L’athlète martiniquaise Thélia Sigère : "J’ai inventé le concept de médecine-ball vivant !"

Thélia Sigère, athlète martiniquaise by herself
Le confinement a donné des idées à la Martiniquaise Thélia Sigère. L’athlète qui se lance dans le coaching, a mis au point des séances d’entraînement à domicile, enfant dans les bras. Ses vidéos d’un nouveau genre commencent à faire le buzz.
Un premier mot pour définir Thélia Sigère ? Discrétion. Ancien pilier de l’équipe de France d’athlétisme (section 400 mètres), la Martiniquaise avait quelque peu disparu des radars médiatiques. Elle réapparaît aujourd’hui. 35 ans désormais. Maman. Installée à Bron près de Lyon avec son compagnon Cédric Bergoz, un autre athlète martiniquais. Un bonheur tout en douceur que le confinement n’a pas perturbé. Au contraire : "Cette période m’a offert une vraie réflexion," confirme Thélia. "Voir ce qui était essentiel. Donner la priorité aux bonnes choses. Et répondre à cette question : le coaching est-il ce que je veux faire ?" La réponse n’a pas tardé. Elle a même fusé telle une évidence. Avec beaucoup de créativité en prime : "J’avais déjà expérimenté l’exercice début 2019, trois mois après mon accouchement. Mon bébé me servait de médecine-ball. Au fur et à mesure qu’elle prenait du poids, les exercices devenaient plus durs. J’ai repris l’idée pendant le confinement. Sauf que ma fille Evy a désormais dix-huit mois et qu’elle pèse onze kilos !"

En inventant le concept de médecine-ball vivant, Thélia Sigère a trouvé la solution à la question existentielle de beaucoup de mamans : comment faire du sport tout en s’occupant de son enfant ? "Nous avons vécu un moment totalement inédit. Même le gouvernement ne savait pas trop comment faire. Le risque était de sombrer dans la paranoïa. À ma toute petite place, j’ai voulu démontrer qu’il était possible de s’entretenir physiquement avec efficacité sans pour autant négliger son bébé."
Thélia la discrète ose alors réaliser ses premières vidéos. Cédric, le papa se transforme en cameraman. Sur les réseaux sociaux, les retours sont rapides et sympathiques. Les likes s’accumulent : "Beaucoup de gens m’ont avoué qu’ils n’y auraient jamais pensé avant. Comme l’enfant bouge souvent dans tous les sens, cela rend les exercices proposés encore meilleurs. Le tout, c’est que l’enfant s’amuse pendant que vous répétez vos enchaînements. Quand je fais ça, la vedette, c’est ma fille."
 
Thélia Sigère avec son médecine-ball vivant ! ©Fit Abilities
 

Discrète mais toujours active

Depuis 2016, Thélia Sigère a mis sa carrière de haut niveau entre parenthèses. L’athlétisme, ses émotions uniques, ses voyages, son ambiance, c’est formidable. Mais il faut aussi penser à se nourrir, à gagner de l’argent. D’où son emploi à mi-temps comme vendeuse experte chez la célèbre marque américaine à la virgule. Pour la Martiniquaise, il n’était pas question de se laisser aller. Voire de se lamenter sur son sort : "Bien évidemment, certains matins, j’avais envie de rester couchée. Mais le sport m’a inculqué la rigueur, le goût de l’effort. Comme j’ai l’impression de ne pas avoir réalisé pleinement ma carrière sportive, c’est une autre façon de m’accomplir, d’être fière de moi."

Cet emploi à mi-temps, Thélia l’a souhaité. Car la Martiniquaise avait dans l’idée de développer une autre activité en parallèle : coach sportif. Diplômée depuis une dizaine d’années, elle a longtemps hésité avant de se lancer. La structure toute récente est maintenant en place. Son nom ? Fit Abilities. Les débuts se révélaient prometteurs. Mais comme dit la pub, ça, c’était avant : "J’avais réussi à franchir un cap. Apprendre à me vendre sans avoir peur. Me faire confiance. Me singulariser aussi. Je voulais notamment travailler avec des entreprises. L’une d’elle devait me faire signer un contrat. Nous avions rendez-vous le 19 mars. Sympa, non ? Merci le confinement ! Ceci étant, depuis le déconfinement, de nouveaux clients m’appellent. Je vais donc prendre mon envol mais plus lentement."
 
Thélia Sigère sous les couleurs de son club stéphanois du Coquelicot 42
 

Et si la Martiniquaise signait son retour en 2021 ?

Lorsque Thélia Sigère se retourne sur sa carrière d’athlète, elle ne peut s’empêcher d’évoquer une immense frustration. La Martiniquaise a certes participé au relais 4 fois 400 mètres aux Jeux Olympiques de Pékin en 2008. Mais la suite lui a laissé un goût d’inachevé. Voire d’abandon. En 2010, elle ose quitter l’INSEP pour tenter l’exil à Londres. L’aventure durera deux ans. Une aventure qu’elle finance intégralement. À son retour, la Fédération lui interdit l’accès à l’INSEP. Et toujours aucune aide financière proposée. Elle doit alors retourner vivre chez sa mère : "Je pense qu’on m’a fait payer mon envie d’aller découvrir d’autres méthodes d’entraînement. Une autre culture du sport. En plus, je me suis blessée juste avant les JO de Londres. Je n’ai donc jamais pu démontrer que mon choix était bon. Et comme financièrement, ils m’ont lâchée, ma fin de carrière m’a laissé un petit goût amer."

Une fin de carrière… ou juste une pause ? Car Thélia Sigère n’a que 35 ans. Et depuis la fin de sa grossesse, elle s’entraîne tout de même trois fois par semaine avec le coach lyonnais Djamel Boudebibah : "Se retrouver derrière les petites jeunes à l’entraînement, il faut assumer. À mon niveau et à mon âge, physiquement parlant, c’est devenu difficile. Mais mentalement, ça va plutôt bien." D’autant plus que Cédric, son cher et tendre ne rêve que d’une chose : relancer sa compagne et l’envoyer aux JO de Tokyo en 2021. "Ne nous emballons pas," tempère Thélia. "Mais j’avoue que Tokyo est dans un petit coin de ma tête. Il faut dire que Cédric m’en parle beaucoup. Si les chronos me disent que c’est possible, je pourrais tenter l’aventure. Qu’est-ce que je risque après tout ? Si ce n’est d’effacer ma frustration ?"
Nous sommes maintenant curieux de savoir quel rôle jouera le médecine-ball vivant dans les futures séances sur piste de Thélia Sigère, la discrète et inventive Martiniquaise.
 
Un message de l'athlète martiniquaise Thélia Sigère