La crise sanitaire a grossi les rangs des personnes les plus démunies. Cela se voit dans les associations qui leur viennent en aide. Astrid, originaire de Pointe-à-Pitre, est responsable de l’un des sept « Restos du Cœur » de la capitale.
" L’été dernier, il y avait 600 familles inscrites, et 1200 sont venues nous voir. Soit 100% d’augmentation ". Astrid Tulippe, petit bout de femme de 73 ans a constaté l’effet Covid sur l’affluence de son centre de distribution alimentaire. Cette Guadeloupéenne arrivée à Paris à l’âge de 14 ans travaille aux « Restos du Cœur » depuis sa retraite de la fonction publique.
On a vu beaucoup de femmes seules avec des enfants, des gens âgés avec des petites retraites, des gens au chômage partiel
Depuis sept ans, Astrid, qui s’était promis de travailler pour une association caritative une fois sa carrière professionnelle terminée, est responsable d’un centre alimentaire dans le sud de Paris. Elle gère la distribution des denrées, l’équilibre des stocks et le flux des bénéficiaires, soumis à des conditions de revenus. " Pour moi c’est un plaisir de venir, on fait une famille, on s’entend très bien ", raconte cette originaire de Pointe-à-Pitre, sans enfant et qui vit seule aujourd’hui .
Quatre jours par semaine
Du lundi au jeudi, Astrid distribue ses ordres et sa bonne humeur auprès de la quinzaine de bénévoles présents et des bénéficiaires. " Normalement on ouvre à 9 heures, mais pour que les gens n’attendent pas trop longtemps, on commence le plus tôt possible ", explique-t-elle. Du lait des pâtes, des œufs des plats cuisinés, mais aussi compotes pour les bébés, la distribution est bien rôdée, et Astrid sait lever la voix quand c’est nécessaire. " Je suis d’un naturel timide, mais ici c’est différent ", confie-t-elle.
Du couscous et des plats antillais
Malgré le contexte qui amène les familles dans ce centre, l’ambiance est souvent chaleureuse. " Les bénéficiaires nous emmènent parfois du couscous, des plats africains, des gâteaux ! ", se réjouit la responsable des lieux. A la fin de la distribution, il y a aussi le temps de la convivialité entre bénévoles : " on boit d’abord un coup, on se raconte des histoires qu’on a eues avec des bénéficiaires, et puis on mange. Je fais des colombos, du poisson, des trucs comme ça ", lâche modestement cette Guadeloupéenne qui n'est pas rentrée dans son île depuis trois ans.
Le 24 décembre, les Restos du Cœur seront exceptionnellement fermés. Astrid ira passer Noël en famille, chez son frère dans l'hexagone, avant de revenir donner de son temps, sans compter, le lundi suivant.
Ecoutez le reportage de Tessa grauman :
Astrid Tulippe