Assemblée nationale : le budget Outre-mer est adopté

Le premier budget défendu par Ericka Bareigts en tant que ministre des Outre-mer, a été adopté mercredi soir par l’Assemblée nationale. Le député Les Républicains Daniel Gibbs s’est abstenu pour encourager la hausse des crédits.
A six mois de l’élection présidentielle, le débat budgétaire consacré à l’outre-mer avait des allures de plaidoyer en faveur de la politique menée depuis cinq ans en faveur des Outre-mer. D’entrée de jeu, Ericka Bareigts a opposé la politique menée sous la présidence de François Hollande aux projets développés par les candidats de la droite. Selon la ministre des Outre-mer, la proposition de baisser de 100 milliards d’Euros la dépense publique, "représenterait 100 millions d’Euros par an" sur le budget Outre-mer.

"Voilà des effets tangibles"

A l’inverse, elle met en lumière la priorité donnée aux Outre-mer, avec un budget qui va dépasser les 2 milliards d’Euros en 2017 alors qu’il plafonnait à 1,8 milliard en 2007. Elle assure avoir "préservé" le budget du SMA, "maintenu" les crédits consacrés à la continuité territoriale et "œuvré en faveur de tous les territoires". Si le chômage est encore largement plus élevé qu’en métropole, la ministre assure par exemple que le chômage des jeunes a baissé de 15% dans les DOM entre 2013 et 2016. "Voilà des effets tangibles", souligne Ericka Bareigts, qui conclut son propos introductif en appelant tous les députés présents (ils étaient une quinzaine) à voter son budget à l’unanimité.


"Soulagement relatif"

Le Martiniquais Alfred Marie-Jeanne douche rapidement les espoirs de la ministre. Il évoque l’élection présidentielle à venir qui occupe tous les esprits, et critique la politique d’austérité. "On prône l’égalité réelle mais elle reste inachevée", déclare-t-il. Il termine son propos très général sans rentrer dans les détails : "S’il manque une voix à l’appel à l’unisson, souffrez que cette voix soit la mienne."
Ce sera la seule voix discordante. La députée PS Marie-Anne Chapdelaine appelle, sans surprise, à soutenir ce projet de budget. Seul représentant de l’opposition de droite, le député Daniel Gibbs fait part de son "soulagement relatif" et annonce l’abstention des élus Les Républicains. Malgré une situation budgétaire tendue, les crédits alloués au SMA sont préservés, comme ceux du FEI (Fonds exceptionnel d’investissement). Malgré tout, il regrette que ce "budget de continuité" ne s’attaque "pas suffisamment" au manque de logements sociaux et à l’ampleur des logements insalubres.

Un budget "porteur d'espoir"

Pour les centristes de l’UDI, le député calédonien Philippe Gomès salue des mesures "porteuses d’espoir". Il se félicite de la réévaluation de la Dotation globale d’autonomie pour la Polynésie, qui avait baissé ces dernières années. Cette enveloppe est censée compenser les conséquences économiques de l’arrêt des essais nucléaires en Polynésie, en 1996. "Y toucher était quelque chose de très mauvais gout", rappelle le député du Caillou.
Enfin, Stéphane Claireaux, pour le groupe des Radicaux, soutient un "bon budget". Pour son archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon en particulier, il note une "augmentation de la dépense de l’Etat de plus de 8,5%" qui s’ajoute à des hausses systématiques depuis cinq ans.
Peu après minuit, le budget de la mission Outre-mer a été adopté sans difficulté après un peu plus de deux heures de débats.