pas son nom".