L'association des amis du général Dumas porte plainte après les propos de Christine Angot sur l'esclavage

Suite aux propos de la chroniqueuse Christine Angot sur l'esclavage le 1er juin sur France 2, l'association des amis du général Dumas, présidée par l'écrivain guadeloupéen Claude Ribbe, a déposé une plainte le 5 juin contre X du chef d'apologie du crime de réduction en esclavage. 
Après la vague d'indignations sur les réseaux sociaux et les 900 signalements au Conseil supérieur de l'audiovisuel, les suites des propos sur l'esclavage de Christine Angot sur France 2 prennent désormais une dimension judiciaire. L'écrivain guadeloupéen Claude Ribbe, en sa qualité de président de l’association des amis du général Dumas, a déposé plainte le 5 juin 2019 contre X du chef d’apologie du crime de réduction en esclavage entre les mains du Procureur de la République de Paris.

L'association considère que les propos tenus par madame Angot et diffusés par la chaîne France 2 sont de nature à atténuer la culpabilité de tout auteur du crime de réduction en esclavage et ils sont par conséquent constitutifs du délit d’apologie du crime de réduction en esclavage visé et réprimé par l’article 24 de la loi du 29 juillet 1881. 

L’association des amis du général Dumas a pour objet de "faire connaître la vie du général Thomas-Alexandre Davy de La Pailleterie, dit Alexandre Dumas (1762-1806), figure emblématique issue de l’esclavage, général républicain, d’origine africaine par sa mère, né esclave à Saint-Domingue (république d’Haïti), mort libre à Villers-Cotterêts (Aisne) ; honorer et défendre sa mémoire, au regard notamment de ses origines africaines et de la condition d’esclavage qui fut la sienne dans sa jeunesse ; honorer et défendre la mémoire de sa famille : ascendants, descendants ou collatéraux" (journal officiel de la République française du 5 août 2006, page 3812).
 

"L’idée c’était qu’ils soient en pleine forme, en bonne santé..."

Samedi 1er juin sur France 2, dans l'émission "On n'est pas couché", la chroniqueuse Christine Angot s'était livrée à une comparaison entre la Shoah et l'esclavage, évoquant la concurrence des mémoires. Voici ce qu'elle déclare : 
 

Le but avec les juifs pendant la guerre, ça a bien été de les exterminer, de les tuer, et ça introduit par exemple une différence fondamentale, alors qu’on veut confondre, avec par exemple l’esclavage et l’esclavage des Noirs envoyés aux États-Unis ou ailleurs, et où c’était exactement le contraire. C’est-à-dire l’idée c’était qu’ils soient en pleine forme, en bonne santé pour pouvoir les vendre et pour qu’ils soient commercialisables. Donc non, ce n’est pas vrai que les traumatismes sont les mêmes, que les souffrances infligées aux peuples sont les mêmes.
- Christine Angot

 


"Je n'ai pas su trouver les mots. Je le regrette"

Face au déluge de protestations et d'indignations, la chroniqueuse de l'émission "On n'est pas couché" a finalement présenté ses excuses dans un communiqué : 
 

J'ai voulu rapprocher les deux crimes contre l'humanité que sont l'esclavage et la Shoah, tout en prenant soin de de spécifier la différence fondamentale de méthode dans la déshumanisation, d'un côté exterminer les personnes, de l'autre leur retirer leur humanité pour en faire des objets de commerce qu'on achète et qu'on vend. L'expression 'en bonne santé' était cependant absurde. Je suis bien consciente que de nombreux esclaves ont été tués et que le propriétaire exerçait sur eux un droit de vie et de mort. Indifférencier les souffrances infligées par ces crimes me paraît dangereux. L'indifférenciation pouvant conduire à l'indifférence. Je n'ai pas su trouver les mots. Je le regrette. Mon travail est de me faire comprendre. Je m'excuse d'y avoir échoué. Il me tenait à coeur d'éloigner la concurrence victimaire dont certains jouent. 
- Christine Angot, communiqué de presse, 4 juin 2019. 


Face à la polémique, Laurent Ruquier a pris la défense de sa chroniqueuse le 3 juin sur Twitter  Il a aussi révélé que Christine Angot ne sera pas reconduite à la rentrée en précisant que cette décision avait été prise il y a déjà plusieurs semaines.