Les RUP, régions ultrapériphériques de l’UE, ont leur représentation à Bruxelles afin d'influencer les décisions prises par l’Union Européenne. Un lobby parmi 12.000 autres dans la capitale belge. La 1ère est allée à la rencontre de cette association pour mieux comprendre son rôle.
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Comme beaucoup de représentations régionales, le bureau des RUP se situe dans le quartier européen de la capitale belge, à deux kilomètres environ du Parlement de l’UE. Deux chargées de mission y sont présentes en permanence : Cyrielle Cuirassier pour la Guadeloupe et Alice Colombo pour la Guyane. Régulièrement, une représentante de Saint-Martin, Rudya Lake, basée à Paris, les rejoint à Bruxelles.
Ici, chacun représente sa collectivité auprès des institutions européennes. "Mais bien sûr, pour défendre son intérêt, il faut travailler en collaboration avec d’autres territoires", résume Cyrielle Cuirassier, la représentante de la Région Guadeloupe. Les autres territoires, ce sont les régions ultrapériphériques (RUP) françaises mais aussi Madère, les Canaries et les Açores qui dépendent de l’Espagne et du Portugal. Les bureaux régionaux de ces territoires ont rendez-vous une fois par mois pour une réunion "à la fois technique et politique".
Elles sont donc en contact constant avec les législateurs pour s’assurer que les politiques mises en œuvre à Strasbourg ou Bruxelles n’aillent pas à l’encontre des intérêts des territoires d’Outre-mer : Guadeloupe, Martinique, Guyane, La Réunion, Mayotte, mais aussi les Açores, Les Canaries et Madère.
C’est aux assistants parlementaires des députés européens que les deux chargées de mission font leurs propositions de modifications. Elles doivent se montrer convaincantes, afin que que les députés européens aillent "négocier" ces amendements. "Notre rôle, c'est d’identifier les bonnes personnes aux bons endroits, d'entretenir un réseau pour pouvoir les mobiliser rapidement."
Sa collègue abonde dans son sens : "Nous ne sommes pas dans la série 'Scandale'… Il y a un peu de fantasme autour de tout ça!, sourit Cyrielle Cuirassier. On a une approche tout à fait légitime, qui est celle d’expliquer, de sensibiliser les fonctionnaires européens sur la réalité de la Région Guadeloupe parce que ce sont des fonctionnaires qui ne connaissent pas ce qu’est une île."
"Il n’y a pas de concurrence, on travaille tous pour les territoires d’Outre-mer", précise la chargée de mission de la Région Guadeloupe. Avec tout de même une différence majeure que précise sa collègue : l’ARUP "s’inscrit dans la voie institutionnelle, on est reconnus comme les interlocuteurs légitimes de la Commission européenne parce qu’on est la représentation des autorités régionales."
Fin 2018, les départements d’Outre-mer ont obtenu une victoire importante : l’autorisation par l’Union Européenne du renouvellement et la modernisation de leurs flottes de pêche artisanales et traditionnelles. Ce "combat de plus de 10 ans (…), c’est vraiment une avancée majeure pour nous !" Jusqu’ici, un texte européen l’interdisait, au nom de "l’exigence de ne pas octroyer des aides publiques qui pourraient conduire à la surpêche", une exigence très éloignée des réalités des territoires d’Outre-mer.
Plus récemment, le 11 avril 2019, s’est tenue la conférence finale du projet ORFISH. Mis en œuvre par Cyrielle Cuirassier, il a pour but de construire une plateforme d'échange des connaissances sur la pêche durable dans les régions ultramarines. La Guadeloupe est chef de file de ce projet.
Située à seulement 1h20 de Paris en train et à peine 30 minutes de Lille, la capitale belge n'a souvent été qu'une étape dans la vie des originaires des Outre-mer. Aussitôt les études terminées, ils regagnent l'Hexagone pour travailler. Mais de plus en plus d'Antillais, de Guyanais, de Réunionnais... y viennent désormais avec l'intention d'y passer quelques années de leur vie.
Beaucoup d’entre eux sont étudiants ou jeunes salariés et cherchent à renouer avec leurs racines. Dans la capitale de l’Union Européenne, ils parviennent à faire vivre une partie de leur culture. Ils côtoient les Ultramarins qui travaillent aux sein des institutions européennes, notamment la Commission et le Parlement, mais aussi au sein des lobbies qui défendent les intérêts des Outre-mer.
Pendant toute la semaine, ce sont ces aspects que nous vous proposons de découvrir grâce à une série de reportages que vous pouvez retrouver en cliquant ici. Et rendez-vous sur Facebook, Twitter et Instagram pour des bonus!
Ici, chacun représente sa collectivité auprès des institutions européennes. "Mais bien sûr, pour défendre son intérêt, il faut travailler en collaboration avec d’autres territoires", résume Cyrielle Cuirassier, la représentante de la Région Guadeloupe. Les autres territoires, ce sont les régions ultrapériphériques (RUP) françaises mais aussi Madère, les Canaries et les Açores qui dépendent de l’Espagne et du Portugal. Les bureaux régionaux de ces territoires ont rendez-vous une fois par mois pour une réunion "à la fois technique et politique".
C’est quoi, un lobby ?
Le Bureau des RUP à Bruxelles est une association (l’ARUP) qui a pour but de scruter et influencer toutes les politiques européennes qui peuvent avoir un intérêt pour les DOM : l’énergie, le transport maritime, l’emploi... "Toutes les politiques européennes d’intérêt pour les territoires (d’Outre-mer, ndlr) passent par notre bureau", explique Cyrielle Cuirassier. Sa collègue complète : "ma mission, c’est de représenter ma collectivité auprès des institutions européennes : la Commission, le Parlement, les Comités des Régions, la Représentation permanente de la France".Elles sont donc en contact constant avec les législateurs pour s’assurer que les politiques mises en œuvre à Strasbourg ou Bruxelles n’aillent pas à l’encontre des intérêts des territoires d’Outre-mer : Guadeloupe, Martinique, Guyane, La Réunion, Mayotte, mais aussi les Açores, Les Canaries et Madère.
Comment influencer les prises de décisions de l’Union Européenne ?
Le travail commence souvent par la Commission parce qu’elle "est à la base de toutes les législations européennes." Les textes sont scrutés par les chargées de mission. Un travail de suivi au quotidien pour éviter que les lois évoluent de façon négative pour leurs territoires. Et quand c’est le cas, "on va proposer des amendements, donc des modifications", résume Alice Colombo.C’est aux assistants parlementaires des députés européens que les deux chargées de mission font leurs propositions de modifications. Elles doivent se montrer convaincantes, afin que que les députés européens aillent "négocier" ces amendements. "Notre rôle, c'est d’identifier les bonnes personnes aux bons endroits, d'entretenir un réseau pour pouvoir les mobiliser rapidement."
Le lobbying, un métier comme un autre ?
Si à Bruxelles, le lobbying passe pour "quelque chose de normal" selon Alice Colombo, il a parfois mauvaise presse ailleurs dans l’UE. "Le lobbying, c’est pas un gros mot, comme on pense souvent". La représentante de la Guyane, âgée de 26 ans, défend le travail du bureau des RUP : "c’est du soft lobbying, on n’a pas de dessous de table, on ne paie pas les gens pour qu’ils prennent les décisions dans notre sens."Sa collègue abonde dans son sens : "Nous ne sommes pas dans la série 'Scandale'… Il y a un peu de fantasme autour de tout ça!, sourit Cyrielle Cuirassier. On a une approche tout à fait légitime, qui est celle d’expliquer, de sensibiliser les fonctionnaires européens sur la réalité de la Région Guadeloupe parce que ce sont des fonctionnaires qui ne connaissent pas ce qu’est une île."
Lobbies institutionnels et privés, même combat ?
"Nous ne sommes pas du secteur privé, nous représentons l’intérêt général", insiste Cyrielle Cuirassier. Les deux chargées de mission tiennent à pointer la différence entre le lobbying institutionnel, comme elle le pratique à Bruxelles, et les lobbies privés. Ces derniers peuvent, eux aussi, représenter les Outre-mer – c’est le cas d’Eurodom, par exemple - mais ils sont mobilisés pour défendre les intérêts de leurs "clients" comme les chambres d’agriculture, des PME…"Il n’y a pas de concurrence, on travaille tous pour les territoires d’Outre-mer", précise la chargée de mission de la Région Guadeloupe. Avec tout de même une différence majeure que précise sa collègue : l’ARUP "s’inscrit dans la voie institutionnelle, on est reconnus comme les interlocuteurs légitimes de la Commission européenne parce qu’on est la représentation des autorités régionales."
Un exemple de succès pour les DOM ?
Les territoires d’Outre-mer ont gagné en visibilité auprès de l’Union Européenne, depuis la création du Bureau des RUP en 2013, aidé par les autres lobbies concentrés, eux aussi, sur ces territoires. "Les gens savent qu’on existe, savent qu’on est là", explique Alice Colombo, avant de modérer : "Ça arrive qu’on doive rappeler qu’on fait partie de l’Union Européenne (…) de croiser des personnes qui ne savent même pas qu’il y a l’euro en Guyane."Fin 2018, les départements d’Outre-mer ont obtenu une victoire importante : l’autorisation par l’Union Européenne du renouvellement et la modernisation de leurs flottes de pêche artisanales et traditionnelles. Ce "combat de plus de 10 ans (…), c’est vraiment une avancée majeure pour nous !" Jusqu’ici, un texte européen l’interdisait, au nom de "l’exigence de ne pas octroyer des aides publiques qui pourraient conduire à la surpêche", une exigence très éloignée des réalités des territoires d’Outre-mer.
Plus récemment, le 11 avril 2019, s’est tenue la conférence finale du projet ORFISH. Mis en œuvre par Cyrielle Cuirassier, il a pour but de construire une plateforme d'échange des connaissances sur la pêche durable dans les régions ultramarines. La Guadeloupe est chef de file de ce projet.
La 1ère à Bruxelles
À quelques semaines des élections européennes, La1ere.fr a posé ses valises à Bruxelles, à la rencontre des Ultramarins qui y résident. D'abord peu nombreux, leur nombre croit au fil des ans et des initiatives se mettent en place.Située à seulement 1h20 de Paris en train et à peine 30 minutes de Lille, la capitale belge n'a souvent été qu'une étape dans la vie des originaires des Outre-mer. Aussitôt les études terminées, ils regagnent l'Hexagone pour travailler. Mais de plus en plus d'Antillais, de Guyanais, de Réunionnais... y viennent désormais avec l'intention d'y passer quelques années de leur vie.
Beaucoup d’entre eux sont étudiants ou jeunes salariés et cherchent à renouer avec leurs racines. Dans la capitale de l’Union Européenne, ils parviennent à faire vivre une partie de leur culture. Ils côtoient les Ultramarins qui travaillent aux sein des institutions européennes, notamment la Commission et le Parlement, mais aussi au sein des lobbies qui défendent les intérêts des Outre-mer.
Pendant toute la semaine, ce sont ces aspects que nous vous proposons de découvrir grâce à une série de reportages que vous pouvez retrouver en cliquant ici. Et rendez-vous sur Facebook, Twitter et Instagram pour des bonus!