Attentat de Nice : la vie reprend doucement sur la Promenade des Anglais

Richard et sa femme de dos sur la Promenade des Anglais à Nice
Deux jours après l'attentat qui a frappé Nice, les Ultramarins reviennent sur le lieu du drame. La promenade des Anglais se remplit à nouveau. Les plages rouvrent et les commerces lèvent les rideaux sous l’oeil des militaires. 
Il est 8 heures. Sur la Promenade des Anglais à Nice, joggeurs, marcheurs et poussettes reviennent arpenter le littoral. L'œil vif et le pas assuré, un militaire Polynésien patrouille avec ses hommes. "Nous appartenons à l'infanterie de marine du Var, explique le Caporal-chef Teniarahi. Nous sommes venus en renfort pour surveiller la ville".


Les patrouilles militaires

Plus habitué aux opérations extérieures, le militaire tahitien préfère "fouiller, dénicher des planques et lutter directement contre le terrorisme, plutôt que de patrouiller dans la ville".

Déployé dans le cadre de l'opération sentinelle, le Caporal-chef pense surtout que sa présence ici est "symbolique". "Nous devons rassurer la population", dit-il.

Sur "la Prom’", comme l'appellent les Niçois, pas de fouille, ni de contrôle, juste une présence rassurante. "Les gens nous remercient même d’être là", raconte le Tahitien qui travaille dans l’armée française depuis onze ans.

Le caporal-chef Teniarahi en patrouille à Nice

Le retour des baigneurs

En contre bas, des nageurs font leurs brasses matinales. Transats et parasols s'installent à nouveau sur les plages alors qu’au large, un navire de la marine nationale fait des va-et-vient le long des côtes.

Au bout de la promenade, sur le Port de Nice, appareil photo autour du cou, des touristes reprennent leur visite de la ville. Les yeux encore cernés, Jean-Michel propriétaire du restaurant réunionnais Le Kaloupilé s’apprête à dresser les tables sur la terrasse.


Des restaurants vides

"Les habitués ont tous annulés hier, et ce soir nous avons zéro réservation", se désole Jean-Michel qui effectue d’habitude "l’essentiel de son chiffre d’affaire l’été". "Hier soir, quelques touristes sont venus dîner très tôt, à 18 heures. A 20h30, tout le monde était rentré. Drôle d’ambiance, pas celle d’une station balnéaire", remarque celui qui se souvient encore du moment où "les additions et les rhums arrangés étaient sur la table", lorsque le drame a eu lieu, jeudi soir, à quelques mètres du restaurant.

Jean-Michel, propriétaire du restaurant réunionnais Le Kaloupilé


Rien ne sera plus comme avant

A 11h45, la Promenade des Anglais a été rouverte en partie à la circulation. Certaines zones restent encore protégées par des barrières. Devant l’une d’elles, Richard, originaire de Martinique, se recueille avec sa femme, le "coeur lourd et le ventre noué". Comme à leur habitude, ils sont venus à vélo sur la Promenade ce matin, sauf qu’aujourd’hui "rien ne sera plus comme avant", remarquent-ils.

"On ne peut plus voir cet endroit magnifique de la même manière après une telle horreur", se désole Richard qui a mis des bougies dans son sac à dos pour les déposer en hommage aux victimes. "Nous étions là le 14 juillet, nous sommes repartis à 19 heures en se disant qu’il y avait trop de monde", expliquent-ils.

Richard et sa femme venus se recueillir sur la Prom'

Sur le sol, bougies et fleurs sont déposées à plusieurs endroits de la Promenade. Ces moments de recueillement sont parfois entrecoupés par des cris des enfants qui jouent à nouveau sur la plage en contrebas.

Revoir la vie malgré le sang

La vie revient doucement sur le littoral. C’est ce que veut garder en mémoire Anthony, venu de Guadeloupe pour des vacances. "Nous repartons ce soir, et je voulais à nouveau voir de la vie à cet endroit avant de rentrer", explique le jeune homme, originaire de Pointe à Pitre.

Anthony, Guadeloupéen, en vacances à Nice

A ses côtés, sa femme enceinte, est sous le choc. Jeudi soir, ils ont couru ensemble une dizaine de minutes pour fuir l’horreur. "Je ne pensais qu’à sauver notre peau, celle de ma femme, à la protéger de la foule, nous nous sommes mis à l’abri dans l’hôtel plus haut", raconte-il.

Si Anthony est heureux de revoir les touristes se baigner, sa femme ne quitte pas des yeux le sol maculé de sang.