Deux jours après l'attentat qui a frappé Nice, les Ultramarins reviennent sur le lieu du drame. La promenade des Anglais se remplit à nouveau. Les plages rouvrent et les commerces lèvent les rideaux sous l’oeil des militaires.
Laura Philippon, envoyée spéciale à Nice •
Il est 8 heures. Sur la Promenade des Anglais à Nice, joggeurs, marcheurs et poussettes reviennent arpenter le littoral. L'œil vif et le pas assuré, un militaire Polynésien patrouille avec ses hommes. "Nous appartenons à l'infanterie de marine du Var, explique le Caporal-chef Teniarahi. Nous sommes venus en renfort pour surveiller la ville".
Plus habitué aux opérations extérieures, le militaire tahitien préfère "fouiller, dénicher des planques et lutter directement contre le terrorisme, plutôt que de patrouiller dans la ville".
Déployé dans le cadre de l'opération sentinelle, le Caporal-chef pense surtout que sa présence ici est "symbolique". "Nous devons rassurer la population", dit-il.
Sur "la Prom’", comme l'appellent les Niçois, pas de fouille, ni de contrôle, juste une présence rassurante. "Les gens nous remercient même d’être là", raconte le Tahitien qui travaille dans l’armée française depuis onze ans.
En contre bas, des nageurs font leurs brasses matinales. Transats et parasols s'installent à nouveau sur les plages alors qu’au large, un navire de la marine nationale fait des va-et-vient le long des côtes.
Au bout de la promenade, sur le Port de Nice, appareil photo autour du cou, des touristes reprennent leur visite de la ville. Les yeux encore cernés, Jean-Michel propriétaire du restaurant réunionnais Le Kaloupilé s’apprête à dresser les tables sur la terrasse.
"Les habitués ont tous annulés hier, et ce soir nous avons zéro réservation", se désole Jean-Michel qui effectue d’habitude "l’essentiel de son chiffre d’affaire l’été". "Hier soir, quelques touristes sont venus dîner très tôt, à 18 heures. A 20h30, tout le monde était rentré. Drôle d’ambiance, pas celle d’une station balnéaire", remarque celui qui se souvient encore du moment où "les additions et les rhums arrangés étaient sur la table", lorsque le drame a eu lieu, jeudi soir, à quelques mètres du restaurant.
A 11h45, la Promenade des Anglais a été rouverte en partie à la circulation. Certaines zones restent encore protégées par des barrières. Devant l’une d’elles, Richard, originaire de Martinique, se recueille avec sa femme, le "coeur lourd et le ventre noué". Comme à leur habitude, ils sont venus à vélo sur la Promenade ce matin, sauf qu’aujourd’hui "rien ne sera plus comme avant", remarquent-ils.
"On ne peut plus voir cet endroit magnifique de la même manière après une telle horreur", se désole Richard qui a mis des bougies dans son sac à dos pour les déposer en hommage aux victimes. "Nous étions là le 14 juillet, nous sommes repartis à 19 heures en se disant qu’il y avait trop de monde", expliquent-ils.
La vie revient doucement sur le littoral. C’est ce que veut garder en mémoire Anthony, venu de Guadeloupe pour des vacances. "Nous repartons ce soir, et je voulais à nouveau voir de la vie à cet endroit avant de rentrer", explique le jeune homme, originaire de Pointe à Pitre.