Tout est parti d'une gravure de Nicolas-André Monsiau sur laquelle on voit Danton en train de proclamer l’abolition de l’esclavage en 1794. À la droite de l'orateur, on remarque une femme noire âgée avec une petite fille agenouillé à ses côtés. Viktor Lazlo a voulu nous faire connaître la vie de cette femme telle qu'elle l'a "inventée".
L'être humain, quand il s'empare d'un destin universel sacrifie son destin individuel.
Viktor Lazlo
Martinique, vers 1752, domaine des Bois-Tranchés. Une fillette à la peau claire attire déjà les regards. Enfant d’esclave, elle n’a que sept ans lorsqu’elle est arrachée à sa mère pour se retrouver au service de Madame de Lalung. On la surnomme alors "Olvidia ".
Si travailler dans la grande maison lui permet d’échapper à la corvée des champs, il lui faut néanmoins se plier aux exigences de sa maîtresse, qui cultive la douceur autant que la cruauté, et aux sollicitations répétées de son maître pervers. Jusqu’à ce que, à nouveau, le destin s’en mêle. Bientôt, Olvidia devra quitter sa terre natale et découvrir une Europe au bord de la Révolution…
D’une écriture riche et évocatrice, "Ce qui est pour toi, la rivière ne l’emporte pas" est un grand roman d’émancipation porté par le périple d’une héroïne qui, entre la Martinique, Paris et l'Autriche, aura toute sa vie lutté contre l’esclavage et pour la liberté.
L’autrice
Après des études d’histoire de l’art et d’archéologie, Viktor Lazlo enregistre un premier album de chansons. Cinq disques d’or, de nombreux films et quelques pièces de théâtre plus tard, elle est l’auteur de trois romans publiés chez Albin Michel : "La femme qui pleure" (2010, prix Charles Brisset), "My name is Billie Holiday "(2012), et "Les tremblements essentiels" (2015). Aux éditions Grasset, elle publie en 2018 "Les passagers du siècle" , premier volet d’une saga dont "Trafiquant de colère", paru chez le même éditeur en 2020, est le deuxième volume.
Lecture d’À la première page : extrait de "Ce qui est pour toi, la rivière ne l'emporte pas"
"Il n’est pas un esclave qui n’ait jeté un coup d’œil envieux au loin, après avoir compris que son seul salut vraisemblable n’était point celui du retour au pays natal, avalé par les milles et les milles d’eau salée, mais celui d’un placement à proximité des maîtres.
Séparée par un large bosquet d’arbres à pain et de manguiers centenaires de la ruelle aux cabanes de latanier recouvertes de feuilles de palmier séchées où s’entassaient tant bien que mal les esclaves ouvriers de la canne, la grande maison offrait la tentation d’un monde inaccessible."
♦ Pour aller plus loin :
Le 4 février 1794 : première abolition de l’esclavage
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Chargé de réalisation : Jean-Luc Benzimra
Illustrations : The last Kamit
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