Aux Philippines, les producteurs de nickel ont mauvaise mine, bonne nouvelle pour la Nouvelle-Calédonie ?

Combinat métallurgique et usines de nickel
La ministre philippine de l'Environnement et des Ressources naturelles a intensifié mardi sa campagne contre les exploitations de nickel, annulant près d'un tiers des nouveaux contrats miniers. Toute contestation est rejetée. La moitié des mines du pays est concernée.
Le nickel a été le seul des principaux métaux industriels à progresser mardi à la bourse des métaux de Londres. Ce mardi soir, le nickel est stable à 10.688 dollars la tonne après avoir gagné près de 1,50%. Le marché londonien hésite sur le chemin à suivre.

La "Passionaria" anti-nickel

Pollution des bassins hydrographiques, envasement des eaux côtières et des terres agricoles, menaces sur le secteur du tourisme, tout le secteur minier des Philippines est mis en cause : la stratégie gouvernementale s'inspire de ce constat accablant que conteste le patronat philippin.

Régina Lopez - la « Passionaria anti-nickel » (photo ci-dessous) - entend bien gagner son bras de fer avec l’industrie minière. Elle vient de confirmer que 75 nouvelles demandes d’autorisation de production étaient refusées. Elles menaceraient des bassins hydrographiques et l’approvisionnement en eau. La ministre relance donc son combat contre le secteur minier du nickel après avoir ordonné la fermeture de 23 des 41 mines du pays pour des motifs environnementaux, provoquant un tollé de l'industrie du nickel et des menaces d'action en justice : « Nous annulons ces contrats par amour pour les gens » a déclaré Régina Lopez au cours d’une conférence de presse.

Regina Lopez, ministre de l'environnement et des ressources naturelles des Philippines

Le patronat envisage tous les recours

L'industrie minière des Philippines affirme mardi matin dans un communiqué que les mesures prises par Regina Lopez affecteront 1,2 million de personnes. Son avocat, Ronald Recidoro, affirme que l’acharnement de la ministre est « absurde » et que le processus engagé était entaché d’illégalité.
« Vous ne pouvez pas annuler unilatéralement les contrats miniers, sans motif spécifique » a déclaré l’avocat à un journaliste de l’agence Reuters. Le producteur philippin Nickel Asia Corp annoncé qu'il utiliserait tous les recours juridiques pour obtenir l’annulation de la décision gouvernementale.

L’industrie minière envisage une action collective auprès de la Cour suprême des Philippines.

Regina Lopez conteste la capacité des tribunaux du pays à remettre en cause les décisions gouvernementales. De son côté, le président Rodrigo Duterte maintient deux fers au feu, il soutient sa ministre de l’Environnement et des Ressources naturelles tout en déclarant que l’industrie minière peut demander réparation auprès des tribunaux philippins.

Les Philippines pèsent 8% de la production mondiale

« Les investisseurs sont sous pression. Ils traitent les achats ou les ventes de nickel sous l’incertitude des Philippines, mais le resserrement des « spread », c'est à dire l’écart entre le prix cash et le prix à trois mois du nickel est un signe positif"  précise Boris Mikanikrezai analyste du nickel au Metal Bulletin de Londres.

À Shanghai, les primes des contrats de nickel progressent dans une fourchette comprise entre 15 dollars et 180 dollars selon la quantité. « Nous notons de bonnes offres sur le marché mondial » indique le négociant londonien Marex Spectron.

Pour ajouter à l’optimisme - même relatif - qui domine le marché, l’Indonésie annonce l’instauration d’une taxe sur ses nouvelles exportations de nickel.
« La taxe à l'exportation de 10 % réduira probablement la demande de minerai de nickel de faible qualité indonésienne, elle pourrait aussi empêcher les prix du minerai de diminuer », souligne le Metal Bulletin, l'oeil du marché londonien des métaux.