Le budget du ministère des Outre-mer devait s'élever à 2,8 milliards d'euros pour l'année 2024. Mais c'était sans compter la baisse de 10 milliards d'euros annoncée par le ministre de l'Économie Bruno Le Maire le 18 février, lui qui s'attend à une croissance française beaucoup plus faible qu'anticipée. Comme tous les autres ministères, celui des Outre-mer a donc été mis à contribution, et a baissé de 78,8 millions d'euros.
Sauf que cette baisse fait grincer des dents les représentants des territoires ultramarins, où les difficultés socio-économiques s'accumulent. "Vie chère, taux de chômage trois fois supérieur à celui de l'Hexagone, manque de logements sociaux (...), un tiers de la population sous le seuil de pauvreté en Guadeloupe, les trois quarts à Mayotte...", a listé le député de la Guadeloupe Max Mathiasin (Libertés, indépendants, Outre-mer et territoires, LIOT) à l'Assemblée nationale mercredi 6 mars. "La réalité est que vous accentuez le sous-financement chronique [des territoires d'Outre-mer], face à une situation économique et sociale sans appel", a-t-il lancé au gouvernement.
Priorité pour le logement et la continuité territoriale
En réponse, la ministre chargée des Outre-mer, Marie Guévenoux, a tenu coûte que coûte à défendre son budget, qui reste en hausse comparé à 2023 : "Monsieur le député Mathiasin, j'aurais préféré que, dans le cadre de votre question, vous notiez la hausse budgétaire du ministère des Outre-mer, qui est une hausse sans précédent : 3,1 milliards d'euros [d'autorisations d'engagement, 2,7 milliards de crédits de paiement, NDLR], c'est-à-dire une augmentation de 380 millions d'euros", a-t-elle répliqué.
Manqueront tout de même près de 79 millions d'euros, alors que le ministère des Outre-mer finance de nombreux programmes pour la mobilité, le logement ou encore l'emploi. L'impact ne sera pas préjudiciable pour les Ultramarins, veut rassurer Marie Guévenoux. "Les priorités du CIOM [Comité interministériel des Outre-mer du 18 juillet 2023, NDLR] seront préservées", a assuré la ministre déléguée.
"Dans le cadre du budget, je me suis fixée deux priorités. La première : le logement, avec la sanctuarisation du budget de 291 millions d'euros. C'est (...) une hausse de 50 millions d'euros par rapport à l'année 2023. (...) Ensuite, la deuxième priorité (...), c'est celle de la continuité territoriale qui progresse de 22 millions d'euros", a exposé Marie Guévenoux face aux députés.
Contactés, ni le ministère de l'Économie, ni celui de l'Intérieur, et ni celui des Outre-mer n'ont apporté de précisions sur les postes de dépenses qui ont été révisés à la baisse concernant l'action de l'État dans les territoires ultramarins.
Lors d'une audition à l'Assemblée nationale mercredi, le ministre des Comptes publics Thomas Cazenave a par ailleurs d'ores et déjà prévenu que les économies sur le budget de l'État seront encore plus drastiques l'année prochaine : elles devront atteindre "au moins 20 milliards d'euros", a-t-il prévenu.