Basket : Jonathan Jeanne, la résurrection d'un banni

Le Guadeloupéen Jonathan Jeanne rayonne depuis le début de saison en Pro B avec Poitiers Basket 86.
Jonathan Jeanne peut à nouveau évoluer sur les parquets de basket français après quatre ans de mise à l’écart. Diagnostiqué par erreur du syndrome de Marfan, une maladie rare, le Guadeloupéen s’est reconstruit et revit aujourd’hui à Poitiers en Pro B guidé par sa foi.

"Mon histoire est unique en son genre et c’est ça qui en fait sa beauté", raconte Jonathan Jeanne. En 2017, alors que le monde du basket outre-Atlantique lui fait les yeux des doux – on lui prête même déjà la 20ᵉ place de la Draft – Jonathan Jeanne apprend qu’il est malade. "À ce moment, j’étais animé par un sentiment d’incompréhension, raconte-t-il. Je me disais pourquoi moi ? Pourquoi à ce moment ?". Diagnostiqué du syndrome de Marfan – une maladie systémique des tissus conjonctifs qui touche des personnes de grande taille – à l’âge de 19 ans, le Guadeloupéen est interdit de jouer dans les ligues professionnelles en France et aux États-Unis. Il devient alors l’indésirable du basket français. "C’était très difficile, pendant des années, j'ai essayé de revenir, mais ça s’est avéré nul et sans effets, avoue-t-il. Beaucoup (les clubs français) avaient peur, ils ne savaient pas trop où j’en étais physiquement, et c’était difficile pour moi à vivre."

Je suis passé par L’INSEP, le Creps, des endroits où on est surveillé continuellement, donc je savais que j’allais bien et que j’étais en bonne santé et ne pas pouvoir jouer, c’était très difficile pour moi sur le plan humain en tant que jeune basketteur.

Touché, mais pas coulé, le géant de 2,17 m n’abdique pas,"j’ai traversé le désert, mais ma foi m’a permis de tenir". Après un arrêt d’un an, il reprend le fil de sa carrière, guidé par sa bonne étoile. "Ce syndrome a tout bouleversé dans ma vie et ça m’a permis de me rapprocher de Dieu", confesse-t-il. Pendant quatre ans, il évolue dans des clubs de seconde zone en Espagne puis au Danemark.

"Je n’ai jamais eu d’amertume ou de haine envers personne"

Après avoir pensé à arrêter sa carrière, "non pas à cause de la mort ou la maladie" mais " parce que toutes les portes se fermaient", le salut du Guadeloupéen arrivera en 2021. Contre toute attente, après une énième demande de contre-expertise, Jonathan Jeanne apprend qu’il n’est pas malade. La stupeur gagne les rangs du Guadeloupéen, mais surtout, c'est une délivrance. Malgré cette erreur médicale qui lui a coûté son rêve américain, Jonathan Jeanne n’en veut pas aux médecins de l’époque qui l’avaient diagnostiqué. 

Du premier jour jusqu'à aujourd’hui, je n’en ai jamais voulu aux médecins. Ils ont tout simplement fait leur travail, qui était de diagnostiquer un joueur allant évoluer en NBA, estime-t-il.  Je n’ai jamais eu d’amertume ou de haine envers personne.

Touché par la grâce, le joueur originaire de la ville du Gosier en Guadeloupe revient en France en 2021 à Tarbes-Lourdes (nationale 1). Dès la saison d’après, il s’engage avec le Poitiers Basket 86. Avec eux, Jonathan Jeanne retrouve la Pro B (deuxième division française de basket) et n’est plus qu’à un échelon de l’élite.

Atterrir pour mieux rebondir

Revenu sur le sol français – aussi pour des raisons familiales – le Guadeloupéen revit et récite son basket comme à ses plus belles heures, "exactement" glisse-t-il. "Après tout ce que j’ai pu traverser dans ma vie, je prends plaisir à être sur un parquet français et à évoluer à un certain niveau", assure le pivot.

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Spectaculaire et vif, Jonathan Jeanne fait l’étalage de son talent à Poitiers. Après une première saison plus compliquée, il est aujourd’hui l’un des atouts majeurs de sa formation. "Je ne m’attendais pas forcément à ça, mais comme je crois beaucoup en Dieu, quand j’ai une situation difficile, je remets ça entre ses mains", précise-t-il. Tel ce ballon de basket qu’il caresse avec douceur et manie avec perfection, le Guadeloupéen rêve toujours de NBA. "Je veux atteindre le plus haut niveau que possible, mais pas en brûlant les étapes. Mais pourquoi pas aller en NBA, c’est Dieu qui décide