Brésil : relance de la route transamazonienne et déforestation en perspective

Travaux de réparations sur la BR-319 en septembre 2007.
La déforestation de l'Amazonie risque de s'accélérer. Le président Jaïr Bolsonaro veut reconstruire la route transamazonienne lancée dans les années 70 puis laissée à l'abandon. Une décision qui pourrait avoir de graves conséquences écologiques, mais qui semble avoir l'aval de la population locale.
Percée sous la dictature dans les années 70, la route transamazonienne est en ruine. Elle est parsemée de nids de poule et n’est souvent qu’une simple piste. Difficilement carrossable, et seulement pendant la saison sèche. "S'il pleut, personne ne passe, ça se transforme en savon liquide", déplore Marcelo Cavalcante, leader du libéral Mouvement Brésil Libre, dans l’Etat d’Amazonas.
 

Une reconstruction annoncée et populaire

Le président brésilien, Jaïr Bolsonaro, veut reconstruire cette route d'ici 2021, dans un but de développement économique. La BR-319 relierait donc Porto Velho à Manaus dans l'Etat d'Amazonas. Dans la région, beaucoup soutiennent le projet comme Herivanio Seixas, maire d'Humaita, une ville de 55.000 habitants sur le trajet de la voie. Il escompte un boom agricole pour sa région. Les fermiers pourraient vendre leurs produits frais à Manaus, une agglomération de deux millions d’habitants distante de moins de 700km : "La BR-319 est la carte postale du développement de la ville et de la municipalité de Humaita, d'Amazonas et même du pays et du Monde. Sans la BR-319 nous sommes figés dans le temps", dit-il. Même son de cloche chez Cristovao Costa, un chauffeur routier :
 

"La route 319 représente tout pour moi aujourd'hui. C'est ainsi que je gagne ma vie, que je trouve l'argent pour payer l'école de mes enfants.


"C'est ma vie. Aller de l'avant ? Dans mes rêves c'est pouvoir conduire facilement avec moins de difficultés." Des sanglots dans la voix, il ajoute, conscient des problèmes écologiques que va provoquer la nouvelle route "Je suis désolé, mais c'est la réalité mec".
 
©la1ere
 

Une explosion de la déforestation en vue

Du coup, plutôt que de s'y opposer frontalement, les environnementalistes tentent de rendre le projet le plus écologique possible, tout en déplorant que l'histoire bégaie. Selon des scientifiques, jusqu'à présent, le manque de routes aurait relativement préservé la forêt dans l'Etat d'Amazonas. A l'inverse, la transamazonienne aurait un effet boule de neige. Routes secondaires et installations se multiplieraient. Le rythme des déboisements quintuplerait d'ici 2030. Plus de 151.000km2 de forêt disparaîtraient. Soit près du double de la surface de la Guyane...