Chez les Chery, le basket, on connaît. Une véritable religion. Le papa était joueur professionnel. Sa fille Kendra et son fils Valentin le sont aujourd’hui. En rentrant chez maman et papa, Kendra avait donc la garantie de se maintenir à niveau. Car à Lyon, les Chery disposent d’une terrasse. Sous l’œil expert de papa, Kendra a pu s’astreindre à une séance quotidienne de dribbles d’une heure. Enfin au début. Car le voisin a vite renvoyé tout le monde au vestiaire : "C’est une personne âgée et elle a fini par rouspéter," s'amuse l'ailière. "Au bout de quatre ou cinq jours, si je me présentais sur la terrasse avec un ballon de basket, je pense que je mettais ma vie en danger. Mais ce n’est pas si grave. À Lyon, je suis confinée en famille. Pas seule. C’est précieux."
Adaptation. Voilà le maître-mot en ce moment pour les sportifs de haut-niveau. Les salles d’entraînement sont fermées. Et comme le voisinage n’est pas toujours compréhensif, il faut se montrer imaginatif : "Je fais beaucoup de renforcement musculaire, du gainage, des abdos," déclare Kendra. "Des exercices que je ne fais pas aussi souvent en temps normal. Je me sers de vidéos sur YouTube, c’est sympa.
Je reconnais que le ballon me manque terriblement. C’est une sensation bizarre. Voilà aussi pourquoi j’ai hâte de retourner en Guadeloupe au plus vite. Là-bas, j’ai l’habitude de me préparer pour la saison à venir. À Sainte-Anne et au Moule notamment. C’est beaucoup moins dense niveau population. Je pourrais faire un peu de bruit sans déranger personne si vous voyez ce que je veux dire…
Quand j’essaye d’aller à la salle #StayHomeSaveLives #miss pic.twitter.com/Gm1L8jbhvW
— Kendra Chéry (@chery_kendra) April 20, 2020
Présent à l’arrêt mais futur en marche
Kendra Chery va d’autant plus facilement retourner en Guadeloupe que la Ligue féminine de basket ne reprendra pas. Saison 2019/2020 officiellement clôturée alors que les garçons attendent toujours une éventuelle reprise.Valentin, frère de Kendra et joueur en Pro-B au Paris Basket pourrait ainsi être rappelé sur les parquets durant l’été : "Le contact est quand même prolongé au basket," s’inquiète la Guadeloupéenne. "Si les garçons doivent reprendre, j’espère que ce sera sans risque. En ce qui concerne les femmes et l’arrêt de notre saison, je trouve le choix de la Fédération et de la Ligue très intelligent. Je les en remercie car je ne suis pas du tout rassurée avec le coronavirus. Pas du tout sereine. Depuis le début du confinement, je n’ai osé quitter la maison qu’une seule fois !"
Le monde du sport est à l’arrêt. Pas de vacances en revanche pour les agents de joueuses et notamment Comsport. En plein confinement, le club de Basket Landes a ainsi annoncé le recrutement de Kendra Chery pour deux saisons. Une occasion unique de passer à la vitesse supérieure : "J’ai besoin de me développer au niveau tactique. Je pense que je vais apprendre beaucoup au contact de joueuses comme Céline Dumerc. Sans compter que le club devrait aussi me permettre de reprendre des études supérieures dans le domaine de la nutrition. Ce sera un vrai challenge complet."
La génération 2001 est en train de prendre le pouvoir
Formée au sein du prestigieux Centre Fédéral, Kendra Chery appartient à la génération 2001. Avec la Martiniquaise Iliana Rupert, Marine Fauthoux ou encore Zoé Wadoux, elles ont constitué un collectif indestructible :Nous sommes très liées. Une grande détermination nous habite. Depuis qu’on se connaît, notre objectif est clair : décrocher une médaille d’or. Le titre de Championne d’Europe 2017 avec l’équipe de France des moins de 16 ans demeure un souvenir fantastique. Mais attention, nous n’avons jamais dit qu’on ne souhaitait décrocher qu’une seule médaille d’or. Nous en voulons beaucoup d’autres !
Intégrer l’équipe de France senior n’est pas un rêve pour Kendra Chery. Mais un objectif. Nuance. Pour ce faire, la Guadeloupéenne, 1 mètre 88 doit devenir une joueuse titulaire à Basket Landes. Une titulaire plus forte tactiquement mais également plus détendue : "J’ai une grosse exigence dans mon travail de basketteuse professionnelle. Au début, je ne souriais jamais sur le terrain. Alors qu’en dehors, j’adore mettre l’ambiance. Je suis quelqu’un de cool. À La Roche Vendée Basket, un club familial, j’ai découvert qu’on pouvait rigoler tout en étant sérieuse. C’est peut-être bête mais ça m’a beaucoup aidée. On ne se rend pas compte de la chance qu’on a de vivre une vie pareille. Il faut savourer chaque instant."