Il est large comme la moitié de Paris et provoque des séismes qui ont fait s'affaisser Mayotte de 15 cm : le volcan sous-marin récemment découvert au large de cette île de l'océan Indien, où Emmanuel Macron est en visite ce mardi, est surveillé comme le lait sur le feu par les scientifiques.
•
Le volcan a été découvert le 15 mai par une mission scientifique lancée après des déformations du sol et des secousses dont certaines ressenties à Mayotte atteignaient 5,8 sur l'échelle de Richter.
Le CNRS, l'Institut de Physique du Globe de Paris (IPGP), l'Ifremer et le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) ont placé des sismomètres au coeur des zones de séismes et renforcé les réseaux de surveillance à terre. Et c'est en sondant les fonds marins depuis un navire océanographique que les scientifiques ont découvert le volcan.
"La difficulté est d'aller chercher les sismomètres sous l'eau, les remonter, récupérer les données qu'ils ont enregistrées et les remettre dans l'eau", explique Éric Humler, membre du CNRS. Ces capteurs peuvent être relevés tous les quatre semaines à six mois selon les modèles. "Notre réseau n'est pas adapté" remarque Arnaud Lemarchand, responsable opérationnel des observatoires volcanologiques et sismologiques de l'IPGP. "Si une éruption arrivait jusqu'à l'île, il faudrait pouvoir la suivre en direct pour prévenir les autorités."
La méthode la plus fiable et coûteuse relierait des sismomètres sous-marins à la terre par câble pour transmettre les données en temps réel. L'IPGP et Ifremer prospectent des cabinets de télécommunications dans ce but. Une autre solution, expérimentale et moins précise, prévoit d'utiliser des fibres optiques comme capteurs. Ce projet devrait voir le jour dans quelques mois.
Le scénario le plus préoccupant serait une réactivation volcanique proche de Mayotte, qui a déjà connu une telle activité. L'instabilité des fonds marins pourrait aussi engendrer des vagues dont l'importance reste à quantifier. Mais ces scénarios, dont la probabilité reste à évaluer, "dépendent de toute une chaîne d'actions et de processus géologiques qui doivent s'enclencher au préalable" et sont aujourd'hui "moins probables que d'autres, comme l'arrêt de l'éruption ou sa continuité au même endroit," explique le volcanologue.
L'affaissement de l'île, qui ralentit depuis quelques mois, pourrait aussi provoquer des infiltrations d'eau et davantage d'inondations de certaines portions du littoral mahorais, ce qui nuirait aux bâtiments des côtes. Une situation à laquelle s'ajoute la submersion marine en cours, due "aux changements globaux et au réchauffement climatique", remarque Jean-Christophe Komorowski.
Le CNRS, l'Institut de Physique du Globe de Paris (IPGP), l'Ifremer et le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) ont placé des sismomètres au coeur des zones de séismes et renforcé les réseaux de surveillance à terre. Et c'est en sondant les fonds marins depuis un navire océanographique que les scientifiques ont découvert le volcan.
Particularités
Ce qui le distingue des autres, c'est sa taille : "800 m de haut, plus de deux fois la tour Eiffel, sa surface couvrirait la moitié de Paris", rapporte Nathalie Feuillet, physicienne à l'IPGP, qui ajoute qu'il est "très rare" de voir naître un tel édifice. Son éruption constitue la plus importante émission de lave sur Terre depuis 1783. Elle a déclenché la vidange de la poche de magma qui se trouve sous Mayotte, provoquant progressivement l'affaissement de l'île de 15 cm et son déplacement vers l'Est de 20 cm en un an.Réseau insuffisant
Une quinzaine de sismomètres et de capteurs de pression ont été immergés au large de l'île pour mesurer en continu les mouvements du fond marin, mais les scientifiques manquent de données en temps réel."La difficulté est d'aller chercher les sismomètres sous l'eau, les remonter, récupérer les données qu'ils ont enregistrées et les remettre dans l'eau", explique Éric Humler, membre du CNRS. Ces capteurs peuvent être relevés tous les quatre semaines à six mois selon les modèles. "Notre réseau n'est pas adapté" remarque Arnaud Lemarchand, responsable opérationnel des observatoires volcanologiques et sismologiques de l'IPGP. "Si une éruption arrivait jusqu'à l'île, il faudrait pouvoir la suivre en direct pour prévenir les autorités."
La méthode la plus fiable et coûteuse relierait des sismomètres sous-marins à la terre par câble pour transmettre les données en temps réel. L'IPGP et Ifremer prospectent des cabinets de télécommunications dans ce but. Une autre solution, expérimentale et moins précise, prévoit d'utiliser des fibres optiques comme capteurs. Ce projet devrait voir le jour dans quelques mois.
Plusieurs scénarios
Les chercheurs sont actuellement en train d'analyser les données obtenues cet été pour estimer l'importance des risques liés au volcan. Les résultats de leurs modélisations seront connus en début d'année. Selon Jean-Christophe Komorowski, responsable scientifique des observatoires volcanologiques et sismologiques de l'IPGP : "Soit l'éruption s'arrête, soit elle migre plus ou moins loin le long de la ride volcanique, soit elle continue sur ce site." Cette dernière option signifierait la poursuite de la sismicité ressentie par la population, qui continuerait de fragiliser des bâtiments de l'île.Le scénario le plus préoccupant serait une réactivation volcanique proche de Mayotte, qui a déjà connu une telle activité. L'instabilité des fonds marins pourrait aussi engendrer des vagues dont l'importance reste à quantifier. Mais ces scénarios, dont la probabilité reste à évaluer, "dépendent de toute une chaîne d'actions et de processus géologiques qui doivent s'enclencher au préalable" et sont aujourd'hui "moins probables que d'autres, comme l'arrêt de l'éruption ou sa continuité au même endroit," explique le volcanologue.
L'affaissement de l'île, qui ralentit depuis quelques mois, pourrait aussi provoquer des infiltrations d'eau et davantage d'inondations de certaines portions du littoral mahorais, ce qui nuirait aux bâtiments des côtes. Une situation à laquelle s'ajoute la submersion marine en cours, due "aux changements globaux et au réchauffement climatique", remarque Jean-Christophe Komorowski.