Les gardiens de la forêt
Paulino, comme son compagnon, Laércio, faisait partie d'un groupe nommé les "Gardiens de la forêt" formé par les Guajajara, tribu qui compte environ 14.000 personnes dans le Maranhao, pour défendre les territoires indigènes menacés par l'exploitation illégale du bois et l'expansion agricole. Ils transmettent notamment les données GPS de zones où sont retrouvés des troncs découpés et viennent en aide aux pompiers lors d'incendies de forêt. Selon les autorités régionales, un bûcheron est porté disparu. Il aurait été tué dans l'embuscade, selon des informations non officielles.Regardez cette vidéo de Brut :
Territoire d' Araboia
L'attaque est survenue vendredi soir sur le territoire indigène d'Arariboia en Amazonie, à quelque 500 km de Sao Luís, capitale de l'Etat de Maranhao, ont précisé les autorités. Selon l'ONG Survival International, Paulo Paulino Guajajara, connu également sous le nom de Kwahu Tenetehar, a été touché au cou par un coup de feu et est mort dans la forêt tandis que son compagnon Laércio (également connu sous le nom de Tainaky Tenetehar), touché par balle dans le dos, est parvenu à s'enfuir.
Réaction du gouvernement
Le ministre de la Justice brésilien, Sergio Moro, a affirmé que la police enquêtait sur l'assassinat. "Nous ferons tout pour amener devant la justice les responsables de ce crime grave", a-t-il tweeté. Une équipe de policiers se préparait à aller sur place, selon son cabinet.A Polícia federal irá apurar o assassinato do líder indígena Paulo Paulino Guajajara na terra indígena de Arariboia, no Maranhão. Não pouparemos esforços para levar os responsáveis por este crime grave à Justiça.https://t.co/UbckIZwP3s
— Sergio Moro (@SF_Moro) November 2, 2019
Des ONG en colère
Pour l'ONG Greenpeace, "Paulino et Laércio sont les dernières victimes d'un Etat qui se refuse à respecter ce que stipule la Constitution". Greenpeace dénonce "l'incapacité de l'Etat à accomplir son devoir de les protéger ainsi que tous les territoires indigènes du Brésil".Selon l'enquêtrice de Survival International, Sarah Shenker, qui s'était rendue en avril dans cette région, le travail des Guajajara est important pour protéger également d'autres indigènes de la zone comme les Awa, tribu isolée qui ne compte que quelques dizaines de membres.
"Le gouvernement brésilien doit accepter que protéger ces terres relève de sa responsabilité. Le fait qu'il ne le fasse pas, son absence là-bas, est la raison qui pousse les Gardiens à assumer cette défense, un travail très dur et dangereux", a déclaré Mme Shenker.
Trois autres Gardiens ont déjà été tués dans des attaques par le passé. Selon elle, Kwahu travaillait avec détermination malgré "des menaces de mort constantes".
Why's it taken Paulo Paulinho's death for the authorities to intervene? For years the Guardians have been defending the forest almost alone, against armed loggers who'd already killed 3 of them.
— Survival International (@Survival) November 3, 2019
✊https://t.co/0Y6JxvuQCo
✊ https://t.co/CbBFKhnAeV
https://t.co/laRYsQPjJN
Prophetic video from Tainaky, who's just been shot & wounded by loggers, and his friend Kwahu killed.
— Survival International (@Survival) November 2, 2019
This was recorded for @Survival's #TribalVoice project recently. https://t.co/7ymFuUfiuS
"They want to kill us all"....#StopBrazilsGenocide pic.twitter.com/QYskhswkgb
Le président brésilien d'extrême droite Jair Bolsonaro préconise l'exploitation commerciale des terres indigènes et des zones préservées. "Il est l'heure d'arrêter ce génocide institutionnalisé. Cessez d'autoriser de verser le sang de notre peuple"", a tweeté après l'annonce du meurtre Sonia Guajajara, coordinatrice de l'Association des peuples indigènes du Brésil (APIB).
Território Araribóia perde mais um Guardião da floresta por defender o nosso território.Paulinho Paulino Guajajajra foi morto hoje numa emboscada por madeireiro . É hora de dar um basta nesse genocídio institucionalizado !Parem de autorizar o derramamento de sangue de nosso povo! pic.twitter.com/iImB8wKWUH
— Sonia Guajajara (@GuajajaraSonia) November 2, 2019
Selon des chiffres du Congrès missionnaire indien (Cimi, association liée à l'Eglise catholique) cités par l'APIB, 160 intrusions de trafiquants de bois ou d'orpailleurs illégaux ont été recensées de janvier à septembre cette année, en hausse de 44% par rapport au total de l'année 2018.