Australie : reprise d’activités assombrie par une sanction chinoise

Un bar de Sydney
De nombreux pubs rouvrent en Australie, symbole puissant de la fin de deux mois de confinement. Mais la reprise économique risque de subir quelques ratés. La Chine arrête ses importations de bœuf et d’orge australiens. Canberra avait demandé une enquête sur les origines du coronavirus dans ce pays.
"C’est un vrai cadeau, c’est génial, peut -être que les choses vont redevenir normales” se réjouit Robert Merlino. Il vient de retourner dans le café où il avait ses habitudes dans la banlieue de Sydney : "On retrouve les amis, pour la première fois depuis deux mois et on fait travailler les cafés. Et je pense que le gouvernement fait de son mieux. Le retour doit se faire étape par étape." En Nouvelle-Galles-du-Sud, on peut recevoir 5 personnes à son domicile, et les restaurants peuvent en accueillir 10 en même temps.
 

"La journée du travail"

Même situation dans le Territoire du Nord. Avec 19 cas et aucun décès, pour 252.000 habitants, cet Etat a été le moins frappé par la maladie. Il a été le premier à rouvrir ses portes. Espacés d’un mètre et demi les uns des autres, les clients d’un pub-restaurant de Darwin se succèdent toutes les deux heures. L’Etat est vaste comme deux fois et demie la France.

A midi pile dans un pub-café de la même ville, Michael Gunner en personne sert des bières aux clients. "Les bières sont là et les emplois sont de retour", jubile le ministre en chef de l’Etat,  "Aujourd’hui nous relançons la bataille pour l’économie. ll y a beaucoup de raisons d’être excités aujourd’hui. Mais pour moi, c’est surtout la journée du travail."
 

"Redémarrer notre économie"

Des propos qui font écho à ceux de Scott Morrison. Même si le pays n’a connu que 7023 cas de coronavirus et 98 décès, le premier ministre australien sait que de très nombreux emplois ont disparu à cause de la crise et du ralentissement économique :

"Il est si important de redémarrer notre économie, et c'est pourquoi j'applaudis ces nombreuses petites et moyennes entreprises qui font exactement cela. Je sais qu’ils ont hâte de le faire. Nous devons donc être très conscients, alors que nous traversons cette crise, que le temps presse pour savoir jusqu'où on peut aller et ce qui peut être fait, et c’est pourquoi il est si urgent, que nous avancions en toute sécurité pour rouvrir notre économie et ramener les gens à l'emploi et être soutenus par des entreprises qui sont dans une économie plus forte."
 

La sanction chinoise

Mais l’Australie a une épine dans le pied. La Chine a suspendu ses importations de viande de bœuf et d’orge australiens. Auparavant Pékin avait décidé d’imposer une taxe de 80% sur cette céréale. Cette décision frappe deux secteurs importants de l’économie australienne fragilisés par la crise du covid-19. Elle survient comme une sanction, après la demande par Canberra d’une enquête internationale sur les origines du coronavirus en Chine. Une demande en phase avec celle formulée par les Etats-Unis, alliés traditionnels de l’Australie.

Le Premier ministre a réagi de manière diplomatique. "Notre relation avec la Chine est basée sur des avantages mutuels. C’est un partenariat stratégique. Et il y a de temps à autre des problèmes à résoudre. Aujourd’hui les problèmes portent sur la viande et l’orge.  Et surtout ceux concernant l’orge existent depuis un certain temps."
 

Dans l’expectative

"Il s’agit de deux sujets très importants  qu’il faut gérer pour l’Australie et pour les relations Chine-Australie", insiste le ministre australien du Commerce, Simon Birmingham. "Et la balle est vraiment dans le camp des Chinois. Nous avons dit très clairement que je suis disponible et désireux d’avoir une discussion où nous pourrons aborder et débattre de certaines de ces questions commerciales". Canberra est toujours dans l’expectative. Il n’est pas facile d’être à la fois un allié loyal des Etats Unis, et d’avoir la Chine comme premier partenaire commercial.